- Ligue 2
- J35
- Red Star-Metz (1-2)
FC Metz, ascenseur rationnel
Après sa victoire sur la pelouse du Red Star (1-2), le FC Metz a validé ce vendredi sa montée en Ligue 1 à trois journées de la quille et moins d’un an après sa dernière relégation. Fidèle à sa réputation d’adepte de l’ascenseur, le club lorrain a cette fois acquis ce succès sans entraîneur principal assis sur son banc, ni grandes ambitions dans le jeu. Suffisant pour cette Ligue 2, mais qu'en sera-t-il à l'étage du dessus ?
Quel achat faire quand le L de la Ligue 2 nous boudine et que l’on flotte dans le XL de la Ligue 1 ? Que faire quand on sait qu’avec un simple menu entrée-plat, son ventre gargouillera dès 16 heures, mais qu’il est impossible de venir à bout du moelleux au chocolat compris dans la formule complète ? La vie quotidienne des Grenats doit être tellement difficile, tant elle se résume à un entre-deux permanent. 355 jours après s’être fait congédier de Ligue 1 après une saison calamiteuse, ils sont aujourd’hui assurés de pouvoir y retenter leur chance dès la saison prochaine, après avoir roulé sur l’antichambre de l’élite. Une place de leader occupée depuis la deuxième journée, onze points d’avance sur Troyes, troisième et barragiste, sept sur le dauphin brestois, 22 victoires et neuf nuls pour quatre petites défaites : ou comment faire d’une saison au purgatoire une petite promenade de santé, pour des Lorrains habitués à l’exercice de l’ascenseur. En effet, depuis le début des années 2000, le FC Metz a fait cinq allers-retours entre la première et la seconde division. La routine quoi.
Gros biscotos, mais petits bras
Ainsi, il ne devrait pas y avoir d’effusions de joie démesurées ce vendredi soir dans les rues de la capitale mosellane. Non pas que les supporters messins s’interdisent de faire la fête, mais plutôt parce que ce triomphe ne pousse pas à la frime. Et ce pour plusieurs raisons. Le FC Metz a présenté durant toute la saison un visage si pragmatique, rigoureux et froidement réaliste qu’il est difficile de s’enthousiasmer pour lui. Un indicateur : la moitié de ses victoires ont été acquises par un seul petit but d’écart. C’est peu dire que le jeu déployé par les Lorrains n’a pas été des plus chatoyants. Un reproche qui peut se tenir en une explication : l’absence de Frédéric Antonetti depuis le mois de décembre. Alors que Bernard Serin lui avait confié cet été la mission de faire remonter son club, le technicien corse a été rappelé en urgence sur son île natale pour prendre soin de sa femme, gravement malade.
Depuis, c’est son adjoint Vincent Hognon — épaulé par Jean-Marie De Zerbi, l’acolyte de toujours de Fred Antonetti —, qui pilote le vaisseau grenat. Le boulot est fait et plutôt bien fait, mais l’ancien de l’ASNL est coincé entre la volonté de respecter le travail entamé par le Corse et l’obligation de s’adapter aux événements. La chance de Hognon est d’avoir pu compter sur un groupe suffisamment charpenté pour tenir la route. La charnière Sunzu-Boye a verrouillé la ligne arrière, Thomas Delaine a été une bonne pioche dans son couloir gauche, le capitaine Renaud Cohade a bien tenu son rôle, Marvin Gakpa a fini par prendre de l’épaisseur au fil des matchs, Farid Boulaya (7 buts, 6 passes décisives) et Ibrahima Niane (10 buts, 1 passe dé) ont été de formidables lieutenants d’attaque d’un Habib Diallo en feu (23 buts et 6 passes dé). Et si la créativité n’a pas été le maître mot de cette équipe, il faut lui reconnaître une vraie cohérence.
Prédateur de Ligue 2, proie de Ligue 1
Autre coup de pouce du destin : la faiblesse de la concurrence. Même dans les rares moments de flottement du leader, rares sont ceux qui ont pu instiller le doute dans les têtes mosellanes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la lutte est plus âpre pour les places de barragistes, avec sept équipes encore en course, que dans la baston pour la montée directe. De quoi se demander à quoi sert un rouleau-compresseur sur un terrain déjà aplani ? Le ticket pour la Ligue 1 est donc dans la poche, mais les questions autour du niveau réel de cette équipe restent présentes. Car dès le mois d’août, les ingrédients mis jusqu’ici sur le terrain ne seront certainement pas suffisants. La grande majorité de l’effectif devrait prolonger son aventure sur l’île de Saint-Symphorien, mais il faudra sérieusement se renforcer pour ne pas être à nouveau le souffre-douleur de l’élite. Et éviter enfin que les gueules de bois soient souvent plus longues que les moments de fête.
Par Mathieu Rollinger