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Xavi, l’art de la toupie

Par Jérémie Baron
4 minutes

Trois mois que Xavi nous faisait croire qu’il était en tournée d’adieu sur le banc du Barça. Et finalement, alors que le club catalan est en train de signer une horrible fin de saison, la légende blaugrana a changé d’avis. Surprenant, voire inquiétant.

Xavi, l’art de la toupie

La scène a eu lieu il y a trois mois, quasiment tout pile. « C’est une décision que j’ai prise il y a plusieurs jours, démarrait Xavi en conférence de presse, après s’être fait rouler dessus par Villarreal dans un match de fêlés (3-5). Aujourd’hui, c’est le bon moment de l’annoncer. Je ne veux pas être un problème, je veux être une solution pour le Barça. C’est ce que j’ai été il y a deux ans. Mais désormais, l’équipe a besoin d’un changement de dynamique. La situation doit être plus tranquille. Avec l’annonce de mon départ, le vestiaire, le staff et le club seront plus sereins. Il reste quatre mois avant mon départ. Je donnerai tout pour tenter de remporter la Liga. Nous pouvons encore y parvenir. Mais ma décision est prise et elle ne changera pas. » Le temps lui a plutôt donné raison : la semaine dernière, en l’espace de cinq jours, son Barça a été éjecté de la Ligue des champions, en se prosternant devant le PSG d’Ousmane Dembélé (défaite 4-1 à Montjuïc), et a sans nul doute dit adieu au titre en Liga, en subissant encore une fois la loi de Jude Bellingham et du Real Madrid (revers 3-2 à Bernabéu).

Changer de Xavi

On se dirigeait donc vers une sortie par la petite porte pour la Maquina, après plus de deux ans et demi à la tête du club de sa vie. Mais alors qu’il était jusqu’ici resté droit dans ses santiags après sa décla de janvier, l’ancien milieu de poche a tourné sur lui-même pour prendre tout le monde à contre-pied, comme il savait si bien le faire en crampons : mercredi à l’issue d’une entrevue avec son président Joan Laporta, il a finalement décidé d’honorer son contrat au Més que jusqu’au bout, soit juin 2025. « Il a détecté un espoir de la part des socios pendant les quarts de finale de la Ligue des champions et il a voulu continuer, confie le vice-président Rafa Yuste auprès du Mundo Deportivo. […] Xavi nous a montré son engagement. […] Nous avons parlé du club et de l’envie que nous avons de refaire l’histoire, et nous le ferons. Je suis convaincu qu’il fera du bon travail, je suis très heureux pour lui parce que c’est un grand Culé. […] En novembre, nous reviendrons au Camp Nou. Je suis ravi que Xavi puisse être là au retour du nouveau Camp Nou. »

Il a détecté un espoir de la part des socios pendant les quarts de finale de la Ligue des champions et il a voulu continuer.

Rafa Yuste, vice-président du Barça

Ironiquement, les premiers heureux de cette nouvelle sont peut-être les aficionados du Real, qui scandaient des « ¡ Xavi quedate ! » (Xavi, reste !) dimanche en toute fin de Clásico. On pourrait presque dire que c’est légitime : depuis un an, le technicien catalan et ses hommes ont perdu leurs quatre confrontations face au rival, que ce soit en Coupe du Roi, Supercopa ou championnat, encaissant même deux fois un score à quatre pions ; en voyant Xavi rester en poste, les Madridistas rêvent ainsi de voir la série perdurer. Cela illustre aussi le contexte dans lequel le champion du monde 2010 poursuit l’aventure : éliminé de toutes les coupes, largué en Liga, son Barça file vers une saison blanche. Et les maigres lignes ajoutées au palmarès du club en trois saisons (un titre de champion d’Espagne et une Supercoupe, en 2023) ne sauront faire oublier des performances qui, dans le fond, ont rarement convaincu.

Dans un club comme le Barça, une élimination en quarts de C1 (avec une perte de nerfs, une expulsion à l’heure de jeu et un sérieux chouinage contre l’arbitrage, au retour) et une énième humiliation face au Real, pour sceller un exercice sans aucun trophée soulevé, entraînent souvent une froide poignée de main entre l’entraîneur et les dirigeants, et une fin de collaboration. Mais pas quand on s’appelle Xavi. En attendant, difficile d’y voir une bonne idée, pour une partie comme pour l’autre, au vu de la crispation dans laquelle est enfermée cette équipe actuellement, et de la pression que les épaules du tacticien devront supporter en 2024-2025. Ainsi, Xavi devra lui-même s’occuper du « changement de dynamique » escompté. Peut-être simplement qu’Antoine Kombouaré n’était pas disponible.

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