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FC Astana, kazakh rouge

Par Eric Carpentier
FC Astana, kazakh rouge


Le FC Astana découvre ce soir l'hymne de la Ligue des champions, une belle performance pour un club dont la structure actuelle remonte à 2009. Le fait d'être le club de l'autoritaire président du Kazakhstan Nursultan Nazarbaïev aurait-il simplifié les choses ?

27 août 2015. Lucas Podolski résume parfaitement le sentiment de l’amateur de foot moyen apprenant que le FC Astana va jouer la phase de groupes de la Ligue des champions : tombé dans le même groupe que son Galatasaray, l’attaquant sort un tweet ingénu exprimant son impatience assorti d’une photo de… Borat. Voilà l’image du Kazakhstan que retient l’international allemand. Soit la raison même de la volonté de la capitale kazakhe de jouer la plus grande compétition européenne. Le Kazakhstan ne veut plus être cantonné à l’humour potache, ni être relégué à la marge sportive. Les 6 000 km parcourus par le tout jeune FC Astana pour affronter le Benfica, ce soir à l’Estádio da Luz de Lisbonne, constituent un premier pas. Il ne faudrait pas que ce soit le dernier.

Club artificiel, pelouse synthétique

Le FC Astana, Астана футбол клубы en VO, est un modèle de construction artificielle. C’est d’abord le club d’une capitale qui n’existait pas il y a 20 ans : Astana est une bourgade entourée de steppes jusqu’en 1997, quand Nursultan Nazarbaïev décide d’en faire la capitale de la République du Kazakhstan aux dépens d’Almaty et son million d’habitants. C’est ensuite un club dont la création remonte à 2000, le stade à 2009, le nom actuel à 2011 – bien loin des 61 ans d’histoire du Kairat Almaty que les Bordelais ont découverts cet été. C’est enfin un club dont le logo, les couleurs et les propriétaires ont varié au gré de la volonté d’État. Alors, suivant la lettre de Montesquieu – la volonté du souverain est le souverain lui-même –, le FC Astana est rapidement devenu le patron.

Le décollage a lieu en 2009 quand le FC Alma-Ata, ex-Cesna Almaty, change une troisième fois de nom en neuf ans pour devenir le Lokomotiv Astana. Et toute la différence réside dans ce nom : la compagnie ferroviaire nationale, la Kazakhstan Temir Zholy, devient le sponsor du club. Le premier étage de la fusée est largué, la mise en orbite prochaine. Elle intervient moins de quatre ans plus tard, lorsque le club de la capitale, entre-temps devenu FC Astana en 2011, intègre le Club de sport présidentiel d’Astana. Alors le club peut changer de dimension. Fraîchement doté de l’Astana Arena, stade ultra-moderne de 30 000 places avec pelouse synthétique et toit rétractable, le FC Astana est prêt à s’envoler pour l’Europe. En 2014, le FC Astana bute sur l’Hapoël Tel-Aviv en qualifications de Ligue des champions ; en 2015, le FC Astana se venge sur l’APOEL Nicosie grâce au Serbe Nemanja Maksimović, le gamin qui a fait tomber le Brésil cet été en finale de Coupe du monde U20, et se qualifie pour la première fois de son histoire pour la Ligue des champions. Pour la première fois de l’histoire d’un club kazakh, tout simplement.

Le club du turfu

Le travail paie, et l’argent travaille. En intégrant le Club de sport présidentiel d’Astana, le FC Astana est entré dans un club multi-sports détenu par le fonds souverain Samruk-Kazyna. Un fonds créé par décret présidentiel qui regroupe, outre la SNCF locale, la poste, l’entreprise publique de pétrole et de gaz KazMuanyGaz, l’entreprise publique d’uranium Kazatomprom, Air Astana, et diverses autres babioles chiffrant un total estimé à 66,5 milliards d’euros. De quoi s’acheter quelques jouets, comme l’Astana Arena payée rubis sur l’ongle par le fonds souverain (185 millions d’euros) ou une équipe estimée à 14,5 millions d’euros. Peu a priori, mais pas mal pour un groupe affichant une moyenne d’âge de moins de 25 ans, dont la star se nomme Branko Ilič du haut de ses 55 sélections en équipe nationale slovène. Et suffisant pour dominer les 12 clubs de la Kazakhstan Premier League.

L’objectif du fonds souverain détenant le club est, au minimum, continental. Pas tant sur le plan sportif stricto sensu, encore que Nazarbaïev pourrait tout à fait avoir la mégalomanie de croire possible une victoire finale à moyen terme, que sur celui de l’image. Après la qualification face à l’APOEL, il ne fait pas semblant de s’intéresser au terrain : « Astana va maintenant pouvoir affronter des marques mondiales. » Il le fait déjà avec l’Astana Pro Team en cyclisme ou l’Astana Dakar Team en rallye, toutes les deux membres du club présidentiel. Ou encore avec le club de boxe, et ceux de hockey, de basket ou de water-polo. C’est ce qui compte dans l’esprit de Nursultan Nazarbaïev : briller. Un détour par la capitale kazakhe, ses avenues immenses et ses immeubles futuristes mais vides d’habitants, confirmera cet attrait pour le clinquant aux visiteurs venus de Lisbonne, Istanbul ou Madrid.

Dictat d’or et Kanye West

C’est que le dirigeant a quelques casseroles à planquer sous le tapis. Premier ministre de la République socialiste soviétique kazakhe en 1984, chef du parti communiste en 1989, mis à la tête du Kazakhstan par le Soviet suprême en 1991, il n’a pas cessé depuis de squatter le trône. Celui d’une démocratie, cela va de soi : lors de l’élection présidentielle de 2005, son principal opposant est retrouvé « suicidé » de deux balles dans la poitrine et une balle dans la tête ; plus récemment, en avril dernier, il est réélu à la tête du pays pour la cinquième fois avec 97,8 % des voix. Rayon récompenses encore, l’Observatoire géopolitique des criminalités et l’association Sherpa lui décernent le Dictat d’or désignant le dictateur ayant le mieux pillé les richesses de son pays à son profit, par ailleurs 140e sur 177 en matière de corruption d’après Transparency International en 2013. De quoi s’offrir des menus plaisirs.

Nursultan Nazarbaïev étant de bon goût, il se paie un Kanye West en concert privé en 2013. Montant de la location : 3 millions d’euros. Il sait aussi se montrer généreux envers son club de foot qui doit montrer le Kazakhstan comme une « nation de vainqueurs » . En 2009, à l’occasion de l’inauguration de l’Astana Arena, qualifiée de « plus belle enceinte d’Europe » par Michel Platini, Kaladze, Shevchenko ou Hakan Şükür participent au match entre le FC Astana et les U21 kazakhs, le tout sous le sifflet de l’intemporel Pierluigi Collina. Puis ce sera au tour d’Oliver Kahn et Luís Figo de venir célébrer l’officialisation de la présence du club dans le giron présidentiel. De belles pointures. Il serait quand même bon de songer à de véritables transformations pour faire autre chose que le pantin.

Dans cet article :
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