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Favre la rage
Prolongé en juin dernier, Lucien Favre est plus que jamais sur la sellette après un début de saison mitigé. Avant d'affronter le Barça ce mercredi soir, le Suisse de 62 ans n'aurait plus que deux matchs pour sauver sa tête, et décoller temporairement l'étiquette d'un entraîneur allergique au succès.
La saison dernière, alors qu’elle avait compté jusqu’à neuf points d’avance sur le Bayern Munich, l’équipe de Lucien Favre, le Borussia Dortmund, avait laissé échapper la Bundesliga. Des rumeurs avaient alors fait état d’une potentielle éviction de l’entraîneur suisse, mais ses dirigeants l’avaient finalement prolongé avant de renforcer son effectif durant l’été. Six mois plus tard, après une cinglante défaite contre le Bayern Munich d’Hans-Dieter Flick (0-4), et un décevant match nul contre la lanterne rouge Paderborn ce week-end (3-3 après avoir été mené 0-3), la presse allemande ne lui fait plus aucun cadeau. Pour Kicker, « il lui manque les moyens verbaux et émotionnels pour titiller l’équipe, pour la pousser ou même pour la mettre en colère. » Pourtant, avant d’affronter le Barça ce mercredi soir, Lucien Favre va devoir bouger ses troupes s’il ne veut pas que sa seconde saison soit à nouveau celle de trop.
Kehl erreur
« Nous devons nous interroger. Nous nous entretenons régulièrement en interne sur différents sujets et naturellement nous discutons aussi parfois de l’entraîneur . » La bombe a été lâchée par Sebastian Kehl après le nul contre Paderborn (3-3). Mais le manager du groupe pro a la mémoire courte. Car la saison dernière, cela faisait sept ans que le BvB n’avait plus lutté pour le titre jusqu’à la 34e journée. Triple champion d’Allemagne avec les Schwarz-Gelben (2001, 2002, 2012), Kehl oublie que l’équipe de Lucien Favre, sixième au classement, ne compte que cinq points de retard sur l’actuel leader de Bundesliga : le Borussia Mönchengladbach.
Il oublie également qu’avant son déplacement en Catalogne ce mercredi, le BvB est deuxième de son groupe avec trois points d’avance sur l’Inter, et un de retard sur le Barça. Enfin, il oublie qu’au match aller, les joueurs de Favre auraient dû plier ceux d’Ernesto Valverde si Marco Reus n’avait pas manqué son penalty. Pas si mal pour une équipe qui, avant l’arrivée de Favre, n’avait glané que deux points dans un groupe composé du Real, Tottenham et l’APOEL Nicosie.
Incapable de passer la seconde ?
Après le match de trop contre Paderborn, Matt Hummels est venu au secours de son coach : « C’est nous qui faisons les erreurs sur la pelouse. Je veux dire très clairement que ça n’a rien à voir avec l’entraîneur lorsque nous rendons la balle à l’adversaire sans aucune pression. » Pas suffisant pour éviter les rumeurs d’un départ de Favre, qui n’aurait plus que deux matchs pour sauver sa tête. Il faut dire que le recrutement estival devait permettre aux Schwarz-Gelben de passer un cap. Mais c’était oublier que Thorgan Hazard, Nico Schulz et Julian Brandt n’avaient jamais évolué à un tel niveau avant leur arrivée. Trop souvent défaitiste face à l’hégémonie du Bayern Munich, Favre n’aurait pas les épaules suffisamment larges pour driver une équipe d’un tel standing.
Et pour cause, il a réussi à faire flamber des équipes de seconde zone comme le Hertha Berlin et le Borussia Mönchengladbach, qu’il a emmenées à la quatrième place de Bundesliga. Même constat avec l’OGC Nice, qu’il avait hissé sur le podium de Ligue 1, une première depuis 40 ans. Problème, avec une décevante huitième place, sa seconde saison avait été un échec et il était parti au BvB avec la ferme intention de détrôner le Bayern. Mais près d’un an et demi après son arrivée, Favre pourrait donner raison à Bild, qui le considère frileux et « prisonnier de lui-même. » C’est officiel, Lucien n’a pas le temps.
Par Maxime Renaudet