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Faut-il souffrir pour être belles ?

Par Julien Duez et Mathieu Rollinger, à Rennes
4 minutes
Faut-il souffrir pour être belles ?

Invaincues et avec neuf points sur neuf possibles, les Bleues sortent de leur groupe avec les poches pleines. Pourtant, il reste tout un paquet de questions dans le coffre que Corinne Diacre et ses joueuses ne sont pas pressées de déballer. À moins que ce soit pour sortir le grand jeu pour les rendez-vous qui comptent, à commencer par le huitième de finale dimanche au Havre.

Il se dit qu’ « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » . Cette maxime, signée Pierre Corneille, serait-elle finalement une devise nationale ? Comme souvent, lorsqu’elle se retrouve en difficulté et qu’elle arrive à s’en sortir tant bien que mal, une formation tricolore ressert sur un plateau d’argent cette citation fourre-tout, comme un générique que l’on goberait aveuglément pour mieux faire passer la pilule. En 2018, les Bleus de Didier Deschamps ont ouvert la voie en montrant que les plus beaux succès peuvent se bâtir sur des débuts laborieux. Un an plus tard, après avoir validé dans la douleur la première place du groupe face à un Nigeria mastoc, les Bleues de Corinne Diacre suivent le même chemin. « On avait un objectif, remporter trois matchs, c’est chose faite, dans la difficulté, bétonnait la sélectionneuse au micro de TF1. C’est aussi comme ça qu’on se construit. Ce n’est pas le moment de chercher ce qui ne va pas. Trois matchs, trois victoires, on va maintenant pouvoir passer à autre chose. » Pourtant, quand on sera face à cette « autre chose » , il faudra en montrer d’autres, des choses.

Bouffer le réalisme par la racine

Car face aux Super Falcons, les Bleues se sont embourbées dans des phases de possession interminables (69%), trop rarement ponctuées par des tirs cadrés (4 sur 22 tentatives) et bien souvent engoncées dans des combinaisons répétitives et stéréotypées. Ici, Majri qui cherche à s’appuyer sur Viviane Asseyi, pour chercher la couette de Valérie Gauvin d’un centre brossé. Là, Charlotte Bilbault et Amandine Henry qui n’arrivent pas à appuyer dans l’axe, usent et abusent des passes en cloche ou latérales. Ou encore la paire Mbock-Renard qui cherche à faire remonter méticuleusement le bloc bleu sans pour autant réussir à trouver la faille par leur jeu long. Et finalement, hormis quelques étincelles des ailières, la France n’est jamais aussi dangereuse que sur les coups de pied arrêtés d’Amel Majri et Gaëtane Thiney. Dommage que ce soit leur seule arme, au regard de ce premier tour.

Dès la sortie du terrain, les actrices s’évertuaient à balayer les premières critiques d’un revers de la main. Non, pour grimper sur le toit du monde, il n’est pas indiqué qu’il faut gagner chacun de ses matchs 4-0, comme lors de l’ouverture réussie contre la Corée du Sud. « Vous vouliez quoi ? Neuf points et la première place ? On l’a eue, non ? » s’agaçait Gaëtane Thiney avec une pointe d’ironie après la rencontre. « Les Américaines, quand elles gagnent 13-0, personne n’y trouve rien à y redire, si ce n’est leurs célébrations. » Sauf que le Nigeria a été terrassé sur le score fleuve de 1-0, grâce à un penalty raté, puis retiré, puis célébré en grande pompe par Wendie Renard. Comme une manière d’extérioriser la frustration de n’avoir réussi à faire la différence dans le jeu. « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse » , voilà une autre maxime – signée Alfred de Musset, cette fois-ci – qui pourrait aussi résumer cette première partie de Mondial à la maison. Place à la suite.

Osons le positivisme

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Finalement, le vrai frisson de ce premier tour aura été l’impossibilité de prédire le déroulement de chacune des rencontres disputées par les Bleues. De la gifle infligée à la Corée (4-0) à la victoire sans saveur contre le Nigeria (0-1), en passant par la leçon de courage servie face à la Norvège (2-1), les supporters des femmes de Corinne Diacre ont fait connaissance avec une équipe que beaucoup ne connaissaient pas encore il y a quelques semaines. Et c’est justement cette imprévisibilité qui la rend frissonnante. Parce qu’on l’a placée – à juste titre – dans le panier des favorites pour le sacre ultime. Parce que le groupe des 23 construit patiemment par la sélectionneuse propose une « complémentarité générationnelle » (encore du Thiney dans le texte) où l’expérience internationale des anciennes s’allie parfaitement avec la fougue des jeunes qui vivent un rêve éveillé.

Reste qu’il faut désormais répondre à l’injonction formulée par Wendie Renard après ce dernier match : « Une autre compétition commence, il va falloir être plus costaudes et plus tueuses. » En conférence d’après-match, Corinne Diacre a refusé tout défaitisme et maintient son cap vers le progrès permanent, soulignant les points de détail à améliorer avant la prochaine échéance. Le Brésil, l’Australie ou l’Italie pourraient être les prochaines équipes à se présenter sur le carnet de route, et il faudra pleinement se libérer d’un poids pour mieux se lester de certitudes. Tout en sachant qu’une victoire 1-0 bien ficelée en huitième satisfera tout le monde.

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