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Fat Supper : « Le foot n’est pas très bien vu dans la musique indé »
Tout fan de foot anglais et Rennais d'adoption qu'il est, tailler le bout de gras avec Pierre, le batteur des Fat Supper, c'est un peu comme longer la Loire du football amateur en compagnie de ses souvenirs de gosse. En faisant un petit détour par Caen, chez Daniel Jeandupeux et Xavier Gravelaine.
Avec Fat Supper, vous êtes de Rennes. T’es supporter du Stade rennais, je suppose ?À l’origine, je suis des Deux-Sèvres. Donc on va dire supporter du Stade rennais, oui, mais de loin. Disons que si je devais choisir des clubs à supporter, ce serait plus Arsenal ou Liverpool. J’aime bien regarder des bons matchs, j’aime bien le beau jeu, donc je regarde pas mal le championnat anglais. Mais bon, l’équipe française que je supporte, forcément, c’est ma ville, donc c’est le Stade rennais. Après, faut quand même reconnaître que c’est pas la joie à Rennes. C’est pas une équipe qui a de grandes envies, au vu du budget, des objectifs. Ça joue toujours un peu l’Europe, mais pas vraiment le haut du classement. Il y a un manque d’engagement des dirigeants. Un manque d’engagement des joueurs, aussi. Ça s’est vérifié notamment avec l’affaire Alessandrini. C’est quand même le meilleur joueur de l’équipe et je peux te dire qu’à Rennes, on l’a mauvaise.
Plus championnat anglais, donc.Ouais, j’apprécie plus. C’est un jeu que j’aime, plus bourrin, avec plus d’actions de jeu. Il se passe plus de choses, quoi.
Mais fan d’Arsenal, qui a sans doute l’un des jeux les plus « latins » de Premier League. C’est vrai. Mais j’aime justement le fait qu’ils se dégagent des autres équipes en pratiquant ce beau jeu dans un championnat comme le championnat anglais. Et puis bon, j’aime bien le coach, Arsène Wenger. Les recrutements qu’il fait sont assez intelligents, même si, cette année, il a eu chaud aux fesses. Et Arsenal, c’est aussi la grosse époque des Frenchies avec Pirès, Henry, Wiltord, etc. Après, je ne suis pas le plus grand fan de foot. J’ai surtout grandi dans une famille qui est très sport. Mon père, Pierre-Yves Marolleau, était commentateur sportif et pigiste pour Le Courrier de l’Ouest et La Nouvelle République. Il avait même son émission de foot : tous les dimanches matins, il faisait le Téléfoot local à la radio, pour commenter les résultats des clubs locaux qui évoluaient à un niveau départemental, voire, au mieux, régional. Donc j’ai toujours gardé un pied dans le foot. Je suis pas mal en tournée, mais dès que je suis chez moi le dimanche matin, je regarde Téléfoot ou, le soir, le Canal Football Club. Même si le foot est pas très bien vu dans la musique indé. Notamment les milliardaires du championnat français qui débarquent et s’achètent des joueurs comme nous on s’achèterait une caisse claire ou un ampli de basse. C’est un milieu flippant, mais amusant.
C’est quoi ton plus beau souvenir avec ton père sur les routes de campagne ?Il allait commenter des matchs au COC Cerizay, une ville des Deux-Sèvres. Donc les samedis soirs, je montais dans la cabine avec lui. J’avais entre cinq et dix ans. Il commentait pas le match en direct, mais il annonçait les changements. « Donc c’est Laurent Chaillou qui remplace Pierre-Michel Bonnissay ! » Et moi, je matais le match en bouffant mon Mars ou mon Lion. Mon père a joué un temps en Division 3 parce que Cerizay a eu un moment faste vers les années 74/75. C’était un bon joueur de foot. Il a même écrit un bouquin, Coup Franc. Un roman sur un jeune footeux qui doit arrêter sa carrière pour cause de maladie alors qu’il s’apprête à passer pro. Je crois que Henri Émile et Dominique Rocheteau ont participé au bouquin. J’aimais bien Rocheteau comme joueur, d’ailleurs. Avec sa gueule qui ressemble pas à grand-chose. Donc j’étais hyper fier, je me disais : « Ouah, mon père va devenir une star ! » (rires)
Ton père connaît du people, alors ?Il est très ami avec Patrick Rampillon. Et Gilles Rampillon, aussi, d’ailleurs. Patrick Rampillon, c’est le directeur du centre de formation du Stade rennais. C’est un super gars, avec une grosse réputation en France. C’est un pote d’enfance de mon père. Je pense pas qu’il soit forcément cool avec ses élèves, mais moi, je le trouve cool. En parlant de ça, j’étais pas mauvais au foot quand j’étais petit. Je jouais aux Trinitaires de Mauléon, mon gars. On avait notamment remporté le tournoi de Pouzauges contre le SO de Cholet. Du coup, j’ai fait quelques stages au Stade Malherbe de Caen. Je me rappelle, il y avait Xavier Gravelaine là-bas. Gravelaine m’avait bien fait kiffer au Stade Malherbe en Coupe UEFA contre Saragosse (ce match avait été élu « match de l’année 1992 » par France Football). Il avait été énorme. Un grand match. Maintenant, quand je le vois commenter, j’ai envie de lui foutre des torgnoles. Même sa fin de carrière à Strasbourg, ça s’est très mal terminé… Bref. D’ailleurs, à la grande époque du Stade Malherbe, c’était Daniel Jeandupeux qui entraînait. Pareil, Daniel Jeandupeux, ami d’enfance, mais de ma mère. Je me souviens même avoir passé des vacances chez lui.
Quand tu grandis dans les Deux-Sèvres, tu supportes qui ?Tu supportes Nantes… Ou Saint-Étienne. Nantes, d’accord, mais Saint-Étienne, va savoir pourquoi. J’ai jamais compris. Quand t’allais au café du Renard à Mauléon, t’avais les pro-Nantes et les pro-Sainté. Ça se chamaillait toujours. Je crois que mon père n’en a jamais rien eu à foutre. Lui, son kif, c’était le local. Aller voir Bressuire jouer dans la boue, quoi.
Fat Supper en concert aux Trans Musicales de Rennes le 5 décembre 2013http://www.lestrans.com/ Sortie de l’EP Flat Slupper le 1 décembre 2013 chez Les Disques Normal
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