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Far-west au Nigeria

Par Christophe Gleizes
Far-west au Nigeria

C'est dans un immense bordel que le Nigeria se prépare à accueillir le Congo en éliminatoires de la CAN. Entre ingérence étatique, Fédération vérolée, incendie et virus Ebola, voyage au cœur d'un pays qui se complique les choses.

C’est en 1956 que le Nigeria officialise l’un des plus beaux proverbes africains jamais créés : « Qui ne sait pas ce dont il dépend regarde le pénis de son père avec dédain. » Une maxime profonde et inspirée que ferait bien de méditer Christopher Giwa, l’actuel président de la Fédération nigériane, plongé dans un conflit ouvert avec la FIFA au sujet de son élection controversée. « La NFF n’est pas intimidée et nous ne nous attendons à aucune sanction car nous avons pris les mesures appropriées. Nous n’avons rien à craindre, notre réponse est prête » , s’époumonait-il le 18 juillet, avant d’appeler les Nigérians à « à ne pas paniquer » face aux menaces proférées par Jérôme Valcke. Quelques semaines plus tard, le voilà pourtant plus que jamais dans la ligne de mire de l’institution du football mondial, bien décidée à faire payer au Nigeria ses écarts de conduite répétés.

Ingérence et provocation

L’ultimatum est clair : si Christopher Giwa et son comité exécutif n’abandonnent pas leurs fonctions avant ce lundi à huit heures, la sélection sera suspendue de toute compétition internationale pour une durée indéterminée. « Au vu des circonstances, le Comité d’urgence de la FIFA a décidé de fixer son ultimatum au 8 septembre 2014. S’il venait à ne pas être observé, la NFF serait automatiquement suspendue jusqu’à ce que la direction qui se prétend nouvellement élue quitte les bureaux de la NFF et que le secrétaire général de la Fédération puisse reprendre son travail sans ingérence » , explique-t-on à Zurich dans un communiqué. Derrière cette adresse, une charge musclée envers le gouvernement du pays et le président Goodluck Jonathan, accusé de se mêler de ce qui ne le regarde pas au niveau de la Fédération.

Au Nigeria, le football est un sport d’État. Gérées par les gouverneurs des provinces ou par des membres du gouvernement, les principales équipes du championnat sont totalement assujetties au pouvoir politique. Dépendants des décisions administratives, les clubs nigérians sont surtout soutenus économiquement : « Il ne devrait pas y avoir d’interférence aussi claire, mais le gouvernement donne 10 millions de dollars par an aux clubs, c’est normal qu’il ait un droit de regard » , tempère Felix Agowu, le manager du média Supersport. « Ce n’est pas pareil qu’en Europe. Ici, les clubs doivent être aidés car il y a peu de recettes et pas suffisamment de sponsors. » L’ingérence de l’État est telle qu’elle concerne même la sélection nationale. Suite à l’élimination des Super Eagles à la Coupe du monde 2010, la Fédération décidait par exemple de priver l’équipe de compétition internationale pendant deux ans, « afin de remettre les choses en ordre » . Déjà, la FIFA s’était interposée, et le Nigeria avait reculé.

Incendie et service de sécurité

L’occasion de remettre le couvert s’est présentée cet été lorsque la Haute Cour a décidé de limoger l’ancien président Aminu Maigari à cause de l’histoire des primes mal gérées. La FIFA est intervenue pour rappeler que l’ingérence étatique n’est pas tolérée dans ses statuts, « qui imposent aux associations membres de gérer leurs affaires de manière indépendante et sans l’influence de tiers » . Rescapé, Aminu Maigari a pu conserver sa place jusqu’aux élections, qui se sont tenues le mois d’après et ont finalement consacré Christopher Giwa, élu presque à l’unanimité par les 29 membres présents de l’assemblée, qui en compte 44… Jusque-là rien d’alarmant, si ce n’est que quelques heures avant le scrutin, Aminu Maigari et son secrétaire général Musa Asamu, accusés de malversations financières, ont été arrêtés par les services de sécurité et n’ont pu prendre part à l’élection.

Dans une lettre envoyée le 29 août dernier, la FIFA a prévenu : « Nous ne reconnaîtrons pas le résultat de cette élection. Et si des personnes continuent de prétendre avoir été élues et à occuper les bureaux de la NFF, l’affaire sera transmise aux instances appropriées de la FIFA en vue d’une sanction. » Quelques heures après l’élection, une faction dissidente a voté la tenue d’un nouveau scrutin, solution privilégiée par Zurich, qui avait d’abord proposé le 4 septembre. De quoi alarmer Felix Awogu : « Selon moi, l’élection est légitime. Il n’y a pas eu de problèmes, mais si la FIFA estime le contraire, Christopher Giwa doit céder. Nous sommes très inquiets, nous ne voulons pas être bannis. » Depuis, le président s’accroche à son siège et le flou artistique règne autour de la Fédération, dont le siège a été ravagé par un incendie il y a quinze jours…

Pintades et Ebola

Dépités par cette crise institutionnelle, les différents syndicats de joueurs, arbitres et entraîneurs ont décidé de boycotter le championnat, tandis que le sélectionneur Stephen Keshi, engagé pour un intérim de deux matchs, n’a toujours pas officiellement prolongé son contrat. « Il réclame beaucoup plus que la Fédération ne peut lui donner, précise Felix Agowu à ce sujet. Pour l’instant, il aide juste l’équipe pour les éliminatoires et après ils négocieront un vrai contrat. » Car il y a la CAN au milieu de tout ça. Et puisqu’un malheur n’arrive jamais seul, les supporters des Super Eagles auront droit à un contrôle très fouillé à l’entrée du stade pour limiter les risques de contagion du virus Ebola. « Nous avons mis en place une stratégie pour s’assurer que tous les spectateurs soient bien testés, avant d’être autorisés à entrer » , a prévenu Patrick Ugbe, le responsable de l’État de Cross River, tout heureux de confirmer que le match face au Congo aura bien lieu malgré les difficultés. Comme toujours. Après tout, comme le dit cet autre proverbe national : « La hauteur de l’herbe n’empêche pas les pintades de se rencontrer. »

France-Israël : puisque le foot est politique

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