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Far Far Wes
Attendu sur la Côte d'Azur comme un cowboy fringant, Wesley Sneijder traverse le désert depuis le début de saison. Heureusement, il y a la Ligue Europa pour se relancer. Le numéro 10 niçois remonte en selle face à la Lazio.
Avec son sourire Colgate, ses tatouages dépareillés – le portrait de sa femme est notamment gravé sous son pectoral droit, à côté d’une Ligue des champions – et son physique trapu, il est arrivé à son premier entraînement à Nice bercé par les cris de la foule et la brume des fumigènes. Le 7 août dernier, les supporters niçois accueillaient Wesley Sneijder avec ferveur. L’enthousiasme de voir débarquer un artiste sur la Côte d’Azur. Un meneur de jeu à la vision périphérique, un tireur de coups francs phénoménal, capable d’allumer un pétard en lucarne à 35 mètres des cages. De plus, le nouveau numéro 10 du Gym allait reformer le duo avec Mario Balotelli comme à la belle époque de l’Inter, celle qui aurait dû le sacrer Ballon d’or. Sauf que près de deux mois et demi après son arrivée, le Batave a disparu. Il n’a joué que 175 minutes sur les neuf premières journées de L1. Alors, à 33 ans, Wesley Sneijder est-il cramé ?
« Le cadre de vie est superbe ici, mais à Istanbul, à Milan et à Madrid aussi »
Quand il débarque chez les Aiglons, l’intéressé est clair : il n’est pas venu sur la Côte d’Azur pour faire du tourisme. « Le cadre de vie est superbe ici, mais à Istanbul, à Milan et à Madrid aussi, recadre Sneijder. Bien sûr que c’est beau, c’est parfait, mais je regarde toujours l’équipe. Et nous avons une superbe équipe et c’est pour ça que je suis ici, pas à cause du cadre de vie. » Artilleur du Gym au tournant des années 1980 et 1990, et toujours attaché au club azuréen, Roby Langers espérait beaucoup de l’ancien joueur de Galatasaray. « Il est très vif, il a un super crochet, il est capable de délivrer à tout moment une super passe décisive ou une longue transversale. La saison dernière, je l’avais trouvé très fringant lors des matchs entre les Pays-Bas et le Luxembourg » , note l’ancienne gloire du Grand-Duché.
Avec son meneur de jeu expérimenté, l’OGC Nice se met alors à rêver d’une qualification historique pour la phase de poules de la Ligue des champions, la dernière participation du club à la C1 remontant à la fin des années 1950. Mais lors du barrage retour tant attendu contre le Napoli, Roby Langers et les supporters niçois ont vu Nice se faire surclasser à l’Allianz Riviera, avec un Sneijder mou sur le terrain. Pas mieux pour le Hollandais lors des matchs de championnat face à Guingamp (victoire 2-0) et Amiens (défaite 3-0) en août. Pire, quelques jours plus tard, Sneijder livre une prestation faiblarde avec la sélection des Pays-Bas face aux Bleus (défaite 4-0), entre pertes de balles et apport offensif nul. Ce jour-là, il sort dès la mi-temps. Et le finaliste de la Coupe du monde 2010 allait bientôt voir ses rêves de Russie s’envoler.
Sacrifié sur le bûcher de la paire Pléa/Balotelli
Depuis ce 31 août, Sneijder n’a plus joué une seule minute, ni avec les Aiglons ni avec les Oranje. Un problème physique ? Le coach Lucien Favre avait prévenu lors de son arrivée : « Il va lui falloir quelques jours, voire quelques semaines pour se remettre dans le coup parce qu’il n’a pas fait de préparation. Il a eu deux mois de vacances où il s’est entraîné tout seul. » Raison pour laquelle, avant de signer à Nice, Sneijder a essuyé des refus, à commencer par l’Ajax, son club de cœur. Au-delà des kilos en trop du gaillard, il y a les plans tactiques de l’entraîneur suisse. Depuis le début de saison, Lucien Favre a délaissé son 4-2-3-1 pour profiter du duo Alassane Pléa/Mario Balotelli à la pointe d’un 4-4-2. Au détriment donc du poste de véritable meneur de jeu incarné par Wesley Sneijder.
Bonne nouvelle pour le Batave, aujourd’hui affûté, il devrait profiter d’un grand turnover pour être aligné face à la Lazio, ce jeudi en Ligue Europa, au sein d’un milieu inédit avec Rémi Walter, Adrien Tameze et Nampalys Mendy. Lucien Favre peut se permettre de faire tourner, le Gym a brillamment gagné ses deux premiers matchs de poule face à Zulte Waregem (1-5) et Vitesse Arnhem (3-0). Charge à Wesley Sneijder de saisir sa chance. « C’est l’un des joueurs les plus forts que j’ai vus » , assurait récemment le capitaine Dante, qui a côtoyé quelques sacrés cracks lors de ses trois saisons au Bayern Munich. Et vu les mauvais résultats actuels des Aiglons en Ligue 1, Sneijder pourrait, en cas de prestation convaincante face à la Lazio, rebattre les cartes pour la suite de la saison.
Par Florian Lefèvre
Propos de Roby Langers recueillis par FL, ceux de Wesley Sneijder et Lucien Favre tirés de conférences de presse.