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Famalicao, tribune football club

Par William Pereira
Famalicao, tribune football club

Ce pourrait bien être le prochain club à la mode, à moins qu'il ne s'agisse d'une simple hype. Famalicao, en passe d'accéder à la deuxième division portugaise, fait parler de lui depuis plusieurs mois grâce à son projet et ses supporters, capables de remplir un stade de D3 dans un pays où un match médiocre de Liga peut aller en dessous du millier de spectateurs. Portrait d'une anomalie du football portugais.

Si le Portugal est une terre de football, le Nord-Ouest du pays est l’un de ses plus précieux sanctuaires. Porto, Guimarães, Braga, Vila do Conde (Rio Ave) et Barcelos (Gil Vicente), entre autres, sont autant de villes qui font honneur à cette partie du territoire lusitanien. Bientôt, il faudra sans doute compter avec un nouveau venu (pas si nouveau d’ailleurs) : Famalicao. Leader du championnat de promotion du Nord, dont le vainqueur accède à la deuxième division portugaise, ce petit club historique de la région de Braga est au football ce que Vila Nova de Famalicao (sa ville) est au pays : une anomalie, dans le bon sens du terme. La ville et ses 134 000 habitants en sont d’ailleurs très fiers. Il faut dire que les Famalicenses ont de quoi bomber le torse. Troisième exportateur national, référence dans le domaine du textile et la fabrication de machines en tous genres – dont les fameux appareils photos Leica -, la ville peut également se targuer d’avoir un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale et surtout plus de trois fois inférieur à la catastrophique moyenne du Nord (qui culminait à 42% en 2013). Bref, Famalicao va bien et ça se voit dans les gradins. Le Campo dos Bargos et ses 8000 places affichent souvent complet et l’ambiance est garantie par les ultras du coin : les Fama Boys 1990. Voir une équipe évoluer dans un championnat semi-professionnel avec un public aussi actif et assidu est une bénédiction pour le football national qui pâtit d’un dégorgement massif de ses tribunes depuis une dizaine d’années (en 2015, un Setúbal-Boavista pèse à peine 1000 spectateurs). « Les Famalicenses ont soif de beau football, ce sont des connaisseurs. Ils n’hésitent pas à faire des sacrifices pour aller voir un bon match de football » , explique José Pina Ferreira, président de « cette grande institution » depuis février 2014.

Un train affrété pour aller chez le Sporting

Cette passion a poussé plusieurs centaines de supporters à faire le déplacement chez le voisin et rival de Varzim et remplir son stade (avec l’aide des ultras locaux) en mars dernier. Mais surtout, elle a donné lieu à une folie en quarts de finale de Coupe du Portugal qui opposait le Sporting à Famalicao. 48 heures après l’ouverture de la vente de billets pour le match, les quelque 1100 places réservées aux visiteurs avaient déjà été toutes vendues. « Le match se jouait un mercredi soir à 21h, veille de jour de travail, sachant que plus de 300 kilomètres séparent les deux villes et qu’il faisait cinq degrés à tout casser ce soir-là. On a même affrété un train uniquement pour nos supporters. Il était plein à craquer, c’était surréaliste » , raconte l’entraîneur Daniel Ramos. L’euphorie minhota n’ira pas plus loin – le Sporting a gagné 4-0 -, mais le message est passé. Il faudra compter sur Famalicao et ses supporters lors des prochaines années.

Si le club prospère cette saison, il sort d’une traversée du désert entamée à la fin des années 90, décennie glorieuse au cours de laquelle il accède à l’élite où il restera trois saisons (jusqu’en 1993/1994). « Quand je suis arrivé dans l’organigramme du club il y a sept ans, plus personne ne s’y intéressait. C’était tout juste si on avait de quoi acheter des ballons » , se souvient le président. Les dettes atteignent le million et demi d’euros et force Famalicao 1901 à mettre la clé sous la porte et à renaître sous le nom de Famalicao 2010, comme beaucoup d’autres clubs historiques frappés par la crise au Portugal. Conséquence, l’équipe repart du niveau district et entreprend une timide remontée jusqu’au troisième échelon national. Quand Daniel Ramos débarque sur le banc juste après l’élection de José Pina Ferreira, l’équipe est avant-dernière. Elle parvient néanmoins à se maintenir. Un an plus tard, Famalicao est en passe d’accéder à la D2 portugaise. Une progression exponentielle expliquée par « les ambitions de la direction » qui ont offert à Daniel Ramos de quoi « recruter intelligemment » sur le terrain et en dehors. « On a recruté un directeur sportif, Rui Borges, un ancien joueur professionnel expérimenté qui a su apporter organisation et discipline, mais aussi un staff technique très compétent » , renchérit l’entraîneur. João Paulo, attaquant du club qui a notamment évolué du côté de l’Olympiakos et Estoril, souligne la qualité des infrastructures de haut niveau. « On a un beau gymnase et un poste médical de pointe. D’autre part, le stade et le terrain ont été refaits, ce qui nous permet d’avoir des conditions de travail optimales. »

Un abonnement à cinq euros mensuels

L’embellie de Famalicao coïncide donc grandement avec l’élection de Pina Ferreira en 2014. Présent dans l’équipe du précédent président, il en est le seul rescapé. « Les autres étaient fatigués, ils avaient besoin de repos. » Lui, non. Une fois en poste, il s’active pour convaincre la municipalité d’aider un club au faible passif – 26 000 euros à l’époque – et met en place une série de campagnes pour attirer des supporters qui ne sont alors pas tous revenus. L’une d’entre elles concerne le prix de la cotisation de chaque socio. « C’est cinq euros par mois et moitié moins pour les femmes et personnes âgées » , explique un président qui n’hésite pas à se mêler à ses supporters. « Il n’y a pas longtemps, le président d’un club contre qui on jouait me demandait de venir assister au match avec lui en tribune présidentielle et moi, je lui ai dit « Désolé, je ne peux pas, je reste avec mon peuple. » » D’après José Pina Ferreira, cette proximité a poussé les socios à revenir et remplir le stade. En retour, le boss veut offrir à ce peuple un club de notoriété supérieure. Cela passe par les résultats, avec « la montée en première division sur le court-moyen terme » , mais aussi par une certaine qualité de jeu. Une mission pour le moment parfaitement remplie par les troupes de Ramos. Ce dernier accorde d’ailleurs lui aussi beaucoup d’importance au beau jeu. « Il faut satisfaire le public parce que le football est aussi un spectacle. Sans public, le club n’est rien. Les équipes qui se soucient de leurs supporters en leur offrant du beau jeu sont tôt ou tard récompensées en termes économiques, mais je pense qu’elles devraient être un peu plus soutenues par les instances du football portugais parce que les clubs qui remplissent leur stade sont très peu nombreux au Portugal et c’est un réel problème » . C’est donc peu dire que Famalicao apporterait un souffle de vent frais sur un football des tribunes en berne en cas d’accès à l’élite du foot lusitanien…

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Par William Pereira

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