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Famalicão, la nouvelle quatrième force portugaise
Alors que le monde du football est surpris de voir Famalicão en tête de la Liga Nos après six journées, au Portugal, personne n'est vraiment étonné. Il faut dire que le promu a quelques atouts financiers à faire valoir. Et il compte bien batailler durablement avec le Sporting Portugal, le Benfica Lisbonne et le FC Porto.
Ce trublion devait retourner dans le rang. Leader de Liga Nos après cinq journées de championnat, le promu de Famalicão devait sa présence sur le trône – croyait-on – à un calendrier favorable qui lui a permis d’engranger des points. Et ce déplacement de ce lundi soir à l’Estádio José Alvalade pour y affronter le Sporting Portugal était l’occasion de remettre à sa place le trouble-fête. C’était oublier que les Leões, qui ont déjà dégagé leur entraîneur Marcel Keizer en début de mois, étaient dans le dur cette saison. Mais c’était omettre, surtout, que Famalicão n’a rien du promu comme les autres. Et le club du nord du Portugal – intercalé au milieu du triangle que forment Porto, Braga et Guimarães -, l’a rappelé en allant s’imposer sur la pelouse du Sporting (1-2). Une victoire obtenue dans les dernières minutes grâce à un CSC de Sebastián Coates. Loin du hold-up toutefois, tant les Azuis e Brancos ont bousculé les coéquipiers de Jérémy Mathieu. Avec cinq victoires et un match nul en six journées – dont quatre à l’extérieur -, Famalicão peut à présent regarder le FC Porto et le Benfica Lisbonne dans les yeux. Comme prévu.
Le nouveau joujou de Mendes
Revenu en Liga NOS après 25 ans d’absence, Famalicão n’a pas débarqué dans l’élite avec l’étiquette de victime comme cela est souvent le cas pour les autres promus. Il faut dire que contrairement à eux, les Famalicenses ont un peu plus de ressources financières, à l’image du RB Leipzig en Bundesliga. Car depuis août 2018, l’actuel leader du championnat portugais est détenu à 51% – 85% depuis septembre dernier – par Idan Ofer, un entrepreneur israélien dont la fortune personnelle est estimée à 5 milliards de dollars selon Forbes. Un homme qui est connu dans le milieu du ballon rond pour avoir déboursé 600 000 euros en 2013 pour acquérir une réplique du Ballon d’or de Cristiano Ronaldo. Mais surtout pour détenir, avec sa holding Quantum Pacific, 32% des parts de l’Atlético de Madrid.
Pour comprendre pourquoi Idan Ofer a décidé d’investir dans un club alors en deuxième division portugaise et qui n’a jamais fait mieux que treizième dans l’élite, il faut se tourner vers Jorge Mendes. Car oui, que serait une belle histoire portugaise sans l’ombre du super-agent ? Proche de la 394e fortune mondiale, Jorge Mendes est à l’origine de sa venue à Famalicão. De quoi offrir à l’agent de Cristiano Ronaldo un nouveau terrain de jeu. Car si Jorge Mendes n’est officiellement pas dans l’organigramme du club, il semble bien être chez lui à Vila Nova de Famalicão. Miguel Ribeiro, le directeur général du club ? Un ami qui avait déjà été placé à Rio Ave par l’agent portugais. L’entraîneur João Pedro Sousa ? L’ancien adjoint au Sporting Portugal, à Watford ou encore à Everton de Marco Silva, membre de l’écurie Mendes. Du côté des joueurs aussi, l’ombre du super-agent portugais plane. Car, si parmi les 20 (!) arrivées, seulement trois sont officiellement représentés par Gestifute (Diogo Gonçalves, Roderick Miranda et Guga), les autres sont prêtés par des clubs où Jorge Mendes a un peu plus que ses entrées (Valence, Wolverhampton, Atlético, Braga).
Le laboratoire de l’Atlético ?
Sauf qu’Idan Ofer n’est pas venu à Famalicão uniquement pour faire plaisir à Jorge Mendes et aux supporters qui comptent parmi les plus fidèles du pays. Non, l’entrepreneur israélien compte bien se servir du club comme laboratoire afin de servir la cause de l’Atlético de Madrid. Que ce soit concernant les joueurs qui sont majoritairement des jeunes pépites à former – la moyenne d’âge du club étant avec 23 ans la plus jeune de Liga NOS avec seulement deux joueurs de plus de 25 ans parmi les 20 recrues estivales -, mais aussi la technologie. C’est en tout cas ce qu’a annoncé Idan Ofer dans les colonnes de Record : « Nous avons envie d’expérimenter diverses choses ici, de nouvelles technologies comme peut l’être par exemple l’intelligence artificielle, que nous ne pouvions pas forcément tester à l’Atlético. Je pense que ça peut être un projet pilote pour de nombreuses choses que nous pourrions ensuite exporter en Espagne, plus tard. »
En attendant que le centre d’entraînement de Famalicão ne se transforme en I Robot, les hommes de João Pedro Sousa ne comptent pas faire de la figuration en Liga Nos. À l’image de la nouvelle belle performance, face au Sporting Portugal, des ailiers Rúben Lameiras et Fabio Martins, déjà auteur de quatre buts cette saison. De quoi rendre crédibles les propos d’Idan Ofer balancés devant la presse en avril dernier lors de la promotion dans l’élite de Famalicão : « Il est clair que l’on veut aller loin en Liga. Le club veut faire une grande saison et il y aura les conditions pour cela. J’espère lutter pour une place dans les compétitions européennes. » Il est encore tôt pour faire des plans sur la comète, mais les travaux pour mettre aux normes européennes l’Estádio Municipal de Famalicão ont, eux, déjà débuté.
Par Steven Oliveira