- Liga
- 35è journée
- Atletico Madrid/Espanyol Barcelone
Falcao, le meilleur avant-centre d’Europe ?
Depuis le début de la saison dernière, Falcao est le seul à avoir marqué plus de buts que Messi lors des compétitions européennes. Alors qu’en Liga, l’Atletico court encore après la quatrième place, une question se pose : et si l’équipe de Simeone détenait dans ses rangs le meilleur striker du vieux continent ?
Jeudi soir. Il est un peu plus de 22h30. L’Atletico Madrid mène 3-1 contre Valence en demi-finale de la Coupe du Roi. Pardon, de l’Europa League. Il reste dix minutes à jouer. Pas farouche, Falcao prend le ballon et provoque la défense. Un geste technique pour éliminer un défenseur à l’entrée de la surface, quelque pas sur la gauche, puis, sans regarder à un moment vers les cages, une frappe soudaine du pied gauche. Le cuir s’envole, vient frapper le dessous de la barre transversale, et termine au fond des filets. Du grand art. Et c’est signé Falcao. Un droitier qui marque un but splendide du pied opposé, quelques dizaines de minutes, seulement, après avoir ouvert le score d’un coup de tête rageur, son point fort numéro 1. Bon de la tête, bon des deux pieds, le Colombien impressionne. Et ses statistiques aussi. Cette saison, Falcao a inscrit 32 buts en 42 matches. L’an dernier, avec le maillot du FC Porto, c’était 38. Et la saison précédente, sa première en Europe, c’était déjà 34. Bilan total : depuis qu’il a posé le pied sur le continent européen, Falcao en est à 104 pions en 127 matches (0,81). Sur la même période, ni Di Natale (0,74), ni Mario Gomez (0,70), ni Van Persie (0,69), ni Rooney (0,65), ni même Zlatan (0,58), n’ont fait mieux. Des chiffres monstrueux, donc, qui passent malheureusement presque inaperçus, à l’ombre des records de Messi et Cristiano Ronaldo.
42, comme Pastore
A l’Atletico Madrid, Falcao a confirmé ce qu’il avait déjà montré à Porto : il est un attaquant hors-pair. Aux côtés de Hulk, il avait formé l’une des paires d’attaque les plus redoutables d’Europe, contribuant très largement avec ses 18 buts (record absolu) à la victoire portiste en Europa League. Pendant l’été, deux possibilités s’offrent à lui : poursuivre avec Porto et tenter de reproduire ses exploits en Ligue des Champions, ou bien faire le grand saut et s’engager avec un géant d’Europe. Le Colombien fait alors un choix surprenant. Il opte pour l’Atletico Madrid, orphelin de Forlan et d’Agüero, et qui était bien l’un des seuls clubs en Europe, grâce aux sous récoltés par la vente d’Agüero, à pouvoir débourser 42 millions d’euros. Boum. Falcao débarque à Madrid, et ne met pas bien longtemps à se faire remarquer, puisqu’il claque un triplé contre Santander pour son premier match disputé à Vicente Calderon. Les présentations sont faites. Ensuite, il faut un petit temps d’adaptation qui va s’étendre jusqu’au mois de novembre. Après quoi, la machine à buts se remet en route. Et cette stat : 20 buts lors des 23 matches officiels disputés en 2012. S’il demeure moins connu du grand public qu’un Zlatan ou qu’un Rooney, le buteur des Colchoneros s’est également fixé un objectif fou et jamais réalisé jusqu’ici : remporter deux fois de suite une Coupe d’Europe avec deux maillots différents, et en terminant à chaque fois meilleur buteur de la compétition.
Roi de l’Europa League
Ce qui est étrange, avec Falcao, c’est qu’il a connu la progression inverse de la plupart des joueurs sud-américains. Ces joueurs qui flambent en Argentine, au Chili, et au Brésil, puis qui se brûlent rapidement les ailes lorsqu’il s’agit de s’adapter au rythme des championnats européens. On a du mal à le croire, mais lorsqu’il jouait à River Plate, Falcao était loin d’être un crac. Après des débuts prometteurs, il subit une grave blessure au genou, dont il a beaucoup de mal à se remettre. A tel point que là-bas, on commence même à le considérer comme un joueur un peu lourdaud, pas franchement adroit. Son meilleur total en quatre saisons passées à Buenos Aires ? 13 buts, ce qui est loin d’être pharaonique. Mais comme bien souvent, les émissaires du FC Porto flairent le bon coup. Pour 5,5 millions d’euros, ils enrôlent El Tigre, avec pour rôle de remplacer Lisandro, parti à Lyon, dans le cœur des supporters. Sitôt dit, sitôt fait. Lors de sa première année au Portugal, il plante 25 buts en 28 matches de championnat. Pas suffisant, toutefois, pour permettre aux Dragons de se qualifier pour la Ligue des Champions. Ce qui apparaît d’abord comme une déception va finalement savérer être une aubaine. C’est en Europa League que Falcao va se révéler aux yeux de l’Europe, en pulvérisant le record de Jurgen Klinsmann (15 buts lors d’une campagne européenne) et en déposant la cerise sur le gâteau avec le but vainqueur en finale contre Braga. De la tête, bien évidemment.
Falcao-Agüero, Falcao-Messi
Alors, Falcao, meilleur avant-centre d’Europe ? Cela reste à voir. Le plus prolifique, oui. Le plus complet, peut-être aussi. Mais maintenant, il faut confirmer dans un grand club, avec tout le respect pour l’Atletico Madrid. Chelsea rêve de l’enrôler (improbable échange avec Fernando Torres), Manchester City en ferait bien son attaquant vedette aux côté d’Agüero (et de Tevez ?) tandis que le Barça se dit que Falcao-Messi serait un duo à faire chavirer le Camp Nou. Mais avant de penser au maillot qu’il pourrait bien revêtir la saison prochaine, Falcao doit se concentrer sur les cinq journées de championnat qu’il reste à disputer. A défaut d’avoir participé au Clasico, le Colombien va jouer aujourd’hui le Clasico du pauvre, entre l’Atletico Madrid et l’Espanyol Barcelone. Un match très important pour les joueurs de Diego Simeone, qui continuent de croire à une qualification en Ligue des Champions via la quatrième place. Malaga, actuel quatrième, est à six points, et avec un Atletico Madrid-Malaga qui se profile lors de l’avant-dernière journée, tout espoir de qualification reste permis. Pour cela, il faudra, inévitablement, compter sur les buts de Falcao. Pas vraiment un problème.
Eric Maggiori