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Fair-play financier : un coup de pouce du père Noël pour le PSG ?
Selon plusieurs médias français, le PSG devrait pouvoir investir sur le marché des transferts aux prochains mercatos. Un assouplissement du fair-play financier qui s'expliquerait non pas par l'esprit de Noël, mais par la coopération positive du club français.
L’été dernier, le PSG a fait connaissance avec le fair-play financier : une limitation de son budget transferts qui lui a fait passer sous le nez Ángel Di María, a encadré sa masse salariale et a amputé son effectif pour la Ligue des champions. Avec Paris comme avec Manchester City, l’Instance de contrôle financier des clubs (ICFC) de l’UEFA a décidé de joindre les actes à la parole en tapant sur les écuries les plus dépensières du continent. Six mois après, l’heure est à la conciliation si l’on en croit Le Parisien et Canal Plus : pour le quotidien, le PSG pourra investir dès le mercato d’été 2015, alors que la chaîne cryptée croit savoir que les propriétaires qataris pourront faire marcher le chéquier dès cet hiver. Dans les faits, le club de la capitale, que ce soit en janvier ou en juin, ne pourra pas repartir dans une folie dépensière, mais ne sera plus contraint à l’équilibre budgétaire. Pourquoi ? Parce que l’UEFA entend rendre un peu de liberté aux Franciliens pour bonne conduite.
« Le FPF laisse une place à l’interprétation »
Petit rappel historique. Le fair-play financier, dont l’objectif officiel est d’assainir la situation financière du football interclubs européen, est entré en vigueur en 2011. À partir de la saison 2013-2014, les clubs engagés en compétitions européennes sont censés respecter l’équilibre financier et ne pas dépenser plus qu’ils ne gagnent. Le PSG et Manchester City font partie de la première fournée d’écuries épinglées… Non pas pour ne pas avoir su trouver l’équilibre dès l’an passé, mais plutôt pour avoir dépassé le seuil de tolérance de l’UEFA, fixé à 45 millions d’euros à condition que ces pertes soient épongées par le propriétaire du club concerné. QSI avait bien tenté de masquer les pots cassés avec un contrat de sponsoring à 200 millions d’euros annuels, mais l’UEFA l’a raboté à 100 millions pour mieux coller « aux réalités du marché » . Pourquoi, après avoir été inflexible, l’UEFA ouvre aujourd’hui le dialogue avec les mauvais élèves ?
« Le dialogue est une composante du fair-play financier depuis le début » rappelle Didier Primault, directeur général du Centre de droit et d’économie du sport, basé à Limoges. « Les discussions ont eu lieu avant l’application des premières sanctions, qui ont été décidées après débat. Contrairement à la DNCG, le fonctionnement du fair-play financier laisse une place à l’interprétation, et cette méthode est assumée. » Pour Bastien Drut, auteur de L’économie du football professionnel, l’assouplissement traduit avant tout une injustice : « Les sanctions à l’égard du PSG et de Manchester City, par exemple, étaient disproportionnées » , car il s’agit de deux clubs sans dettes. Là où Didier Primault voit une place laissée à l’interprétation, Bastien Drut voit « une perte de lisibilité dans les objectifs d’origine du fair-play financier » . L’argument des détracteurs du FPF, Bastien Drut le résume : « L’un des points noirs du FPF est qu’il se focalise sur les déficits et non pas sur les dettes. Donc les grands clubs déjà établis sont favorisés, et il est de plus en plus compliqué de se faire une place dans le gotha. La dernière finale de la Ligue des champions opposait deux clubs dont la dette cumulée approche du milliard d’euros, cherchez l’erreur. »
Régulation assouplie
S’il consent que « le seul problème à ce jour, c’est la non-prise en compte de l’endettement » , Didier Primault se veut lui plus bienveillant à l’égard du mécanisme de régulation européen : « Ils ont conscience de ce problème et réfléchissent déjà à des ajustements. » Aujourd’hui, le modèle prôné par le FPF a l’avantage d’être pérenne. Didier Primault : « Le FPF financier empêche un club de se développer artificiellement, car il encourage les investissements dans les infrastructures et la formation, et aussi il limite l’inflation excessive du marché des transferts. Pour moi, ils ont bien abordé le problème. » Même s’il voit beaucoup de points d’amélioration possibles dans le FPF, Bastien Drut consent qu’un « nouvel investisseur doit rendre son club autonome, ce qui est sain » , mais pour lui, la régulation imposée par l’UEFA doit s’assouplir à l’égard des nouveaux riches : « N’importe quel projet d’entreprise nécessite un investissement qui n’est rentabilisé, s’il l’est, qu’au bout de quelques années. Pourquoi le football professionnel serait-il une exception ? Les analystes financiers, lorsqu’ils évaluent la santé d’une entreprise, mesurent la dette, et pas seulement la rentabilité. »
En relâchant un peu l’étreinte à l’égard du PSG et de Manchester City, l’UEFA cherche-t-elle à préserver les nouveaux investisseurs du football ou répond-elle à des signaux positifs ? Pour Didier Primault, quoi qu’il en soit, le FPF est une avancée dans la bonne direction car « aucune industrie ne peut se permettre d’être toujours déficitaire. Le foot survit longtemps en situation de déficit, et personne n’imagine le Real Madrid disparaître un jour, mais est-ce une raison pour ne rien changer ? » Pour le directeur du Centre d’économie et de droit du sport, le FPF financier dépasse le cadre de l’économie et du football : « Le FPF encourage un développement pérenne et autonome, c’est un système pragmatique. Tous les sports ont intérêt à ce que cela réussisse, car c’est la régulation du sport européen qui est en jeu. Investir dans les infrastructures, c’est améliorer les recettes, investir dans la formation, c’est développer la création de talent. En clair, cela prône des investissements bénéfiques pour le secteur. » Et dans l’idée, cela doit rendre des clubs comme Paris ou Manchester City capables de survivre à un départ de leurs mécènes…
Par Nicolas Jucha