ACTU MERCATO
Facundo Pellistri, étoile dans les yeux de Lyon
Ciblé par l’OL, Facundo Pellistri, 18 ans, représente un pari sur le long terme dans la politique de recrutement du club rhodanien. Courtisé par de nombreux concurrents en Europe, l’ailier devrait s’engager à Lyon en fin de semaine. Décryptage d’un prodige qui pourrait bientôt dynamiter la Ligue 1.
Quand Juninho est questionné sur le marché des transferts par Mohamed Bouhafsi dans l’émission Top of The Foot sur RMC, le directeur sportif de l’OL souhaite éviter de parler de toute piste étudiée par le club, car « quand tu dis que tu veux acheter un joueur, d’autres clubs arrivent derrière et le prix monte ». Cependant, le Brésilien ne peut pas tout cacher, notamment son intérêt pour la pépite de Peñarol : Facundo Pellistri. « Lui, je peux en parler, car c’est déjà trop sorti. C’est un jeune Uruguayen avec un passeport européen, affirme Juni. Ce qui veut dire qu’il ne prend pas une place de joueur extra-communautaire. J’aime aussi l’état d’esprit des joueurs uruguayens et je cherche des profils comme ça. C’est un joueur de couloir, mais qui travaille beaucoup défensivement.(…)J’ai été jouer plusieurs fois là-bas et c’est un championnat très violent. Et à 18 ans, il tient la baraque. » Bien entendu, le club doyen de Montevideo s’en est rendu compte puisqu’il a imposé des exigences à l’OL dans les négociations. L’objectif ? Rester au sein de son club formateur jusqu’à la fin de l’année 2020. Reste que pour un montant de 7 millions d’euros bonus inclus, « Facu » doit désormais s’engager chez les Gones ce samedi. Et dans un avenir proche, la Ligue 1 devrait l’apprécier.
Torres : « Pellistri est de la même veine que Franck Ribéry »
Malgré son visage d’éphèbe, Pellistri est déjà bien habitué des coups bas et du jeu très rugueux (comme en témoigne la vidéo ci-dessus), et ce, depuis son plus jeune âge. Formateur au sein des catégories de jeunes de Peñarol, Pablo Torres peut en témoigner : « Quand il avait treize ans, le premier voyage international qu’il a fait avec Peñarol était au Brésil, à Alegrete pour le tournoi EFIPAN. Nous étions restés quinze jours, et c’est là que je l’ai connu avec sa famille. J’avais l’occasion de le voir jouer et il m’avait vraiment tapé dans l’œil lors de son match contre Grêmio, un autre grand club formateur sud-américain, en phase de poules. Nous avions fait 3-3, il avait marqué un doublé et rendait les défenseurs adverses complètement fous. Je me souviens qu’on avait dû le sortir, car il prenait trop de coups. On ne voulait pas que cela aille trop loin. » Une bonne idée, puisque le nouveau diamant brut des Mirasoles (les Tournesols, en V.F.) possède encore les chevilles en bon état dans l’équipe professionnelle : avec deux buts et quatre passes décisives en trente-sept rencontres toutes compétitions confondues, Pellistri apparaît impressionnant dans le jeu à défaut de l’être dans les statistiques.
La preuve : le petit a été approuvé par Juan Román Riquelme, également désireux d’attirer la perle rare dans les filets de Boca Juniors, l’estimant « assez décomplexé au moment d’être sur le terrain ». « C’est un « pícaro » comme on dit ici, poursuit Torres. C’est-à-dire qu’il ne connaît pas le stress pour jouer un match, son niveau ne change pas par rapport aux entraînements comme cela peut être le cas pour certains joueurs. Facu est un joueur capable d’influer sur le déroulement d’une rencontre sans forcément participer pendant tout le match. Si tu le fais entrer trente minutes, il va te créer le décalage. Quatre ou cinq fois pendant le match, il est capable de déséquilibrer l’adversaire et d’apporter le plus à l’équipe. Il détient une facilité à manier le ballon de façon très vive, avec des changements de rythme importants, il profite de sa vélocité. De plus, son jeu est simple : il dribble, mais il sait lâcher le ballon quand il faut le faire. Si je devais trouver un joueur récent qui me fait penser à lui, ce serait Franck Ribéry, ils sont de la même veine. Sauf qu’au lieu d’être sur le flanc gauche, lui joue à droite. Enfin, c’est un grand professionnel, son comportement est irréprochable. »
Jeunesse en première classe
Cela dit, la comparaison avec l’aîné s’arrête au terrain. En effet, le Boulonnais de naissance n’est pas vraiment né avec une cuillère en argent dans la bouche. En revanche, son successeur est issu d’un milieu bien plus huppé. « En 2018, nous avions aussi fait un tournoi international en Chine pendant deux semaines où Facu est venu encore une fois avec ses parents qui sont restés pendant toute la durée de la compétition, détaille Torres. Il est issu d’une classe sociale très haute : son père Marcelo est comptable au palais législatif de Montevideo et sa mère est médecin spécialisé en pédiatrie. Dès lors, ils ont les moyens pour le suivre où qu’il aille. Il a grandi dans une famille aisée, où il a pu développer son intelligence et cela doit aussi influer sur le fait qu’il soit désormais un garçon au-dessus de la moyenne. » En dehors du football, Pellistri est du genre studieux, détenteur du baccalauréat avec une spécialisation en architecture. « C’est sans doute son goût pour l’esthétisme et la construction, idéalise Torres. Ses résultats scolaires ont toujours été excellents. Il sait aussi parler couramment l’anglais, il possède des notions en portugais… C’est une personne en avance sur son âge. »
Reste une question à élucider : pourquoi partir aussi tôt, et surtout pourquoi choisir la France ? « Ici, c’est une chose tout à fait courante, réagit Diego Forlán, son entraîneur entre décembre 2019 et août 2020. Les clubs sud-américains ne sont pas aussi bien lotis financièrement, et quand cela devient nécessaire, les bons joueurs partent. C’est la règle et cela va continuer. Facu est jeune, véloce et il possède encore des aspects de jeu où il doit se perfectionner, notamment dans la finition. Avec son âge, cela dépendra de sa progression et son travail au quotidien. » Ce transfert devrait aussi permettre à Peñarol de combattre une crise financière au sein du club et faire respirer les caisses. Pour Pellistri, la France devrait lui ouvrir les portes de la reconnaissance internationale. « Il y a eu deux clubs français en demi-finales de la Ligue des champions, la France est championne du monde en titre, Lyon est un excellent club qui forme de très bons joueurs, énumère Torres. Aujourd’hui, on parle beaucoup de la Premier League ou la Liga, mais je considère que la Ligue 1 est en train de croître à grande vitesse. Et je crois que Facundo est également d’accord sur cet aspect-là. » En 2021, Pellistri serait donc prêt à pousser ses premiers rugissements. Où faut-il signer ?
Par Antoine Donnarieix
Propos de Torres et Forlán recueillis par AD.