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Face à Monaco, Lyon a joué petit bras malgré ses quatre buts

Par Clément Gavard
5 minutes
Face à Monaco, Lyon a joué petit bras malgré ses quatre buts

Les obsédés du résultat ne retiendront qu'une chose après la soirée de dimanche : Lyon a explosé Monaco (4-1), un concurrent pour l'Europe, et revient tout près du podium. Les autres, plus exigeants, peuvent se demander si le jeu proposé par l'OL au Groupama Stadium est digne d'un effectif aussi fourni. Et d'un club historiquement habitué à dominer ses adversaires, en tout cas sur la scène nationale.

Ceux qui ont préféré passer leur dimanche soir devant Star Wars, La Deuxième Étoile ou l’épisode inédit de Faites entrer l’accusé – liste à laquelle on pourrait ajouter Rudi Garcia – ont probablement tous eu la même réaction en découvrant le résultat de Lyon-Monaco (4-1). Le tableau d’affichage est formel : l’OL s’est offert un succès éclatant face à un concurrent, une large victoire pour confirmer son regain de forme, et rappelle à tout le monde qu’il reste un candidat crédible au podium. Oui, mais c’est bien connu, un score ne dit pas tout. Si les plus pragmatiques pourront se satisfaire de cette soirée et des trois points empochés par les Gones, les romantiques, souvent plus exigeants, préféreront déplorer le jeu proposé par le club le plus puissant de l’Hexagone derrière le Paris Saint-Germain. Sans aucune compétition européenne à jouer, Lyon dispose d’un réservoir épatant au milieu comme en attaque. La succession de noms sur lesquels Rudi Garcia peut compter pour l’animation offensive de son équipe donne même le tournis, mais le papier n’est pas le terrain. Et sur la pelouse du Groupama Stadium, c’est un OL petit bras qui a expédié un Monaco kamikaze, mais joueur. Pas de quoi se pavaner.

La perte du Lyon

On peut faire dire n’importe quoi aux statistiques, c’est vrai, mais certaines peuvent dire beaucoup de choses de la philosophie d’une équipe. Les chiffres à la pause alors que Lyon menait fièrement 4-0 face à Monaco sont fous : 73% de possession pour l’ASM ! Et une efficacité redoutable pour les locaux. « On a marqué sur quatre tirs cadrés. Avant cette journée, on manquait anormalement de réussite, là on en a eu beaucoup, admettait Rudi Garcia à l’issue du match. Cela prouve qu’on avait raison de ne pas s’inquiéter. Même si je n’oublie pas qu’Antho Lopes fait au moins deux grands arrêts en première période pour nous aider à atteindre ce score. » Même constat au coup de sifflet final : cet OL a gagné 4-1, mais n’a rien proposé de rassurant ou d’excitant. La bande de Kovač a terminé la partie avec 67% de possession et surtout un total de 560 passes contre seulement 287 côté OL ! Une aberration pour une équipe qui aurait dû profiter de son armada offensive (Kadewere, Toko Ekambi, Depay, Aouar et Paqueta sur le terrain, Dembélé et Cherki sur le banc) pour détruire définitivement Monaco et prendre le jeu à son compte.

Peu importe le scénario, Lyon a préféré jouer très bas tout au long de la partie. Le manque de densité au milieu de terrain, qui devrait pourtant être une force de cette équipe vu l’effectif, est révélateur d’une équipe qui a préféré sauter les lignes avec des longs ballons plutôt que de miser sur un jeu de possessionSource : Whoscored

Un manque d’ambition expliqué par le coach Garcia face aux médias : « Il faut regarder les chiffres. Monaco est la moins bonne équipe du championnat dans la gestion des attaques rapides, donc quand on a vu ça, c’est juste logique d’essayer d’avoir des espaces à exploiter. Je suis content parce qu’on a vu beaucoup de combinaisons entre nos attaquants. Tous nos joueurs offensifs sont dans les bons coups. » Une satisfaction compréhensible si le plan de jeu était celui-ci, mais une question se pose : Lyon est-il vraiment destiné à devenir une équipe ne jurant que par le contre ? Jean-Michel Aulas et Juninho peuvent-ils accepter de voir les Rhodaniens subir avec un tel effectif ? Même si cette stratégie a fait ses preuves contre les grosses écuries européennes dans le Final 8 de la Ligue des champions, l’OL version Garcia doit-il se satisfaire de balancer des longs ballons quand il ambitionne une place sur le podium en fin de saison ? Ces interrogations sont tout aussi légitimes pour ceux qui ne souhaitent pas voir Lyon devenir une équipe de coups d’un soir. « J’ai été surpris de les voir évoluer avec un bloc aussi bas, s’est encore étonné Kovač en conférence de presse. C’était plus bas que prévu, alors qu’on a peut-être joué trop haut de notre côté. » Autre symptôme de cette frilosité lyonnaise : le néant d’une deuxième période durant laquelle Monaco aura baladé les Rhodaniens jusqu’à la 80e minute. « Une déception » pour Memphis Depay, qui a confié au micro de Téléfoot qu’il aurait aimé que son équipe « ne s’arrête pas de jouer ».

L’OL n’a pourtant plus d’excuses. Les joueurs ne sont plus handicapés par des semaines à trois matchs, ce qui facilite le travail de récupération et devrait surtout laisser le temps à Garcia de bosser sur des principes de jeu ambitieux et de mettre en place un collectif redoutable. Il y a aussi la satisfaction de pouvoir compter sur des individualités fortes. Notamment un trio Toko Ekambi, Depay, Kadawere de plus en plus complémentaire. Le premier a sorti un « un match énorme », dixit Garcia, au-delà de son doublé, le second a retrouvé ses jambes et sa technique, et le dernier se montre beaucoup plus à l’aise sur le côté droit. Après tout, le jeu direct de l’OL colle parfaitement au profil d’un joueur comme Toko Ekambi, souvent critiqué, mais dont la mobilité permet d’être plus utile qu’un Dembélé méconnaissable. Reste à savoir comment Lyon s’y prendra pour trouver la solution quand il se trouvera face à un bloc bas, laissant moins d’espaces, ou encore face à une équipe mieux rodée que Monaco. « Il va falloir être capables d’aller faire un résultat à Lille (le prochain adversaire de l’OL, N.D.L.R.), s’est projeté Garcia. Ces matchs contre des concurrents, c’est un peu notre Ligue des champions cette saison. Il faut être présents, élever notre niveau de jeu et être protagonistes, même à Lille. » Et peut-être aussi voir plus loin que le bout de son nez, en revenant à un plan de jeu plus conforme aux ambitions lyonnaises et à la notion de plaisir.

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