- CDM 2019
- Gr. F
- Suède-USA (0-2)
Face à la Suède, les États-Unis valident leur tiercé
Un record pour commencer : celui du plus grand nombre de buts inscrits en phase de poules d'une Coupe du monde (18). Une confirmation pour finir : celle qui veut que cette équipe est en mission et possède en elle le désir de tout déchiqueter sur son passage. Jeudi, au Havre, les Américaines ont bouclé leur premier tour avec une troisième victoire logique (0-2) face à leurs meilleures amies suédoises. Elles retrouveront l'Espagne lors des huitièmes de finale.
Suède 0-2 États-Unis
Buts : Horan (3e) et Heath (50e) pour les États-Unis.
Deux flèches, une cible et un classique. Les États-Unis ont humilié la Thaïlande ? Normal. Les États-Unis se sont amusés avec le Chili ? Ok, et alors ? Voilà une troisième victime : la Suède, l’adversaire que les Américaines ont le plus croisé dans leur histoire avec la Coupe du monde et contre qui elles n’avaient plus chopé le moindre succès dans la compétition depuis 2007. Confirmation : cette équipe n’est pas décidée à laisser la moindre miette et boucle ainsi son premier tour avec un 100% de victoires, 18 buts marqués, aucun encaissé. On appelle ça un monstre.
Cartouches et suffocation
« Bienvenue sur Air USA. Attachez vos ceintures, nous vous emmenons dans le mur, et le vol durera environ 90 minutes. » Et c’est parti pour le voyage, les secousses et loopings. Magdanela Eriksson a beau avoir hurlé avant la rencontre que la Suède n’a « pas peur » de retrouver des Américaines que les Scandinaves ont fait sauter au virage des quarts de finale lors des JO 2016, ses copines en prennent plein la tronche d’entrée. Sur son premier ballon, Tobin Heath fait danser Jonna Andersson, qui avale alors les premières secondes de sa vie en Coupe du monde, et Crystal Dunn met Jakobsson au sol sur une simple feinte de corps. Le ton est donné et le scénario aussi : après trois minutes de jeu, Lindsey Horan – à ne pas confrondre avec l’actrice de Lolita malgré moi – reprend aux six mètres un ballon dévié sur corner par Samantha Mewis et jette un froid sur le petit kop de Gilets jaunes placé derrière le but de Lindahl. Étouffées et martyrisées techniquement, les Suédoises sont scotchées à leur siège, voient Dunn lâcher deux cartouches dans le ciel havrais, mais surtout la clique de Jill Ellis déployer avec autorité sa toile.
Lavelle, Horan, Morgan, Rapinoe, Heath et Mewis pressent, combinent et ne passent pas loin d’assommer leurs dauphines du groupe F à plusieurs reprises. L’important est presque ailleurs : la Team USA va-t-elle enfin être un peu bousculée défensivement ? Oui, car la Suède, qui s’est présentée sur la piste avec quelques cadres au repos (Glas, Fischer, Eriksson, Hurtig), n’est pas non plus n’importe qui et sait profiter de quelques replis – deux ou trois, pas plus – approximatifs, ce qui file un peu de boulot à une Naeher impeccable sur une frappe lointaine de Blackstenius et une autre dans la surface signée Asllani. Avant la pause, Rose Lavelle tape une dernière fois sur Lindahl, et Jakobsson fait sortir Naeher de son canapé. Il est l’heure de souffler : 38% de possession de balle, 68% de passes réussies, une dizaine de frappes concédées… La Suède est dans une zone de turbulences.
Un milieu américain déconnectable, une Suède à revoir
Assommé par les pintes enchaînées en ville l’après-midi, le public américain se contente d’un repos bien mérité alors qu’Ellis change de gâchette offensive, Carli Lloyd venant remplacer Alex Morgan à la pause. Le message envoyé est clair : après avoir égalé le record de buts inscrits lors d’une phase de poules de Coupe du monde en première mi-temps (dix-sept buts, détenu jusqu’ici par la Norvège de 1995), les États-Unis veulent le faire exploser en morceaux, ce que Heath va faire cinq minutes après la pause. Assez pour finir la rencontre avec un cure-dents dans le bec ? Pas vraiment, le second but de la Team USA venant réveiller un peu les femmes de Gerhardsson, confirmer qu’avec un pressing bien ciblé, le milieu américain est partiellement déconnectable et ouvrir quelques failles dans une défense toujours intouchable statistiquement. C’est finalement dos au mur que cette Suède aura montré les choses les plus intéressantes, sans non plus faire vriller complètement un avion US leader du groupe F et passé tout proche d’un 3-0 en bout de match, sauvé par Lindahl devant Lloyd. Ce bolide vient de confirmer qu’il est prêt pour les grands voyages, ceux sans retour, ceux qui vont maintenant débuter. L’autre tournoi commence et les vraies explications avec.
Suède (4-5-1) : Lindahl ; Björn, Ilestedt, Sembrant, Andersson ; Jakobsson, Zigiotti, Asllani (Hurtig, 80e), Seger (Glas, 63e), Schough (Rolfo, 56e) ; Blackstenius. Sélectionneur : Peter Gerhardsson.
États-Unis (4-3-3) : Naeher ; O’Hara, Dahlkemper, Sauerbrunn, Dunn ; Mewis, Lavelle (Press, 63e), Horan ; Heath, Morgan (Lloyd, 46e), Rapinoe (Pugh, 83e). Sélectionneuse : Jill Ellis.
Résultats et classements de la Coupe du mondePar Maxime Brigand, au Havre