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Fabio Quagliarella, 40 ans et toujours beau
À 40 balais, Fabio Quagliarella est sur le point d'en finir avec la Serie A. Lui qui aura marqué le championnat italien par ses « Eurogol » disputera ce dimanche son ultime match dans l'élite. Comme un symbole, ce sera sur la pelouse du Napoli, au cœur de sa terre natale.
« Il y a qu’un seul capitaine », chantaient en chœur les tifosi de la Sampdoria – cantonnés à l’enfer cette saison – à la 88e minute de ce Sampdoria-Sassuolo (2-2) sans enjeu. Fabio Quagliarella le sait, en laissant sa place à Lammers, il vit ses dernières secondes sur la pelouse de Marassi, du moins en Serie A. Car oui, le doyen laisse encore planer le doute : « Les émotions sont indescriptibles. C’est très sûrement mon dernier match de Serie A devant le public de Marassi. Je suis prêt à porter ce maillot pour ramener le club à sa vraie place. Mon contrat se termine à la fin de la saison, s’il faut aider l’équipe en Serie B, je suis disponible. C’est à la nouvelle direction de décider », glissera-t-il après la rencontre, les larmes aux yeux.
Fabio Quagliarella's goodbye from the Samp faithful, 𝙞𝙣 𝙛𝙪𝙡𝙡 : pic.twitter.com/BLc4s1hAH5
— Lega Serie A (@SerieA_EN) May 27, 2023
Débarqué dans la cité portuaire en février 2016 (il y avait déjà fait une pige lors de l’exercice 2006-2007), Quagliarella n’aura cessé de faire chavirer le cœur des tifosi de la Doria, notamment lors de la saison 2018-2019 où il terminera capocannoniere (meilleur buteur du championnat, NDLR) avec 26 réalisations à 36 piges. Mais voilà, le plus célèbre des numéros 27 – qu’il portait en hommage à son ancien coéquipier et ami Niccolò Galli décédé brutalement dans un accident de la route – n’aura rien pu faire pour sauver « sa deuxième maison » de l’incendie. Avec un but en 22 rencontres, dont 6 titularisations, il n’aura pu porter son équipe sur ses épaules. Pour la première fois de son immense carrière, Fabio connaît la relégation : « C’est un moment triste, la fin d’une magnifique ère, et nous devons présenter nos excuses, surtout aux supporters qui ont toujours été fabuleux et qui n’ont cessé de croire en nous », lâchera-t-il dans une lettre ouverte sur ses réseaux sociaux. Une fin de carrière funeste donc. Mais rendons à Fabio ce qui appartient à Fabio : un joueur généreux, talentueux qui a marqué le championnat italien par ses buts fantastiques dont lui seul a le secret.
« L’homme aux buts impossibles »
Ce titre de la compilation postée par MrDlm97 le 7 juin 2011 sur YouTube résume de la meilleure des manières Quagliarella. Doué techniquement, doté d’une excellente vision de jeu et surtout chirurgical dans le dernier geste, l’international italien a illuminé la Serie A par ses Eurogol : Pescara, l’Atalanta, le Chievo ou encore le Napoli, tous ont été les cibles du talent de Fabio, sans oublier la Slovaquie lors du Mondial 2010.
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En Serie A, Fabio a tout connu : la lutte pour le maintien notamment ces dernières saisons, les trophées avec la Juventus, mais aussi les fabuleuses épopées avec Ascoli et surtout l’Udinese. Avec Antonio Di Natale, le quadragénaire formera notamment un duo fantastique : « On était vraiment trop forts, c’était impressionnant. J’ai vécu deux années exceptionnelles à Udine, surtout avec Antonio. C’est le meilleur attaquant avec lequel j’ai évolué, sans aucun doute. » Deux fabuleuses saisons, qui lui permettront de réaliser son rêve : jouer pour le Napoli en 2009-2010.
A very nice forwards line for Udinese Calcio in 2008/09 : Fabio QUAGLIARELLA – Alexis SANCHEZ – Antonio DI NATALE pic.twitter.com/EeSjYJKznw
— Old School Panini (@OldSchoolPanini) September 1, 2021
Naples, rendez-vous manqué
« Le destin a voulu que je joue le dernier match de ma carrière au Maradona », disait Fabio Quagliarella à la sortie de ce Samp-Sassuolo. Hasard du calendrier (ou pas), Il Capitano fermera le livre chez lui, à Naples. « Je suis un Napolitain avant tout. Mon père et mon frère étaient des amoureux du Napoli et de la Juve Stabia (basée à Castellammare di Stabia, NDLR). Mon père était même abonné aux deux clubs. Gamin, j’étais un véritable amoureux du Napoli, j’avais des posters dans ma chambre et forcément de Diego Maradona », confiait-il au Corriere dello Sport. C’est pourquoi, à l’été 2009, lorsqu’il reçoit un appel d’Aurelio De Laurentiis, il n’hésite pas une seule seconde. L’enfant du pays est de retour, devient le chouchou du San Paolo. Mais malgré une saison globalement réussie avec onze pions inscrits, Quagliarella traverse une période sombre, qui le contraint à plier bagage après seulement une saison à Naples. Pire encore, l’attaquant italien s’engage chez l’ennemi du Nord, la Juventus. Forcément, les tifosi napolitains ne l’acceptent pas. Mais ces derniers n’ont pas encore le fin mot de l’histoire.
Sept années ont passé, Quagliarella joue alors pour la Sampdoria. Et le 19 février 2017, après un match nul contre Cagliari (1-1), l’international italien vide son sac : « J’ai connu une période très difficile, beaucoup de mensonges ont été racontés sur mon départ de Naples. J’ai vécu un cauchemar pendant cinq ans. J’ai gardé le silence, mais maintenant que l’enquête est terminée, je peux m’exprimer. Ma famille a été menacée. Sans ces raisons, je serais resté à Naples. » Victime de chantage par un policier pendant plusieurs années, Fabio a vécu l’enfer. Les supporters napolitains rétropédalent : « Tu seras toujours ici chez toi. » Nul doute donc que le stade Diego-Armando-Maradona l’accueillera de la meilleure des manières ce dimanche pour son jubilé.
Par Tristan Pubert