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Fabinho, le discret indispensable
Suspendu pour ce quart de finale retour contre le Borussia Dortmund, Fabinho est peut-être le seul joueur irremplaçable à l’AS Monaco. Pas clinquant, pas bavard, pas forcément très beau, le Brésilien que personne ne connaissait en 2013 a laissé tomber son poste de latéral droit pour devenir le meilleur milieu de terrain d’Europe selon Leonardo Jardim. Sans lui, Monaco a pris une fessée face au Paris-SG en finale de Coupe la Ligue. Sans lui, Monaco n’est plus vraiment Monaco.
La scène en dit long sur l’importance de Fabinho à Monaco. 11 mars, zone mixte du stade Louis-II à la fin d’une rencontre gagnée contre Bordeaux (2-1). Tiémoué Bakayoko s’avance, serein, car l’ASM vient de battre les Girondins sans trembler. Au cœur du match, Fabinho a pris un carton jaune qui le suspend automatiquement de finale de Coupe de la Ligue contre le PSG, le 1er avril suivant. On taille la bavette avec « Baka » et lorsqu’on lui apprend que son acolyte de l’entrejeu manquera la finale, son regard se noie dans l’incompréhension. « Mais non ? Pour la finale ? T’es sûr ? Catastrophe… » « Fabi-Baka » , c’est le couple à la mode à l’ASM. L’un ratisse, l’autre aiguille. Le duo récupère, presse, tacle, perce, marque, prend le contrôle des airs et dicte le tempo de l’AS Monaco. « Quand on fait un bon match avec Fabinho, j’ai l’impression qu’il nous est difficile de perdre, avançait le milieu de terrain en janvier dans les colonnes de Nice-Matin. On a réussi à avoir de l’importance, tous les deux, dans le jeu de l’équipe. On est les deux premiers relanceurs et on doit être irréprochables à chaque match. » Si Tiémoué Bakayoko est si bon cette saison, c’est parce que le Monsieur propre de l’ASM – Fabinho – assure le SAV match après match. Quand le duo est disloqué, l’équilibre de l’équipe n’est plus tout à fait le même. En finale de Coupe de la Ligue, l’entrejeu monégasque a fait sans Fabinho. Hasard ou pas, l’ASM a pris l’eau face au PSG (1-4). João Moutinho, le troisième milieu dans la hiérarchie du Rocher, n’a ni la puissance physique de l’ancien Rennais, ni la science défensive du Brésilien. Et quand Monaco n’a pas la balle, « Mouti » peine à exister dans un milieu à deux.
« C’est le meilleur milieu européen à mes yeux »
C’était le cas contre le PSG, mais aussi face au Borussia Dortmund au match aller quand Bakayoko était suspendu. En résumé, l’ASM n’a pas le même rendement sur 90 minutes sans son duo, mais surtout sans Fabinho. Et le garçon vient de passer trois saisons au poste de latéral droit. « Il fait une grosse saison dans l’entrejeu, c’est le meilleur milieu européen à mes yeux » , détaillait Leonardo Jardim avant le match aller. Avant de traverser l’Atlantique pour se retrouver au Portugal via les réseaux de Jorge Mendes, Fabinho a fait ses classes au poste de milieu. C’est seulement en Europe qu’il a migré à droite, et notamment à l’ASM. C’est là qu’il s’est fait un nom, mais aussi une place en équipe nationale (quatre sélections). Depuis qu’il brille au milieu de terrain, il n’est plus convoqué et ça dure depuis un an. Tite, le sélectionneur, lui préfère Paulinho, Renato Augusto ou Giuliano. Ubuesque pour son coach. « Je suis désolé pour lui qu’il ne soit pas en sélection, mais je pense qu’il s’agit d’une question de temps. Il est très solide dans la tête, très mature pour son jeune âge (23 ans, ndlr). Avec moi, il n’y a plus aucune chance qu’il rejoue à droite. Un garçon d’un tel niveau au milieu de terrain ne doit plus bouger » , concluait Jardim. Une vision ferme et définitive qui n’était pas forcément celle du joueur à l’automne, dans des propos rapportés par L’Équipe. « En réalité, j’aime beaucoup jouer au milieu, mais à l’avenir je me vois plus comme un latéral, car il y a plus d’opportunités. Si j’étais appelé comme milieu en sélection, je changerais peut-être d’avis… » Ce n’est toujours pas le cas. Mais avec le Brésilien, rien n’est définitif. Pour preuve, alors que Falcao était le tireur de penalty numéro 1 du club malgré des échecs contre Tottenham et Manchester City, Fabinho a pour la première fois de la saison hérité de l’offrande au match aller alors que le Colombien était sur la pelouse. Avec un joli 13/13 dans l’exercice sous le maillot monégasque, on se disait que l’affaire était pliée. Et puis « Fabi » n’a pas trouvé le cadre. Comme quoi, il est humain. Ce soir, c’est dans les tribunes du Louis-II qu’il encouragera les siens avec l’envie d’aller dans le dernier carré. Ensuite, il ira fêter ça. À sa manière : au bowling. Son péché mignon.
Un club de Ligue 1 se verrait bien relancer Kolo MuaniPar Mathieu Faure