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Fabien Claude : « J’évite de mettre mon caleçon PSG pour les courses importantes »
Vice-champion olympique avec le relais masculin à Pékin et membre du top 15 mondial la saison passée, Fabien Claude compte bien poursuivre son ascension pour engranger un maximum de podiums et de victoires durant la nouvelle Olympiade. Et ce, dès mardi, jour de coup d'envoi de la Coupe du monde de biathlon, avec l'individuel de Kontiolahti (Finlande). Entretien avec un homme qui rêverait d'entraîner le Paris Saint-Germain.
Comment un Vosgien devient-il supporter du PSG ?Mon oncle était fan du PSG, c’est venu comme ça. Il y a des déceptions, beaucoup, en suivant cette équipe. (Rires.) Quand tu vois les deux buts en deux minutes contre le Real… Au bout d’un moment, tu te dis : « Mais ils le font exprès ou quoi ! » Il y a de très bons moments aussi. J’étais au Camp Nou en 2015 pour le retour Barça-PSG. À cette époque, la place à 200 euros faisait un petit trou dans le budget ! Même si on était tout en haut du stade, je voyais le grand Zlatan au milieu du terrain, on avait l’impression qu’il faisait deux têtes de plus que tout le monde. C’était un bon moment. C’est compliqué avec notre calendrier, mais j’espère aller de plus en plus souvent au Parc. Dans une autre carrière, j’aurais aimé être footballeur pro. C’est un petit regret de ne pas avoir poussé un peu plus. Mes parents étaient davantage dans le monde du ski, les orientations se sont assez vite dessinées.
Tu as joué pendant combien de temps ?J’ai commencé autour de mes sept ans et j’ai joué quatre ans, au Football Club de Vagney. Ça m’a trotté dans la tête de reprendre une licence au printemps. Après, il y a plusieurs problématiques : quand on fait des matchs entre potes, on leur donne la consigne qu’on va au contact gentiment. Dès l’instant où tu joues des matchs un peu plus officiels, si c’est pour avoir deux mois d’arrêt et se faire flinguer une cheville, non merci. Je ne peux pas aller jouer n’importe où, sinon je risque de me faire découper. Peut-être qu’à la fin de ma carrière, je me lancerai un peu plus dans la prise d’une nouvelle licence.
Pendant ta saison, tu arrives à jouer de temps en temps ?Quand on en a marre d’aller dehors, de faire du footing dans la forêt, on prend souvent un ballon. Émilien Jacquelin est fan de basket, donc on alterne entre foot et basket. Mais derrière, les kinés te disent que c’est accidentogène, tout ça… Ça arrive jusqu’au coach, et derrière, il nous limite un peu plus.
Qui se débrouille le mieux ?Eric Perrot est assez bon. Je crois même qu’il a une licence dans son club à Peisey-Nancroix. Ensuite, on va dire que mon petit frère et moi, avec des qualités différentes, on aime bien ça. Le moins bon, sans lui jeter la pierre, c’est Quentin (Fillon-Maillet). Il le sait, il l’accepte. On va dire qu’il ne s’est pas trompé de sport !
C’est facile de suivre les matchs avec ton emploi du temps de biathlète ?Quand on est en Scandinavie, c’est un peu chiant parce qu’avec une heure de plus, les matchs finissent à minuit ou minuit et demi. Si t’as une course le lendemain… À chaque fois, je me dis : « Bon, je ne regarde que la première période. » Mais en fait, je regarde en entier et je vais me coucher un peu tard. On dispatche les abonnements entre frangins pour avoir accès à tous les matchs. Une saison, c’est très routinier, alors c’est plaisant de se changer les idées quand il y a des gros matchs dans la semaine.
Ça t’est arrivé de te coucher un peu tard pour un match et de le regretter le lendemain ?Pas forcément, mais je me rappelle qu’on était à Kontiolahti lors du fameux retour Barça-PSG perdu 6-1. Le soir, je fanfaronnais au repas devant les autres nations, j’avais le maillot de Paris. Le lendemain, au petit-déj’, tout le monde me charriait. « Tiens, t’as pas mis le maillot ce matin ! » J’avais un peu la gueule de bois…
L’IBU t’a facilité les choses cette saison en modifiant les horaires des courses pour ne pas coïncider avec le Mondial.Ça, c’est top. C’est une super stratégie de l’IBU pour ne perdre aucun viewer. J’ai regardé quasiment 100% des matchs jusque-là, je sens que ça va bien m’occuper sur ce début de saison. (Rires.) Pour moi, on va aller dans le carré final. Après, ça reste le match d’un jour. Mais il y a une bonne énergie, on peut y croire. Et ils y croient. La finale tombe le soir de la dernière course au Grand-Bornand, ça peut être une belle fête.
Dans un vlog d’Antonin Guigonnat, tu hésitais entre lire la bio de Giroud et celle de Zidane. Tu avais choisi laquelle finalement ?J’ai lu les deux. Celle de Giroud est assez inspirante. Plus que celle de Zidane, où tu sais déjà ce que tu vas trouver dedans avant de la lire. Tout le monde l’encense. Giroud, c’est un galérien, un mec qui ne lâche rien. On ne lui a jamais rien donné dans la vie. Je trouve que les gens qui croient en leur objectif, qui réussissent après avoir galéré, c’est plus inspirant par rapport à ceux qui ont tout du premier coup. Mbappé, Fourcade ou Zidane, c’est trop exceptionnel. La norme, c’est plutôt les gens qui galèrent, et ce qui fait la différence, c’est de continuer à croire en ses rêves.
Au mois d’avril, tu as été invité à donner le coup d’envoi de Strasbourg-PSG. C’était comment ?J’étais comme un gosse à côté des trois stars du PSG, mais tu ne peux pas les approcher plus que ça. J’ai quand même eu la chance de faire une accolade à Neymar en repartant. Je pense qu’il ne savait pas qui j’étais, mais je suis sorti de là comme un gamin ! J’ai eu quelques frissons. À terme, j’espère avoir la chance de me rapprocher de tout ça. Quand j’étais plus jeune, j’avais comme projet de devenir entraîneur d’un grand club, ou préparateur physique. L’élu aux sports de notre région, Bob Tahri, était à Monaco pendant trois ans en tant que préparateur physique et on a pas mal échangé.
Tu voulais être coach dans le foot ?Quand j’étais en STAPS à Grenoble, on nous demandait de faire des projets de carrière. Mon projet A, c’était entraîneur dans un sport co, de préférence le foot. J’aurais aimé entraîner un grand club comme le PSG. Je me suis pas mal renseigné sur les formations qu’il fallait faire et au fur et à mesure, ça s’est un peu éloigné. On ne sait jamais, ça peut revenir plus vite que prévu selon les opportunités. J’ai bien vu qu’en deux ans mon carnet d’adresses a beaucoup changé, donc on ne sait jamais ! Autant en profiter si j’ai la chance de mener à terme des rêves un peu fous.
Donc on te verra peut-être un jour sur le banc du PSG ?Je ne sais pas, on verra ! Ça peut être aussi impossible que possible.
D’ailleurs, il paraît que tu as un caleçon aux couleurs du club, c’est vrai ?Bien renseigné ! (Rires.) J’ai un caleçon PSG, plusieurs maillots et des shorts. J’adore m’habiller en footeux pendant le printemps, quand je peux aller jouer au foot.
C’est un caleçon porte-bonheur ?Porte-bonheur, je ne dirais pas ça. À un moment, je m’étais dit que ça pouvait l’être, mais j’avais fait de très mauvaises courses avec… Même si je ne suis pas superstitieux, pour les courses importantes, j’évite généralement de le mettre. (Rires.) Je le garde pour les grandes occasions, mais en dehors des courses.
Propos recueillis par Quentin Ballue