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Fabbri, la vida tombola
Grand artisan de la dernière moisson de trophées du FC Nantes, Nestor Fabbri a rangé ses crampons de défenseur depuis 2005 et se réinvente à Buenos Aires. Son nouveau travail ? Propriétaire d’une agence de loterie.
La Brigade Loire avait bel et bien raison. À la suite d’une énième prise de bec avec leur direction, les ultras du FC Nantes souhaitent se faire entendre. Il faut dire que Kléber Bobin, nommé président en début d’année à la place de Jean-René Toumelin, n’est pas à la hauteur des attentes d’un club septuple champion de France, qui ne parvient pas à se hisser dans les premiers rôles de la Division 1. Le 3 avril 1999, jour de la réception de l’AJ Auxerre, le virage de la BL déploie une banderole pleine de sens : « Un solo presidente en Nantes : Nestor Fabbri ! » Un hommage à leur patron défensif venu tout droit de Boca Juniors, et qui éclabousse le championnat de France de toute sa classe depuis un peu plus d’un an. Si ce libéro à l’ancienne sera évidemment touché par le geste des supporters à son égard, l’histoire semble se répéter. À 49 ans passés, El Presidente Fabbri est désormais son propre chef. Un autogestionnaire qui officie dans une loterie située dans le centre de Buenos Aires. Et qui lui permet de faire du chiffre.
« J’aime jouer au casino, j’aime les numéros »
En réalité, Fabbri et sa famille détiennent les locaux depuis dix ans, peu après la dernière pige sportive de l’homme aux cheveux d’or au Club Atlético All Boys. Situé dans l’appartement voisin au bureau où les clients peuvent remplir leurs grilles de numéros, Nestor vit avec son épouse et son beau-frère. Dans une vie beaucoup plus calme que celle de sa période de footballeur, le Porteño (le nom des habitants de Buenos Aires) profite de l’instant présent. « Certains passent tous les jours, cela permet de connaître les petites histoires du quartier, explique Fabbri pour TyC Sports. Les gens pensent que nous sommes des stars intouchables… Pour être franc, nous sommes parfois encore plus simples que les personnes qui passent tous les jours par ici. » S’il gère toujours des affaires d’agent de joueur, notamment à l’égard de son neveu Jonathan Calleri (West Ham), Fabbri assouvit sa deuxième passion grâce à son nouveau travail. « J’ai toujours aimé jouer, je suis un compétiteur sur tous les fronts. J’aime jouer au casino, j’aime les numéros. Si je n’avais pas été joueur de football, j’aurais opté pour comptable. Franchement, c’est ma reconversion rêvée ! » Manipuler des bulletins ou jouer avec Diego Maradona, un plaisir partagé.
Le banquier est roi
Le plus fou, c’est que la carrière de La Tota toucherait presque à l’excellence. Meilleur joueur du championnat argentin 1987 avec le Racing Club de Avellaneda, finaliste de la Coupe du monde 1990 avec l’Albiceleste dans sa période à Boca, pilier du FC Nantes concocté par Raynald Denoueix et membre de l’En Avant de Guingamp aux côtés de Didier Drogba et Florent Malouda, Fabbri n’en demeure pas moins un brin nostalgique de ses années plus fougueuses. « Si je dois avoir un seul regret, c’est celui d’avoir passé toutes ces années. Parce que si j’étais encore dans la capacité de jouer au haut niveau, je continuerais à jouer, c’est sûr. » Quitte à perdre de l’énergie, autant chercher à gagner de l’argent. Avec les tirages de numéros fétiches, bien entendu. « Je gagne de temps en temps, sourit Fabbri. Mais comme le dit le dicton : « À la fin, c’est toujours la banque qui gagne. » » Si même un président se fait rattraper par la banque…
Par Antoine Donnarieix