F.Hantz : «Si on attend que l’OM soit champion, il faut s’inquiéter»

La Ligue 1 peut-elle échapper à Bordeaux ?

Une saison, c’est long. Lyon a l’avantage de l’expérience en Ligue des Champions. Alors que si Bordeaux perd à St-Étienne, on peut penser que c’est la conséquence directe du mercredi. Bordeaux va laisser beaucoup d’énergie. Sa non-qualification de l’année dernière l’a aidé à être champion. Cette année, les choses vont donc se rééquilibrer entre les deux même si Bordeaux est encore monté d’un cran. Ils ont affiné leurs automatismes, ils ont désormais la capacité à prendre le jeu à leur compte. Tout ça se voit en Ligue des Champions. Un nul à la Juve et une victoire 1-0 face à Haïfa, c’est très bien. L’an dernier, ils auraient perdu sur un contre. 1-0 signifie que ce n’était pas facile et qu’ils ont gagné. Bordeaux a avancé. En deux ans, ils sont arrivés au niveau de Lyon. Presque impensable tellement le fossé était grand.

Qu’est-ce qui fait la différence entre Lyon et Bordeaux aujourd’hui ?

Pas grand-chose. Des choix tactiques surtout. Sur le fond de jeu, les automatismes et le projet, ils ont énormément de similitudes. Lyon a retrouvé un esprit, une ligne directrice. Puel a retrouvé du crédit par rapport à ses choix. Il faut pas oublier qu’à l’intersaison, il y a eu le cas Juninho et le départ de Benzema. Faut se souvenir des difficultés au mois de mai. La manière dont il a avancé dans son projet est remarquable. Sinon Bordeaux et Lyon ont beaucoup de similitudes : une qualité individuelle au-delà des autres équipes, une qualité collective au-delà des autres équipes. Il est objectivement difficile de dire qu’une troisième équipe puisse se mêler à la lutte des deux.

« Lyon ira en finale de la Ligue des Champions. Peut-être cette année »

Faut-il s’inquiéter pour Marseille ?

Ça dépend de ce qu’on attend de Marseille. Si on attend qu’ils soient champions, oui il faut s’inquiéter. Après il faut arrêter de voir les choses au premier degré. Faut pas oublier l’intersaison qu’ils ont vécue. Ils ont changé de président et d’entraîneur. C’était pas il y a trois ans, c’était il y a deux mois. Ça implique des changements en externe et en interne. Tout le staff, dans les bureaux, la direction. Même s’ils en ont les compétences, c’est trop de nouveautés pour prétendre à un titre. Le titre aurait été possible s’ils avaient été rapidement premiers. Il faut les laisser se construire. Au premier degré -sur le terrain- c’est vrai qu’on se pose des questions sur le bloc équipe et le fond de jeu. L’équipe a du mal à garder un équilibre sur la durée. Le bloc se disloque, ils prennent des buts casquette. Avec toutes les nouveautés, finir cinquième serait très bien. L’objectif pour l’OM, c’est la Ligue des Champions.

Quelle place peut viser le Paris St-Germain ?

Trois, quatre, cinq. Quand on s’appelle Paris, on ne peut pas officiellement avoir d’autres ambitions. Ceci même les années où Paris vaut la 8ème place. Comme pour Marseille, ça rajoute à la pression déjà présente. Contre Lyon, la victoire s’est transformée en nul. Ils ont produit un match exceptionnel. Ils se prennent un but sur hors-jeu. C’est un match tournant. En raison de l’arbitrage, ils n’ont pas les trois points. C’est deux points de perdus et une dynamique dans laquelle ça ne te met pas. Après, quand Paris gardera le même entraîneur et le même président pendant trois ans, ça sera différent. C’est l’histoire du second degré. Dans les bureaux, les vestiaires, chacun doit comprendre la stratégie. La confiance doit s’installer. Au foot comme dans d’autres domaines, c’est avant tout une aventure humaine.

« Lorient est une équipe de bons terrains »

Montpellier, Lorient : qui sera la surprise le 15 mai prochain ?

La question pour Lorient, c’est de savoir comment ils vont passer l’hiver. Lorient est une équipe de bons terrains car elle mise sur le jeu de passes. Il est fréquent de les voir faire un bon début de saison. Ils ont l’avantage d’avoir un système en place, et d’être donc très vite prêts par rapport aux choix tactiques. Lorient s’améliore d’année en année. Mais en hiver, les terrains sont plus lourds. C’est un gros combat athlétique plus que tactique. L’année dernière, Ciani a donné cette note athlétique. Il n’y a pas de doute qu’ils finiront dans les dix premiers. Cinq premiers, c’est possible. On aura la réponse en février, mars. Pour Montpellier, c’est pareil pour d’autres raisons. Ils redécouvrent la Ligue 1. Et ça se paye à un moment. Pour une 15ème place, ils auraient signé des deux coudes. Ils sont troisièmes avec 17 points. A la mi-saison, certaines équipes n’en auront pas autant. C’est un parcours de Ligue des Champions. Là c’est la trêve. Les joueurs lisent la presse, prennent les compliments. Les jeunes joueurs peuvent s’oublier là-dessus même si Montpellier a des joueurs d’expérience et un entraîneur humble et travailleur qui sait que c’est long et que ça peut aller vite. Ils passeront moins bien les prochains mois qu’une équipe en Ligue 1 depuis cinq ans.

Monaco, Rennes, Lille, Toulouse valideront-ils un jour leur ticket pour la première classe ?

Même réponse que pour Paris et Marseille. Oui s’il y a de la stabilité à la tête du club. Monaco devrait connaître les affres d’une longue saison. Par sa localisation géographique et son patrimoine culturel, en termes de stabilité, Monaco peut revenir plus vite si les résultats s’enchaînent. En termes de moyens, même si je n’ai pas les yeux dans les comptes, ils en ont moins qu’il y a une dizaine d’années. Ils peuvent faire dans les huit cette année. Dans les cinq, si le projet s’inscrit dans la stabilité. Mais des quatre cités, c’est Rennes le plus proche du point de vue de l’expérience, des moyens, de la constance des hommes à la tête du club. Fred Antonetti ajoute une touche de nouveauté. C’est pas payé en termes de points et de prestations pour l’instant. A terme, ils peuvent gratter une place en Ligue des Champions. Tout comme Lyon ira en finale de la Ligue des Champions. Peut-être cette année, où on les attend le moins. Sur les dix ans, il est incroyable que Rennes n’ait pas de titre. Statistiquement les anomalies se résolvent. Cette année, Rennes aura une coupe ou finira dans les trois premiers.

« Il est difficile d’imaginer que Grenoble prenne 42 points dans les 30 journées restantes »

Enfin, un conseil pour Bazdarevic ?

Je n’ai pas à donner de conseils. Chacun vit à un moment donné une situation. Très difficile pour lui. J’ai connu cela avec Sochaux. Ce sont des moments très pénibles, très difficiles. Il faut qu’il ait le courage de tenir le cap. Il connaît le club, a une légitimité. Quand je lis ses propos, ça me gêne, car je sens de la souffrance. Ce sont de grands moments de solitude. Rester positif, c’est dur car les médias, les supporters, les dirigeants, les joueurs, par leurs attitudes, te rappellent que ça ne va pas bien. Il est difficile de sortir d’une spirale négative. Tout comme il sera difficile de prendre 42 points dans les 30 prochaines journées. Il faut l’avoir vécu pour en parler. Et même quand on l’a vécu, chaque club est différent, chaque contexte est différent. J’ai pas à donner de conseils. Je fais un simple constat. Allez Micha, bats-toi !