- Coronavirus
Exilé en Espagne, le Wuhan Zall FC va se réfugier… à Wuhan
Réfugié en Espagne depuis trois mois, le Wuhan Zall FC, club de la ville chinoise d'où est partie l'épidémie de coronavirus, va rentrer se réfugier... à Wuhan. Un beau paradoxe.
Il y a encore quelques semaines, l’Espagne était, pour le Wuhan Zall FC, un véritable eldorado. Un endroit où les joueurs de l’équipe chinoise pouvaient tranquillement s’entraîner pendant que leur ville d’origine, Wuhan, était placée en quarantaine. Mais aujourd’hui, la situation s’est complètement inversée. Et voilà que les joueurs du Wuhan Zall FC – parmi lesquels Eddy Gnahoré – s’apprêtent à quitter l’Espagne, où le coronavirus se propage se plus en plus, pour aller se réfugier… à Wuhan ! Une situation improbable, complètement à l’envers, et qui prouve résolument que la vérité d’un jour n’est, par les temps qui courent, pas celle du lendemain.
Stage à Cadix et Clásico
Retour en arrière de quelques semaines. Au mois de décembre 2019, le coronavirus COVID-19 fait son apparition sur un marché de Wuhan, en Chine. C’est de là que part l’épidémie, aujourd’hui requalifiée en pandémie. Rapidement, la ville toute entière est mise en quarantaine et, forcément, la reprise du championnat chinois est annulée. À ce moment-là, l’équipe de la ville de Wuhan, le Wuhan Zall FC, est en stage de pré-saison au soleil, en Espagne. À Cadix, très précisément. Les joueurs assistent donc à la mise en quarantaine de la ville depuis l’Europe, à l’abri du virus. « La situation est vraiment compliquée, racontait à Sofoot.com Rafael Silva, l’attaquant du club.Et elle l’est de plus en plus, parce qu’on partage notre quotidien avec des Chinois qui ont de la famille là-bas, à Wuhan. On les voit bouleversés, chaque jour plus préoccupés par cette épidémie. »
Évidemment, tous les joueurs subissent un test au coronavirus. Aucun symptôme, tous sont négatifs. Aussi parce que, même avant leur arrivée en Espagne, ils s’étaient entraînés loin de Wuhan. Face aux nouvelles qui leur parviennent de Chine, ils décident de prolonger leur séjour en Espagne pour une durée indéterminée. « Je ne sais pas du tout si je vais rentrer, quand je vais rentrer, ni quand le championnat reprendra, expliquait Rafael Silva. Donc tout ce qu’on peut faire, c’est continuer à s’entraîner, se préparer chaque jour et attendre. » Un mal pour un bien : le 1er mars, le Wuhan Zall FC est invité à assister au Clásico entre le Real Madrid et le Barça.
Le retour de bâton
Oui, mais voilà. En quelques semaines, le virus s’est propagé dans le monde entier, et l’Espagne n’y échappe pas. Le COVID-19 est arrivé à Madrid, et les joueurs du Real Madrid sont même aujourd’hui en quarantaine. Paradoxalement, à Wuhan, les choses semblent s’améliorer, même si les autorités chinoises restent très mesurées. On apprend tout de même que certains hôpitaux montés de toutes pièces pour faire face à la crise ont fermé, que des entreprises ont rouvert, et que les cas de contagion sont désormais quasiment nuls. Tout l’inverse de l’Espagne, en somme. Alors, forcément, le club du Wuhan Zall FC vient de prendre une décision : pour fuir le virus, ils vont aller se réfugier… à Wuhan.
C’est le coach, José González, qui l’a expliqué à l’agence espagnole Efe. « Le problème est désormais ici, en Espagne, alors qu’en Chine, il est pratiquement résolu. » Et cela ne va pas traîner : leur vol retour est prévu pour demain, samedi. La raison de ce départ express ? La peur que la Chine ne limite rapidement les vols en provenance d’Europe, de peur d’un afflux d’Européens contaminés. L’histoire du serpent qui se mord la queue.
Par Éric Maggiori