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Examen de grec ancien pour Tottenham
Ce soir, le Panathinaïkos et Tottenham se disputent la qualification à White Hart Lane. Les données du problème sont assez simples : le vainqueur se qualifie, le perdant est éliminé. En cas de nul, c’est Tottenham qui passe.
En toute sincérité, lors du tirage au sort, on n’aurait guère imaginé que ce Tottenham-Panathinaïkos aurait pu être décisif. Dans ce groupe, la Lazio et Tottenham faisaient figure de favoris, et semblaient destinés à une qualification tranquille. En réalité, la tâche s’est avérée beaucoup plus compliquée que prévu pour les Anglais. Si la Lazio a déjà assuré sa qualification, grâce, entre autres, à la meilleure défense de la compétition (un but encaissé en cinq journées), le club d’André Villas-Boas a galéré. Invaincue depuis le début de la compétition, l’équipe londonienne a toutefois ramé pour obtenir des résultats convaincants, et également pour marquer des buts : cinq, seulement, en cinq journées. Du coup, à 90 minutes de la fin des phases de poules, Tottenham vit un drôle de paradoxe : ils peuvent très bien être éliminés ce soir, mais peuvent aussi, à l’inverse, terminer en tête du groupe. Pour ce, il faudra s’imposer contre le Pana et espérer, dans le même temps, une défaite de la Lazio à Maribor. Mais attention. En face, le Panathinaïkos n’est pas encore mort et enterré. Les Grecs, il y a quinze jours, ont obtenu une victoire synonyme d’espoir contre Maribor, qui leur permet de rêver encore à une qualification. Une qualification qui passe, forcément, par une victoire à White Hart Lane. Tiens, cela ne nous rappellerait pas quelque chose, ça ?
Belle série en cours
Retour en arrière d’une année. 30 novembre 2011. Cinquième journée des phases de poules de l’Europa League. Tottenham joue déjà une bonne partie de sa qualification à domicile contre un club grec. Il ne s’agit pas du Pana, mais du PAOK. Avec une victoire, Tottenham, alors entraîné par Harry Redknapp, se qualifie pour les seizièmes. Mais en un quart d’heure, le PAOK douche l’enthousiasme des fans londoniens. Salpingidis, puis Athanasiadis inscrivent d’entrée de jeu les deux buts qui éliminent Tottenham, malgré le but de Modrić sur pénalty peu avant la pause. Un traumatisme, que les fans n’ont pas oublié. Évidemment, les Spurs ne veulent pas revivre une telle situation. Or, la dynamique est clairement dans leur camp. En Premier League, ils restent sur trois succès consécutifs, dont une victoire 3-0 sur la pelouse de Fulham qui leur a permis de remonter à la quatrième position, à hauteur de Chelsea et West Bromwich.
De quoi gonfler à bloc le moral du coach lusitanien. « Nous venons d’une série positive importante. Il va falloir la compléter face au Panathinaïkos. Après le match nul contre la Lazio, il est important pour nous de s’imposer à White Hart Lane pour nous qualifier, et éventuellement revenir dans la course pour la première place » , a-t-il assuré. De fait, la première place est toujours envisageable pour Tottenham, qui ne compte que deux points de retard sur le leader italien. En cas d’égalité entre les deux équipes en tête du groupe (victoire de Tottenham face au Pana et nul de la Lazio à Maribor), les Spurs ne s’adjugeraient la première place que s’ils s’imposent par plus de deux buts d’écart, car leur goal average particulier est en parfait équilibre (0-0 à l’aller et au retour). Voilà une motivation en plus, pour Bale, Defoe et toute la clique, pour développer un football offensif et marquer un maximum de buts. Mais le Pana, qui dispute là la semaine la plus importante de sa saison, n’a évidemment pas dit son dernier mot.
Économies d’EDF
De fait, c’est une sacrée semaine pour le club grec. Dimanche, le Pana a remporté le derby d’Athènes face au Panionios (1-2). Une première étape avant les quatre jours fous qui attendent les joueurs de l’Argentin Juan Ramón Rocha. D’abord, la rencontre décisive face à Tottenham, puis, dimanche, le match face au grand rival, et qui plus est leader du championnat grec, l’Olympiakos. Une semaine qui arrive dans un moment où le club n’a jamais été aussi mal sur le plan financier. La dernière histoire en date : le Pana n’a tellement plus de thunes que le club essaie par tous les moyens de faire des économies. Le gestionnaire du stade Olympique a donc demandé que tous les matchs à domicile soient disputés le plus tôt possible dans la journée (début d’après-midi), afin d’utiliser au minimum les éclairages du stade et donc faire des économies sur les factures. Pire encore, à partir de janvier prochain, le Pana devrait quitter le stade Olympique, trop onéreux, pour jouer dans son vieux (dans tous les sens du terme) stade Apostolos Nikolaidis.
Et tout cela intervient quelques semaines après le changement d’entraîneur et le licenciement de Jesualdo Ferreira. Bref, la période faste, pour le Pana, semble loin derrière. Largués en championnat (6e à 16 points de l’intouchable leader), les « Tryffili » n’ont donc plus que la Ligue Europa pour exister encore un peu cette saison. En gros, un club en crise financière et en crise de résultats (même si on observe un mieux depuis quelques semaines, avec quatre victoires lors des cinq derniers matchs toutes compétitions confondues), qui pourrait littéralement donner un sens à sa saison en réalisant un gros coup, ce soir, à White Hart Lane. Ce ne sera évidemment pas facile. Le Pana n’a plus l’effectif d’il y a quelques années, notamment en attaque, où le seul Toché (ancien pensionnaire de D2 espagnole, c’est dire) semble en mesure de marquer des buts. On l’aura compris : gagner ce soir à Londres relèverait plus du miracle que de l’exploit. Mais bon. La Grèce, la mythologie, les divinités, Charisteas… Tout est possible, après tout, non ?
Eric Maggiori