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Examen commun pour Seedorf et Benitez
Ils s'étaient manqués de peu au Real Madrid, puis s'étaient retrouvés le temps d'une longue nuit pour l'Histoire à Istanbul en mai 2005. Si ce Napoli-Milan n'aura pas des airs de revanche personnelle pour Clarence Seedorf, il s'agira du premier grand test du Néerlandais sur le banc de touche de l'institution milanaise. Du côté des Azzurri, les dernières semaines difficiles ont fait naître de sérieux doutes sur la capacité de Rafael Benítez à faire du Napoli un grand d'Europe…
C’est l’histoire d’un jeune débutant qui se rend à un examen et tombe sur un expert lui aussi contraint de le repasser. Forcément, il y a une certaine gêne, un malaise. Seedorf est un novice, il est préparé à l’affrontement. C’est la nature : il faut faire ses preuves, apprendre, tomber, se relever et grandir. Mais pourquoi un examen pour Benítez ? Parce qu’une big italienne ne peut se permettre, jamais, de perdre 3-0 à Bergame. Après avoir entamé la saison armé jusqu’aux dents pour aller chasser les zèbres de Conte, l’Espagnol se retrouve à s’accrocher comme il peut à cette troisième place, soit l’objectif minimum pour De Laurentiis. Après deux matchs nuls et une lourde défaite à Bergame, en plus de l’élimination en C1, l’Italie se met à douter. À nouveau…
La première « big » de Seedorf
Une première fois, c’est un saut en avant. Seedorf ignore où ses Rossoneri finiront par tomber face aux Azzurri, mais il sait déjà que le vol sera intense, excitant, fou. À peine une vingtaine de jours après avoir pris sa retraite en tant que joueur, voilà qu’un autre Clarence débarque au bouillant San Paolo pour se mesurer à Rafa Benítez. Tout va très vite, donc. Certes, le Milan, à quinze points de la Ligue des champions et éliminé en Coupe d’Italie par Udinese, n’a plus grand enjeu sur le plan comptable. Mais à ce stade-là, toute performance ou contre-performance peut faire référence. Et en seize journées, des idées ont le temps de naître : du jeu, des stars, des buts, des souvenirs. Seedorf doit donc d’une part préparer la saison prochaine, et d’autre part transmettre suffisamment de confiance au club pour entamer un cycle positif.
Pour le moment, son Milan fait du zigzag. Convaincant dans le caractère contre l’Hellas (1-0) et Cagliari (remontée 1-2), dérouté dans le jeu par le Torino (1-1) et l’Udinese (1-2) en Coppa Italia. Alors qu’un système adapté à un trequartista se faisait sentir, Seedorf semble avoir la priorité du milieu à deux et des envies de chevauchées ailées : 4-2-3-1. Pour le moment, les seuls changements à noter vont tous vers le sens de l’offensive « berlusconienne » : la titularisation de Rami, des latéraux plus joueurs (Emanuelson et De Sciglio), Montolivo et une touche de densité au milieu (De Jong ou Muntari) et un quatuor offensif plus ou moins étoilé (Balotelli/Pazzini, Honda, Robinho et Kaká). Kaká incertain, le San Paolo pourrait avoir l’immense privilège d’assister au baptême de Taarabt en Serie A. Une formation offensive qui, malheureusement, manque cruellement de temps pour apprendre à s’équilibrer. Essien (et le Milan Lab) suffira-t-il ?
Benítez face à ses vieux démons
Saison 2010/2011. Mourinho s’échappe par la fenêtre et Moratti appelle ce qu’il trouve de plus prestigieux : la personnalité élégante du Madrilène Rafael Benítez. Puis viennent des changements de méthodes, des blessures, du turnover, des défaites et un mercato à préparer. La gestion du vestiaire lui sera fatale : après avoir fait entrer en jeu Mariga à la place de Materazzi dans les derniers instants de la finale du Mondial des clubs, Benítez rentre d’Abou Dabi pour mieux refaire ses valises. Saison 2013/2014. Après un départ tonitruant, après avoir convaincu le monde du football italien qu’Higuaín était un buteur de classe mondiale et que De Laurentiis avait finalement bien fait de laisser partir Paolo Cannavaro et Hugo Campagnaro, le schéma semble se répéter. Et l’Italie doute de ses méthodes et sa tactique.
En prévision de l’aller de la demi-finale de Coppa Italia contre la Roma (défaite 3-2), Rafa avait laissé Hamšík, Higuaín et Behrami sur le banc à Bergame. Résultat : 0-3 et une perte de crédibilité importante pour un projet jusque-là populaire. Materazzi commença sur Twitter : « La même tactique, les mêmes méthodes, le même air de péteux. Ils commencent à te connaître. Mieux vaut tard que jamais. » Avant que Fabio Cannavaro ne profite de l’occasion du départ de son frère pour enfoncer le couteau dans la plaie : « Bonne chance Paolino, et mes compliments à celui qui t’a fait sentir comme un étranger dans ta propre maison !!! » En ce qui concerne la tactique, le tout est superbement résumé par Aberto Cerruti de la Gazzetta dello Sport : « Faire jouer quatre défenseurs, qui en réalité en sont deux parce que les latéraux ne savent pas défendre, mais surtout quatre attaquants, avec Higuaín devant un trident variable soutenu seulement par deux milieux, c’est un risque qui ne paye pas toujours. Et voilà pourquoi on en vient maintenant à douter de l’expérience internationale de Benítez, qui n’est jamais revenu sur ses idées, ni même dans le duel crucial de Dortmund. » Comment passer à une défense à quatre, avec les mêmes latéraux, sans transition ?
Duel de 4-2-3-1, Pipita, Balo et des nouveaux
Le match aller avait été présenté comme un retour, le temps d’une soirée à San Siro, vers l’époque où les plus grands numéros 9 d’Europe se disputaient la domination du royaume de la Serie A. C’était Balotelli contre Higuaín, et cela avait fini à 2-1 pour Benítez. Si ce match retour aura un léger goût de Ligue 1 (Ghoulam, Mexès et Rami), ce sera surtout l’occasion d’accueillir les nouveaux milanistes Essien et Taarabt. Les deux milieux de chaque équipe passent aussi un vrai test : la première d’Essien-De Jong, qui devrait participer au huitième de finale de C1 contre l’Atlético, face à la très prometteuse paire Inler-Jorginho.
Un duel entre deux entraîneurs orgueilleux venus tester leurs 4-2-3-1, ce qui laisse prévoir peu de contrôle au milieu de terrain, beaucoup de rythme, de nombreux débordements et des buts à Naples. En clair, Rami-Mexès contre l’armada de Benítez, et les grossières failles napolitaines contre la fantaisie de Seedorf. Avec, toujours, Higuaín d’un côté, et Balotelli de l’autre.
Par Markus Kaufmann
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