- Euro 2016
- Quarts
- France-Islande (5-2)
Évra de ville, Évra des champs
D’un côté, le Patrice fier, franc et responsable avec le monde extérieur. De l’autre, le Patrice à réaction, en retard et tête en l’air sur le pré.
C’est du jamais vu. En mars dernier, Patrice Évra a invité certains des plus fidèles supporters de l’équipe de France à Clairefontaine et a entamé une collaboration avec eux. Une démarche qui va dans le bon sens, puisque c’est un moyen de raviver cette flamme depuis trop longtemps malmenée et puisque les deux parties n’ont jamais vraiment appris à communiquer. En plus d’écouter, Patrice s’est même permis de donner son avis en matière de supportariat : scander le nom des joueurs après une belle action, lancer plus de chants quand les Bleus sont menés, mettre la pression sur les adversaires, ne pas lancer des olas pendant le match et surtout à 0-0, arrêter de chanter : « Et 1, et 2, et 3-0 » parce que c’est trop lié à la précédente génération. En gros, il prend ses responsabilités et garde même le contact sur Instagram, chose nouvelle pour lui.
À ce que ces coéquipiers en disent, et à ce que l’on en voit également aux entraînements, c’est la même chose dans les vestiaires. Évra est concerné. Il prend la parole dans le rond central avant les matchs. Quand ça va moins bien, il transmet, beaucoup, notamment avec les jeunes et les nouveaux, dont Samuel Umtiti. En conférence de presse, il donne à manger aux journalistes, il est présent, il se marre. Bref, il est sur tous les fronts et le fait plutôt bien.
Patrice @Evra était en conf’ de presse cet après-midi pour parler de ce France-Islande ! #FRAISL #FiersdetreBleushttps://t.co/8jmxfKeztI
— Équipe de France (@equipedefrance) 30 juin 2016
Mais voilà, parce qu’il y a un mais, Patrice n’est pas toujours irréprochable sur le terrain. À 5-1 face à l’Islande, même s’il a deux joueurs islandais dans le dos, Patrice est immobile, attentiste, spectateur de ce but pour l’honneur nordique. Il y a aussi cette mauvaise relance sur le premier but de Sigthorsson. Il y a cette main dans la surface, un mauvais contrôle qui aurait pu coûter un penalty. Il y a finalement cette faute concédée contre la Roumanie lors du match d’ouverture et qui a poussé les Français dans leurs retranchements. Bref, ça fait beaucoup en seulement 5 matchs.
Comme un Évra en paille
Et on peut le dire sans souci, puisque la communication est désormais bilatérale : il y a clairement deux Patrice Évra. L’indispensable coach mental et grand frère des Bleus, et puis le latéral gauche plus toujours très sûr depuis le début de l’Euro et qui pourrait apporter bien plus offensivement, comme il a l’habitude de le faire à la Juventus. Contre l’Islande, c’est aucun centre tenté, et donc forcément aucun réussi. Et ce n’est pas beaucoup mieux depuis le début de l’Euro. Pour Deschamps, cela semble difficile, voire impossible, de le mettre sur le banc, puisqu’il est son relais sur le terrain. Il faut donc que Patrice se ressaisisse. Parce que Thomas Müller, même s’il passe au travers de son Euro pour le moment, ce n’est pas Jóhann Berg Guðmundsson. Et face à lui, les approximations ont l’habitude de se payer cher. Très cher.
Par Ugo Bocchi