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Everton, la crise de croissance

Par Paul Piquard
4 minutes
Everton, la crise de croissance

Une des grosses affiches de ce troisième tour de Cup met aux prises Everton avec West Ham. Si les Hammers surprennent toujours, les hommes de Roberto Martínez, très ambitieux en début de saison, sont pour l'instant en souffrance, voire en début de crise. Tour d'horizon.

En Angleterre, la période charnière de fin décembre permet généralement aux dirigeants de corriger le tir en cas de résultats décevants. Cette saison, deux têtes – celles de Neil Warnock à Crystal Palace, et d’Alan Irvine à West Bromwich Albion – ont ainsi sauté lors de la période des fêtes. Comme dans toute entreprise, la raison principale de ces renvois concerne principalement les mauvais résultats obtenus par l’équipe. Rien de plus logique. Sauf qu’à ce petit jeu-là, Roberto Martínez s’en sort plutôt bien, au regard des scores récents des Toffees en championnat. En effet, hyper séduisante l’an passé, l’équipe du manager espagnol est méconnaissable en cette première partie de saison, pointant à une 13e place bien en-deçà des ambitions formulées cet été. Pire encore, les Toffees restent sur une terrible série d’une victoire et d’un nul sur les huit derniers matchs, soit 4 points pris sur 24 possibles, et trois revers d’affilée pendant les fêtes. Pénible donc, voire incompréhensible pour une équipe qui avait agréablement surpris la saison passée par son jeu offensif, réussissant à se qualifier en Ligue Europa au nez et à la barbe de Tottenham ou de Manchester United, pourtant mieux armés sur le papier.

Blessures et portes ouvertes

Mais alors, comment « l’autre club de la Mersey » en est-il arrivé là ? Tout d’abord, et à la décharge du manager espagnol, l’effectif n’a pas été ménagé par les blessures depuis le coup d’envoi de la Premier League, et ce, à tous les postes. Comme Jürgen Klopp au Borussia Dortmund, Martinez a dû bricoler son équipe type tout au long de la première phase de championnat en fonction des absences. Actuellement, c’est ainsi le jeune Robles qui doit par exemple garder les bois en raison de la longue absence, estimée à six semaines, de Tim Howard. Or, sans remettre en cause les qualités de l’Espagnol, il est évidemment plus simple à ce poste de débarquer dans une équipe qui tourne bien, plutôt que dans un groupe en cruel manque de confiance. En défense, la jeune pépite John Stones a également loupé une quinzaine de matchs toutes compétitions confondues, l’excellent Coleman a eu du mal à lancer sa saison, et a manqué les chocs face à Manchester United et Liverpool sur blessure, alors que le remplaçant Alcaraz a lui aussi été sur le flanc pendant quelques matchs. Au milieu, la pourtant très prometteuse recrue Bešić confirme, malgré lui, en ce début de saison, le gouffre qui sépare la première division hongroise, où il évoluait l’an passé, et la Premier League. Résultat, l’équipe a encaissé 33 pions en championnat, soit 14 de plus que l’an passé après le même nombre de journées.

Lukaku-Eto’o : super-héros en grève

Sur les postes offensifs, le casse-tête est similaire. Subissant peut-être le contre-coup d’une saison 2013/2014 éprouvante, où il aura fallu assimiler les principes de jeu de Martinez, et le pressing intense demandé, pour terminer la saison fin juin au Brésil, les détonateurs Barkley et Mirallas sont également passés à côté de leur début de saison, la faute aux blessures, et à une fatigue évidente. Et puis, comment ne pas mentionner le problème en attaque ? En effet, dans l’optique de passer un palier qui permettrait au club de se battre à armes égales avec ses concurrents directs pour le top 5, les actionnaires n’ont pas lésiné sur les moyens pour donner du poids à l’attaque l’été dernier. Premier visé par les critiques, Romelu Lukaku. Auteur d’une belle saison ponctuée de quinze buts et huit passes décisives l’an passé lors de son prêt, le Belge avait montré l’étendue de son potentiel, tout en vitesse, puissance et altruisme. Si ses statistiques ne sont pourtant pas infâmes, l’attaquant est aujourd’hui pointé du doigt pour sa lenteur et ses mauvais choix. Le retour de bâton, en quelque sorte.

Pire encore, il semble souffrir de l’étiquette de son prix d’achat, 35 millions d’euros, à peu de choses près ce que Chelsea a ensuite déboursé pour s’attacher les services de Diego Costa. Pénible. Surtout que celui qui était censé le soulager en période de creux n’est pas non plus au niveau escompté. Arrivé lui aussi de Chelsea, également avec une étiquette de star, Samuel Eto’o donne plutôt raison à ses détracteurs, qui ne voient en lui qu’une vieille gloire en bout de course. Du coup, Martinez doit compter sur Naismith, et plus récemment Koné, sorti du placard avec un but face à Newcastle durant les fêtes, pour animer le front de l’attaque. Comme si Bahebeck devait suppléer Ibrahimović et Cavani pour cause de méforme. Alors, au fond, ce match de FA Cup arrive à pic. Vainqueur de la compétition avec Wigan il y a deux ans au terme d’une saison folle qui avait vu les Latics relégués, Martinez est un spécialiste de ces fameux matchs couperets, au parfum si particulier. Ces matchs qui peuvent offrir une bouffée d’air en cas de victoire, et relancer une saison pour l’instant bien morose. Après le relâchement des fêtes, place aux bonnes résolutions.

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