- International – Coupe du monde 2014 – Liste de Deschamps
Eux aussi ont été rayés de la liste des Bleus avant un Mondial
C'est donc ce soir que Didier Deschamps dévoilera sa liste au JT de 20h de TF1. Il a le choix entre une liste de 30 ou une de 23 + 7 suppléants. Il a aussi le choix d'insérer quelques surprises et d'exclure des joueurs malgré leur bonne forme du moment et/ou un fort soutien populaire. Ça s'est déjà fait, la preuve par les quatre dernières éditions.
1998 : Les 6 bannis… et Tony la mèche
Les semaines – voire les mois – précédant la Coupe du monde 98 sont très tendus dans l’Hexagone, avec la suspicion de l’opinion générale et surtout des médias quant à la capacité de Jacquet à réussir la mission sacrée : amener les Bleus au Stade de France le 12 juillet. Le sélectionneur au carnet n’a qu’une série de matchs amicaux pour préparer son groupe et c’est peu dire qu’il tâtonne. N’Gotty, Keller, Blondeau ou encore Florian Maurice sont écartés d’une première liste de 28 joueurs, dans laquelle ne figure pas non plus Tony Vairelles, pourtant étincelant avec le champion de France lensois et auréolé d’une grande popularité. Le coup de la liste élargie est une première, dont s’offusque L’Équipe qui titre, vindicative : « Et maintenant, on joue à treize ? » Finalement le 23 mai au soir, le père Jacquet passe dans les chambres des six bannis, façon grande faucheuse, pour leur annoncer qu’ils ne seront pas de l’aventure. Letizi, Djetou, Laigle, Lamouchi, Ba et Anelka quittent Clairefontaine discrètement, non sans amertume. Ibrahim Ba, qui avait participé à la plupart des matchs de préparation, se fait doubler par Robert « muscle ton jeu » Pirès. Des six, il est celui qui sera le plus marqué par cette fameuse soirée du 23 mai. « Un cœur qui bat, un nez qui flaire, une décision qui tombe, c’est Aimé Jacquet. »
2002 : Anelka indésirable, déjà
Entre le sacre européen en 2000 et les premiers mois de 2002, tout roule pour les Bleus. Ils se préparent à défendre leur titre mondial dans la peau d’un favori légitime. En 2001, la Coupe des confédérations a été brillamment remportée avec Marlet, Carrière, Dacourt, Bréchet, Zoumana Camara, Laurent Robert et Frédéric Née. Tous ces noms sont finalement écartés de la liste du lunatique Roger Lemerre, lequel préfère accorder sa confiance à une majorité des champions du monde et d’Europe. En milieu défensif, il choisit Boghossian plutôt que Karembeu, malgré la bonne saison du Kanak avec l’Olympiakos. Mais le choix le plus fort est celui d’appeler pour la première fois Djibril Cissé, 22 buts en L1 avec Auxerre, plutôt que de faire revenir Nico Anelka, qui s’était pourtant plutôt bien relancé avec le Liverpool de Gérard Houllier. La liste des 23 est annoncée d’un simple communiqué aux agences de presse. La sortie prématurée des Bleus de la compétition sera autrement plus fracassante…
2006 : la mère Denis et l’amer Giuly
Dans son autobiographie Giuly par Giuly sorti en mai 2007, Ludo règle ses comptes et estime que sa non-convocation à la Coupe du monde un an auparavant n’est pas un choix sportif, mais une vengeance du sélectionneur Raymond Domenech. Ce dernier n’aurait que très moyennement apprécié d’apprendre que sa compagne, la très médiatique Estelle Denis, se faisait dragouiller par Giuly, lequel lui aurait proposé un resto par SMS… Toujours est-il que l’ailier du FC Barcelone, pourtant brillant vainqueur de la Ligue des champions cette saison-là, est écarté au profit d’un petit nouveau qui monte, qui monte… Un certain Franck Ribéry. Et même si Djibril Cissé, initialement retenu dans le groupe des 23, se casse la jambe en match de préparation face à la Chine la veille du départ en Allemagne, ce n’est pas Giuly qui est sur la liste des suppléants, ni Pirès ou Anelka, autres bannis, mais ce bon vieux Sidney Govou qui intègre le groupe, sourire aux lèvres et mains dans les poches. Autre choix largement commenté à l’époque, celui d’emmener Pascal Chimbonda au poste de doublure de Sagnol à droite de la défense, plutôt qu’un gars comme Réveillère. La légende Chimbonda était née.
2010 : Sans la Benz’ Benz’ Benz’
Malgré un Euro 2008 raté, Ray-Do est maintenu au poste de sélectionneur, mais il parvient de moins en moins à trouver de la cohésion dans ses sélections. Bien que titulaire lors du match de barrage décisif et si controversé contre l’Irlande – au cours duquel il se blessera dès les premières minutes –, Julien Escudé est écarté d’une première liste de 30 joueurs, tout comme Jean-Alain Boumsong. À la place, c’est le Bordelais Marc Planus qui est retenu. Au milieu de terrain, Patrick Vieira a fait le forcing pour essayer de revenir en forme et postuler, mais il est trop juste physiquement et c’est logiquement qu’il ne figure pas dans la liste élargie. Vexé, la Grande Saucisse annonce dans la foulée sa retraite internationale. Mais c’est devant que l’indécision est la plus grande, avec une concurrence féroce entre Gignac et Benzema. Ce dernier dispute la plupart des matchs de qualification pour le Mondial, mais est à la peine en club, alors qu’il dispute sa première saison sous les couleurs du Real Madrid. Domenech choisit donc APG, ce qui épargne au Benz’ de faire partie de la pathétique épopée des Bleus en Afrique du Sud.
Par Régis Delanoë