- Italie
- Bonucci à l'AC Milan
Eux aussi, ils ont quitté la Juventus pour le Milan AC
Leonardo Bonucci n'est pas le seul, dans l'histoire, à être passé avec fracas de la Juventus à l'AC Milan. D'autres champions avaient déjà fait le coup avant lui. Et même deux Ballons d’or.
Fabio Capello
Juventus 1970-1976 AC Milan 1976-1980
Fabio Capello n’est pas du genre à faire des jaloux. Avec la Juventus, il a remporté trois Scudetti en tant que joueur, puis deux en tant qu’entraîneur (les deux étant finalement révoqués à la suite de l’affaire Calciopoli). Avec l’AC Milan, il en a remporté un en tant que joueur, puis quatre avec le costume d’entraîneur. C’est en tout cas sous le maillot de la Juventus que Capello est devenu un joueur d’envergure internationale, au tout début des années 1970. Il est l’un des piliers de l’équipe entraînée par le Tchèque Čestmír Vycpálek. En 1976, après six saisons passées sous le maillot bianconero (trois titres de champion, deux deuxièmes places), il choisit d’aller finir sa carrière à l’AC Milan. Il a alors 30 ans, et disputera deux saisons de très bonne facture sous les couleurs rossonere. À partir de 1978, il ne joue pratiquement plus, et raccroche les crampons en 1980, pour se lancer dans une nouvelle aventure, celle d’entraîneur. Avec le succès qu’on lui connaît.
Paolo Rossi
Juventus 1981-1985 AC Milan 1985-1986
Paolo Rossi, c’est évidemment le symbole de l’Italie 1982, celle qui remporte le Mundial espagnol. En même temps, difficile de ne pas marquer les esprits lorsque l’on inscrit six buts lors les trois derniers matchs de la compétition. Un tour de force qui lui vaudra de remporter le Ballon d’or à la fin de l’année. Un trophée soulevé avec le maillot de la Juventus sur les épaules. Un juste retour de boomerang tant la Vieille Dame a cru en lui malgré sa longue suspension due au scandale du Totonero. Pendant plus d’un an, Paolo Rossi s’est en effet entraîné avec la Juventus alors qu’il était suspendu, et le club bianconero ne l’a jamais lâché. Pourtant, le rapport entre Rossi et la Juve n’a jamais été idyllique. « Avec les tifosi juventini, je ne me suis jamais vraiment entendu, peut-être parce qu’ils n’ont pas apprécié que je demande une augmentation de salaire, racontait-il. À la Juve, j’ai appris beaucoup de choses. Le club voulait me prolonger, mais je voulais changer d’air, je me sentais comme un lion en cage. » Et voilà donc Pablito, à l’été 1985, qui quitte Turin pour rejoindre l’AC Milan. Il n’y restera qu’une seule saison, son seul véritable fait d’arme étant un doublé face à l’Inter pour son premier derby milanais.
Roberto Baggio
Juventus 1990-1995 AC Milan 1995-1997
À la Juventus, Roberto Baggio a probablement atteint le pic de sa carrière. C’est là-bas qu’en 1993, il remporte le Ballon d’or, puis réalise une Coupe du monde américaine exceptionnelle, jusqu’à ce tir au but raté en finale. Véritable héritier du numéro 10 bianconero de Michel Platini, Roby soulève la Coupe UEFA en 1993, puis le Scudetto en 1995, un titre qui manquait à la Juve depuis neuf ans. On l’imagine alors rester jusqu’à la fin de sa carrière à la Juve, tel un Boniperti en son temps. Mais à l’été 1995, Fabio Capello, l’entraîneur de l’AC Milan, fait le forcing pour le faire venir. Les Rossoneri ont remporté un an plus tôt la Ligue des champions, et ce trophée fait les yeux doux à Baggio. Le Divin Codino fait son choix : pour 18 milliards de lires (9,3 millions d’euros), il part à l’AC Milan. Terrible ironie : quelques mois plus tard, la Juventus remporte la Ligue des champions face à l’Ajax. Un trophée que Roby n’accrochera finalement jamais à son palmarès.
Filippo Inzaghi
Juventus 1997-2001 AC Milan 2001-2012
Dans l’imaginaire commun, Pippo Inzaghi est inévitablement associé à l’AC Milan. Ses buts de renard, ses célébrations folles, son doublé en finale de Ligue des champions 2007… Pourtant, les vrais savent que le Pippo de la Juventus a probablement été au-dessus de sa version milanaise. À Turin, Filippo forme un trio fou avec Alessandro Del Piero et Zinédine Zidane. Il plante avec une régularité folle : 89 buts en 165 matchs, soit une moyenne de 0,54 but par match. Cette Juve-là remporte le Scudetto en 1998, mais termine deux fois deuxième de Serie A, en 2000 (derrière la Lazio) et 2001 (derrière la Roma). Alors, à l’été 2001, après ces deux échecs, la Signora décide de tout chambouler. Elle vend Zidane au Real Madrid, mais aussi Pippo Inzaghi à l’AC Milan. Un Milan avec lequel Superpippo inscrira 126 buts en 300 matchs (0,42 par match), remportera deux Scudetti et soulèvera deux Ligues des champions, dont une, en 2003, face à la Juventus. Un match au cours duquel il « avait marqué un but, mais Buffon l’a arrêté » , pour citer le Roi Pelé.
Nicola Legrottaglie
Juventus 2003-2005, 2006-2011 AC Milan 2011
Sans doute le transfert le plus improbable. Après s’être révélé sous le maillot jaune du Chievo, Nicola Legrottaglie rejoint la Juventus en 2003. L’adaptation est difficile, il joue peu, et va alors enchaîner les prêts pour s’endurcir. D’abord à Bologne, puis à Sienne. Mais à l’été 2006, la Juventus est reléguée en Serie B. De nombreux joueurs quittent le navire, et Legrottaglie est donc rappelé. S’il ne dispute que dix matchs de Serie B, il sera titulaire lors de la remontée en Serie A, en 2007-2008. Il reste quatre saisons à Turin, mais perd petit à petit sa place. Ainsi, au mercato 2011, il décide de changer d’air. L’AC Milan a besoin d’un renfort en défense, alors Nico y va. Résultat : un braquage monumental. À Milan, Legrottaglie va disputer… 39 minutes. Entré en jeu à la mi-temps d’un match face à la Lazio, il reçoit un coup dans le visage à la 84e minute et doit sortir. On ne le reverra jamais avec le maillot rossonero. Pourtant, le 7 mai, il est bien là pour fêter le Scudetto remporté par le Milan d’Allegri. Un titre de champion qui apparaît officiellement à son palmarès, grâce à ces jolies 39 minutes.
Alessandro Matri
Juventus 2011-2013 AC Milan 2013-2014
Formé à l’AC Milan, Alessandro Matri n’aura jamais eu sa chance en équipe première. Il décide donc, comme de nombreux jeunes issus du centre de formation, de partir faire ses armes dans les divisions inférieures. C’est finalement à Cagliari, entre 2007 et 2011, qu’il se révèle comme un attaquant de très bon niveau. Il y forme notamment un superbe duo avec Robert Acquafresca (le coach de ce Cagliari s’appelle Max Allegri) et est convoité par les grands clubs de la Botte. Au mercato hivernal 2011, il quitte la Sardaigne et choisit de s’engager avec la Juventus. Et pour son premier match sous ses nouvelles couleurs, il plante un doublé face à Cagliari. Cruel. Ses deux premières saisons turinoises sont plutôt positives, avec 19 buts inscrits en 47 matchs de Serie A. La troisième est un peu plus compliquée, malgré un deuxième Scudetto consécutif épinglé à son palmarès. Plus franchement désiré par Antonio Conte, il quitte la Juve à l’été 2013 pour rentrer dans son club formateur de l’AC Milan. Un retour complètement foireux : 15 matchs, un but, et un départ six mois plus tard pour la Fiorentina.
Mais aussi…
Un drôle de cas est celui de Pietro Vierchowod. Le robuste défenseur italien a porté les couleurs de la Juventus lors de la saison 1995-1996. Suffisant pour jouer et remporter une finale de Ligue des champions , à 37 ans. Lors de l’été 1996, libre de tout contrat, il s’engage avec Perugia. Mais à cause d’une embrouille avec le coach Giovanni Galeone, il rompt son contrat avant même le début du championnat. Cinq jours plus tard, il signe finalement à l’AC Milan. 380 matchs disputés avec le maillot de l’AC Milan, mais aussi 27 avec celui de la Juventus. Christian Abbiati a été le titulaire dans les cages milanaises de 1998 à 2002, avant d’être relégué au rang de doublure de Dida. À l’été 2005, il décide donc de se tirer en prêt au Genoa. Manque de bol, quelques semaines plus tard, le club génois est rélégué administrativement en Serie C1. Abbiati rentre donc la queue entre les jambes à Milan, sans trop savoir quoi faire. Le destin lui ouvre alors les portes de la Juve : Buffon se blesse lors d’un amical face à l’AC Milan en plein mois d’août, et les Milanais proposent aux Turinois de leur prêter Abbiati pour une saison. Sympa. On peut également citer le cas d’Alberto Aquilani. Après ses années romaines, Aquilani s’en va s’exiler à Liverpool. Mais là-bas, il ne s’impose jamais. Ainsi, à l’été 2010, il est prêté à la Juventus, où il dispute une saison entière en tant que titulaire. À la fin du championnat, la Juve ne lève pas l’option d’achat. Aquilani rentre donc à Liverpool, mais les Reds n’en veulent toujours pas. Le Milan, tout juste sacré champion d’Italie, vient alors toquer à la porte et le récupère à son tour en prêt.Par Éric Maggiori