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- France-Italie (2-1)
Lindhout, Allard discount
Si l'équipe de France Espoirs a réussi son entrée dans son Euro ce jeudi face à l'Italie, elle le doit en grande partie à l'homme au sifflet qui officiait à la Cluj Arena : Allard Lindhout.
Drôle de semaine pour les équipes de France et leur relation avec l’arbitrage. Lundi, les A tapaient la Grèce sur la plus petite des marges (1-0), au Stade de France, avec une performance anthologique de ce bon vieux Mateu Lahoz (un crampon de Konstantínos Mavropános dans la gueule d’Antoine Griezmann, en pleine surface ? Carton jaune, par exemple), pour sa dernière représentation sifflet en bouche. Quatre jours plus tard, pour leur premier match de phase de groupes de l’Euro, à Cluj-Napoca face à l’Italie, ce sont les Espoirs tricolores qui ont eu droit à un one man show : celui de Allard Lindhout, nationalité néerlandaise, 35 ans et 162 matchs d’Eredivisie en tant qu’arbitre principal au compteur, plus une dizaine de rencontres européennes dirigées par-ci par-là. On n’a pas souvent l’occasion d’arbitrer Khéphren Thuram, Rayan Cherki ou Sandro Tonali, alors ce jeudi, notre ami Allard s’est régalé.
La vie sans VAR
Ses principaux faits d’armes ? Un péno pour les Italiens oublié sur une main de Pierre Kalulu (51e), un autre sur Amine Gouiri zappé dans la foulée (52e), des problèmes d’asthme au moment de siffler des fautes plutôt évidentes (dont celle de ce même Gouiri sur Caleb Okoli quelques secondes avant le deuxième but bleu), mais surtout son chef-d’œuvre de la 90e+2, lorsque le ballon est rentré dans le but avec l’aide du montant, sur une tête de Raoul Bellanova, mais que le retour de Castello Lukeba derrière la ligne (on ne saura jamais vraiment si le Lyonnais use de sa main pour cela, d’ailleurs) a dupé le Batave – et ses assistants – pour priver les Azzurrini d’une égalisation méritée. À chaque situation litigieuse, la même scène : Lindhout qui se tourne vers ses adjoints et ne bronche pas, des joueurs qui gesticulent, un moment de flottement… Et aucun retour en arrière possible, ni assistance vidéo à l’arbitrage ni goal-line technology n’étant mises en place pour cette compétition U21 : une absence « incroyable » dixit le sélectionneur italien Paolo Nicolato, au micro de la Rai.
[🎞️VIDEO] 🏆 #U21EURO 🤨 Un but injustement refusé à l'Italie ?#FRAITA https://t.co/qNTqmhK009
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) June 22, 2023
Là réside aussi une partie du problème. Pour ces joueurs déjà titulaires en équipe première dans leurs clubs – du moins pour la plupart – et donc biberonnés au football du futur, celui des écrans, des montres qui vibrent et des changements de décision arbitrale quatre fois par match, tout cela devient éminemment frustrant. Et ce retour au système archaïque, sans bouée de sauvetage, cause également du tort aux hommes en noir, obligés de se remettre à faire confiance à leur instinct. Le Norvégien Espen Eskås (arbitre de Géorgie-Portugal) et notre représentant Willy Delajod (qui officiait lors d’Allemagne-Israël), pour ne citer qu’eux, ont par exemple eux aussi été à la peine. Au coup de sifflet final, Nicolato n’a pas pu cacher sa déception :« J’ai du mal à parler du match aujourd’hui, ce n’est pas dans mes habitudes de me plaindre et je ne le ferai pas cette fois-ci. Mais je pense que les faits de match ont eu un impact important. […] Honnêtement, nous avons été un peu malchanceux. » Et si c’était la seule solution pour voir la France rafler ce championnat d’Europe Espoirs, 35 ans après ?
Par Jérémie Baron, avec Steven Oliveira