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Youssouf Fofana, une carte à jouer
À deux jours du match contre l’Autriche, Adrien Rabiot et Youssouf Fofana semblent en concurrence pour accompagner N’Golo Kanté dans l’entrejeu des Bleus. Le Monégasque n’est pas encore un titulaire en puissance, mais il est en train de se faire une place en équipe de France. Cet Euro pourrait lui permettre de changer encore de dimension.
« Tout va très vite dans le foot », dit le célèbre poncif. La preuve : un mois plus tôt, alors que la liste de Didier Deschamps pour l’Euro n’était pas encore tombée, personne n’imaginait que N’Golo Kanté serait de la partie avec les Bleus. Nous voilà à la mi-juin, à un peu plus de 48 heures du début du bal pour l’équipe de France. Et le milieu de 33 ans s’est désormais imposé comme un titulaire naturel pour l’entrée en lice face à l’Autriche, à Düsseldorf, lundi soir. Sauf surprise, ce sera avec Kanté dans l’entrejeu, pour faire ce qu’il sait faire, et parce qu’il semble avoir gardé la forme en Arabie saoudite, même s’il faudra aussi le constater sur 90 minutes dans un match avec un autre niveau d’intensité. Une autre interrogation accompagne ce retour en grâce : qui pour former la paire avec le champion du monde 2018 ? Paul Pogba n’est plus là, et Aurélien Tchouaméni n’a plus joué depuis le 8 mai lors de la demi-finale de Ligue des champions contre le Real Madrid. Selon les informations de L’Équipe, ce sera un match entre Adrien Rabiot et Youssouf Fofana. Avantage au second ?
Fofana a pris du galon et de la confiance
Le Monégasque n’est plus un bouche-trou ni un intrus dans le groupe France. Il ne fait pas encore tout à fait partie des meubles, mais il n’a pas manqué un rassemblement depuis sa première convocation en septembre 2022. Fofana a su profiter des absences dans un secteur moins performant pour s’imposer comme une évidence dans l’esprit du sélectionneur, ce que n’ont pas su faire Mattéo Guendouzi ou Jordan Veretout, par exemple. Ce n’est pas un hasard si après avoir été un habitué des sorties de banc, il s’est fait une place de plus en plus régulière dans le onze (4 titularisations sur les 5 derniers matchs des Bleus, 7 au total en EDF). « Je reste sur de bonnes performances, donc pourquoi ce serait à moi d’être remis en question ?, répondait-il honnêtement devant la presse fin mai. On est tous appelés, c’est qu’on a tous le niveau requis. Après, le sélectionneur fera ses choix. »
Fofana a pris en confiance et en assurance, il « sait comment aborder une compétition comme celle qui va arriver » et « faire preuve de plus de légèreté sur un match ». C’est peut-être son capitaine Kylian Mbappé, qui l’a connu très jeune à l’INF Clairefontaine, qui parle le mieux de ce qu’il est en train de devenir en sélection. « En Bleu, il est allé chercher sa place. Honnêtement, quand il a commencé avec nous, je me suis dit : “Il arrive, puis il va repartir”, confiait le Madrilène à Ouest-France. Le gars est toujours là… Il a été titulaire en demi-finales de Coupe du monde, il est entré en finale. Dans le groupe, il est super important, très joyeux, très chambreur aussi. Il commence à trouver sa place. J’ai une fierté particulière quand je vois tout ce qu’il a traversé. » À 25 ans, il sort d’une saison plutôt pleine sur le Rocher (35 apparitions, 4 buts, 4 passes décisives) et sait qu’il faudra sans doute poser ses valises ailleurs, peut-être à l’étranger, pour prendre encore une autre dimension en équipe de France.
Au milieu, l’autre homme en forme
Avant le futur, il y a le présent et cette perspective d’une grande première en championnat d’Europe dans la peau du titulaire. Tchouaméni, qui travaillait encore individuellement jeudi, se remet doucement ; Warren Zaïre-Emery est encore tendre et sort d’une fin de saison délicate ; et Eduardo Camavinga ne semble pas être l’option numéro un dans l’esprit de DD. Rabiot est un profil apprécié du sélectionneur depuis son retour dans ses plans, mais des douleurs au mollet l’ont empêché de vivre une préparation normale. Il était pourtant sur le terrain avec ses coéquipiers lors de la séance en public de jeudi, se montrant plutôt intéressant techniquement et physiquement. En attendant de voir le Turinois retrouver la totalité de ses capacités, Fofana se présente comme un candidat crédible et dispose de qualités variées pour répondre présent face à la menace autrichienne : un gros volume de jeu, une tendance à mettre de l’impact, une potentielle complémentarité avec N’Golo Kanté et même un certain sens du but (3 pions sur ses 5 dernières apparitions en tricolore). Un grand tournoi, ce n’est pas la même limonade, c’est autre chose, une autre approche, mais comment avoir le vertige dans un match de poule contre l’Autriche quand on a connu une demi-finale et une finale de Coupe du monde ? « On a beau se préparer comme on veut, à l’approche d’une rencontre il y a toujours ce moment de réflexion, disait Fofana. J’essaie de prendre un peu de recul et je vais profiter à fond. » Ce vendredi, Rabiot tenait la corde après avoir pris part à la séance du jour avec les titulaires, comme annoncé par L’Equipe. Il reste deux séances, toutes les deux ouvertes pendant quinze minutes aux médias, à Deschamps pour faire son choix. Si celui-ci n’est pas déjà fait.
Par Clément Gavard, à Paderborn