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- Croatie-Italie (1-1)
Italie : la résilience pour les nuls
Totalement apathique et à deux doigts du précipice, la Nazionale a finalement su trouver un brin d’orgueil pour accrocher la Croatie et les huitièmes de finale avec. Pour l’instant, le champion d’Europe en titre reste en vie.
Au moment du coup de sifflet final de Danny Makkelie, une foule de joueurs s’écroule. Les visages ont trouvé refuge entre ces paumes transpirantes d’effort, celles-là qui permettent le temps d’un instant d’essayer de digérer. Côté Croates, on pleure. La route des Vatreni s’arrête ici, sur un nouveau pion encaissé au bout du suspense, comme face à l’Albanie lors du match précédent. Côté Italiens, on pleure aussi. On ne sait pas vraiment d’où sort cet enroulé du droit qui termine en pleine lucarne de Mattia Zaccagni, l’ailier de la Lazio, qui s’est peut-être offert ici le climax de sa carrière de joueur à 29 ans. Un but, son premier en sélection, qui rappelle celui inscrit par un certain Alessandro Del Piero, un soir d’été allemand en 2006, qui envoyait « Beppe » et toute la Nazionale à Berlin en finale de Coupe du monde. Cette fois, le bijou de Zaccagni n’a offert que la deuxième place du groupe C à une Italie qui a longtemps frôlé le ridicule, au cours d’une nouvelle empoignade où elle a semblé fatiguée, sans solutions, sans idées, maintenue en vie seulement par les gants d’un Gigio Donnarumma qui pendant bien longtemps, une nouvelle fois, fut seul à tenir son rang de champion d’Europe en titre.
Still alive
C’est donc le but le plus tardif de l’histoire des Azzurri inscrit hors prolongation qui a suffi à cette Italie-là pour rallier les huitièmes, et retrouver la Suisse avec deux routes à emprunter : la même que les Bleus lors de la précédente édition et donc rentrer à la maison, ou bien commencer à semer le doute dans la tête des favoris de cette édition 2024 qui se demanderont alors comment cette équipe de survivants peut encore respirer. Contrairement à 2021 où l’Italie avait survolé sa phase de groupes (et notamment la Suisse), la formation de Luciano Spalletti a semblé totalement hors du coup sur deux des trois matchs, exceptée donc la victoire inaugurale et non sans peine face à l’Albanie, l’équipe la plus faible du groupe.
Ce nul quasi miraculeux face à une équipe croate qui ne méritait même pas tant que ça d’y croire non plus démontre le gouffre qui sépare aujourd’hui l’Italie des autres grandes nations du Vieux Continent. On ne sait pas trop quelle est son identité de jeu, on ne sait pas trop non plus quel est le système dans lequel elle s’exprime le mieux. Plus inquiétant encore, on ne retrouve pas pour le moment ces leaders techniques, ces joueurs de caractère qui ont toujours caractérisé cette Nazionale et qui lui ont permis de gagner quand cela semblait impossible par le passé.
Pour le moment, l’Italie se base sur un grand gardien, une révélation (Riccardo Calafiori) et un collectif qui essaye de faire ce qu’il peut. Le positif, c’est que cet acte de résilience dont a fait preuve l’Italie ce lundi soir démontre que cette équipe n’est peut-être pas la plus talentueuse, mais qu’elle a une âme. « C’est le football, a déclaré Spalletti lors de l’interview d’après-match. Nous y croyons jusqu’à la fin. Que nous jouions bien ou mal. Puis arrivent ces moments décisifs, même s’il ne faut pas oublier que nous avons manqué (au cours de la rencontre) des buts tout faits… » L’avenir dira si ce moment-là fut fondateur pour la suite de la campagne des Azzurri, mais ce qui est sûr, c’est que l’Italie est revenue des enfers. Et qu’elle est toujours en vie.
Par Andrea Chazy