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Lamine Yamal : à qui père gagne

Par Jules Reillat

L’Espagne est arrivée en finale de l’Euro en se démarquant sur le terrain grâce au jeu virevoltant de ses deux ailiers, Lamine Yamal et Nico Williams. Deux joueurs nés en Espagne de parents étrangers. Le père de Lamine, Mounir Nasraoui, né au Maroc, s’est même converti en ambianceur de la sélection en tribunes et sur les réseaux sociaux. Au point que cette famille devienne le symbole d’une Espagne multiculturelle et victorieuse.

Lamine Yamal : à qui père gagne

@hustle_hard_304. Ce pseudo, c’est celui de Mounir Nasraoui, le (jeune) père du (encore plus) jeune Lamine Yamal (17 ans). Le paternel, qui a le même âge que Jesús Navas (38 ans), est devenu presque aussi hype que son fils pendant cet Euro, avec son sourire contagieux et sa collection folle de sneakers. Mais lui et Lamine représentent surtout une Espagne multiculturelle, Mounir étant né au Maroc et ayant débarqué dans le pays de la tortilla quand il était jeune. C’est dans la banlieue de Barcelone que Mounir a rencontré la mère du joueur du Barça, Sheila Ebana, originaire de Guinée équatoriale, même si le couple s’est désormais séparé. Mounir Nasraoui vit toujours à Rocafonda, quartier populaire de la ville catalane de Mataró, où se sont installées de nombreuses personnes issues de l’immigration.

Rocafonda est un quartier digne de Lamine Yamal et le meilleur quartier d’Espagne. Nous sommes un quartier multiculturel où nous sommes tous égaux, nous travaillons et vivons ensemble.

Mounir Nasraoui

Cette zone est l’une des plus défavorisées de Catalogne, avec quasiment la moitié de ses habitants « en risque de pauvreté » d’après les données de l’Institut national de la statistique espagnol. C’est là-bas que Lamine Yamal a grandi, et la pépite barcelonaise ne cesse de représenter son barrio en faisant le signe le signe 304, le code postal de Rocafonda, pour célébrer ses buts. De quoi faire de la bonne publicité à un lieu d’habitude loin des projecteurs. « Avant, quand on parlait de Rocafonda, c’était pour en dire du mal, mais maintenant les journalistes viennent ici pour Lamine et vous pouvez voir ce qu’il en est réellement. Les Arabes, les Noirs et les Espagnols vivent très bien ensemble » se réjouit Manuela, une habitante de Rocafonda interrogée par le journal espagnol El Diario. Si Lamine Yamal est fier de son quartier, son paternel l’est tout autant. « Rocafonda est un quartier digne de Lamine Yamal et le meilleur quartier d’Espagne. Nous sommes un quartier multiculturel où nous sommes tous égaux, nous travaillons et vivons ensemble », déclarait-il à El Español.

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Mon papa à moi est antifa

Pourtant, Rocafonda est un endroit particulièrement prisé par les militants de Vox, parti ultranationaliste et conservateur, qui vient régulièrement tracter dans les parages. De quoi faire enrager Mounir Nasraoui, qui en 2023 a écopé d’une amende pour avoir agressé physiquement et verbalement des sympathisants du parti. Comme pour rappeler que, derrière cet élan d’unité suscité par le parcours de la Roja à l’Euro, se cache la réalité d’une Espagne trop souvent touchée par des problèmes de racisme, un mal qui n’épargne pas le monde du football.

Des propos nauséabonds de l’ancien sélectionneur Luis Aragonés (qui en 2004 avait glissé à l’oreille de José Antonio Reyes, coéquipier de Thierry Henry à Arsenal, la phrase suivante : « Tu vas lui montrer, à ce Noir de merde, qui est le plus fort... ») aux cris simiesques et insultes à répétition arrachant des larmes à Vinícius ces dernières saisons, le phénomène est bien ancré dans la péninsule. Et ce jusqu’au sommet des institutions, Javier Tebas, le président du championnat espagnol, étant un ancien militant de Fuerza Nueva, une ancienne formation politique d’extrême droite et un électeur assumé de Vox. Mais aujourd’hui, la présence dans la sélection espagnole de deux joueurs nés en Espagne de parents étrangers fait office de renouveau, voire de symbole d’espoir.

Black-blanc-beur à l’espagnole ?

Car en effet, les choses semblent changer de l’autre côté des Pyrénées. Avec comme point de départ cette déclaration de Luis de la Fuente, nommé sélectionneur de la Roja après l’échec du Mondial 2022 au Qatar : « Je veux qu’il y ait 48 millions d’Espagnols qui donnent tout pour cette sélection et pour ce maillot, que nous soyons et que nous nous sentions comme une équipe unie. »  Et dans ces 48 millions de personnes, on retrouve Lamine Yamal et Nico Williams, les deux phénomènes de cette Roja 2.0., nés de parents étrangers. Nico Williams, lui, est né à Pampelune de parents ghanéens, ayant quitté Accra pour rejoindre l’enclave espagnole de Melilla. Nico et son grand frère Iñaki, qui a choisi de jouer pour les Black Stars, représentent parfaitement ce mélange entre identités ghanéenne, espagnole et basque. De quoi troubler les repères de l’ancien sélectionneur de la Roja, Vicente del Bosque, qui déclarait début juillet sur la radio SER : « Nous avons deux immigrés qui nous ont rendus meilleurs, alors qu’il y a des gens qui ont un problème avec l’immigration. Et pourtant ils sont fiers de pouvoir jouer pour l’équipe nationale espagnole. » Des propos erronés, puisque les deux ailiers ne sont pas des immigrés eux-mêmes, mais qui n’ont pas empêché Mounir Nasraoui de s’afficher sur ses réseaux à côté du moustachu maladroit, en marge du match contre la France.

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Car l’importance du message est ailleurs. De plus en plus d’Espagnols, de toutes les origines, se rassemblent derrière cette Roja, tout en célébrant sa diversité et sa multiculturalité. Comme pour faire référence à une certaine génération black blanc beur en France, qui donnait à voir un modèle d’intégration incarné par les champions du monde 1998. Gonzalo Miró, personnalité de la télévision espagnole, commentait le 8 juillet dernier cette diversité de la Roja : « On a toujours tendance à parler de l’immigration en termes négatifs. […]Et cette équipe d’Espagne montre qu’il y a des immigrés de deuxième génération qui sont parfaitement enracinés dans la culture espagnole, qui se sont parfaitement adaptés. […] C’est une excellente nouvelle parce que c’est ce vers quoi nous tendons et la population espagnole le verra de plus en plus normalement. » Porte-parole de cette version hispanique du black blanc beur : Mounir Nasraoui, encore lui, qui cette semaine a fait le show en tribunes lors d’Espagne-France, maillot de Yamal sur les épaules, chantant « Je suis espagnol ».

Alors certes, la route reste longue avant qu’un changement total des mentalités s’opère, en témoigne cette sortie du porte-parole de Vox en Andalousie, Manuel Gavira, qui après la qualification en finale a commenté le but de Lamine Yamal : « S’il n’avait pas marqué ce but, un autre joueur l’aurait fait. » Mais le succès populaire est bien présent en Espagne. Reste à le transformer en succès sportif, dimanche à Berlin.

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Par Jules Reillat

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