- Euro 2024
- Équipe de France
« Aux urgences, on m’a pris pour une star de l’équipe de France »
En décembre 2022, Guillaume, ce supporter français vivant en Guadeloupe, avait fait parler de lui en se faisant assommer par une frappe de Kylian Mbappé lors de France-Maroc au Mondial qatari. Un an et demi plus tard, le poissard des Irrésistibles français a vécu une nouvelle mésaventure lors de l’Euro en Allemagne.
Bon, Guillaume, on te retrouve avec un plâtre bleu blanc rouge. Tu peux nous raconter ce qui t’est arrivé dimanche ?
Les Irrésistibles français avaient organisé une rencontre amicale avec un club de Paderborn (contre le SC Aleviten Paderborn, qui accueille des réfugiés, NDLR), dans la commune allemande où résident les Bleus. J’étais tout content de pouvoir participer, je suis entré sur le terrain, on a commencé à jouer, et malheureusement, sur ma première accélération pour essayer d’intercepter un ballon, le pied a ripé. Et j’ai immédiatement entendu un énorme crac, je me suis retrouvé par terre avec la douleur. Le diagnostic a été sans appel : double fracture de la malléole… Pas une petite blessure !
Et il se trouve que l’ambulance t’a emmené à l’hôpital situé à quelques mètres du camp de base des Bleus.
J’ai été très bien accueilli par les urgences, au début ils m’ont demandé si j’étais joueur de foot professionnel. (Rires.) J’ai même été un peu traité en VIP. J’y suis resté une heure et quart, le temps de faire diagnostic, radio, plâtre et photo avec toute l’équipe médicale. J’ai même signé une dédicace pour le fils du médecin. (Il se marre.) Je lui ai montré la photo de mon aventure avec Mbappé au Qatar, il m’a pris pour une star de l’équipe de France ! J’ai vraiment eu un accueil très sympathique. La suite, c’est retour à Strasbourg demain (mercredi), rencontre avec un chirurgien vendredi pour confirmer s’il y a besoin de faire une opération. Si c’est le cas, je souhaite la faire le plus vite possible pour pouvoir revenir suivre la fin de l’Euro. Pour les huitièmes, ce ne sera pas possible d’y être en cas d’opération… Mais dès que c’est réglé, je reviens en Allemagne, en espérant que la France aille jusqu’au 14 juillet !
Au moment de la blessure, tu es en pleurs sur la pelouse. Qu’est-ce que tu t’es dit à ce moment-là ?
Je me dis que ça va mettre tout mon programme en l’air. Comme toute blessure, quand on entend le bruit du craquement d’une fracture, psychologiquement ça crée quelque chose dans la tête. J’étais assez désespéré, je prends les choses avec philosophie maintenant. Aujourd’hui, je peux quand même être présent pour le match, en revanche je ne peux participer à rien au niveau animations et c’est ce qui m’embête le plus.
Le SC Aleviten Paderborn et des supporters français ont organisé un match de foot au Hermann-Löns-Stadion ce dimanche. https://t.co/Z5GzMjcacv pic.twitter.com/gc2j168fb2
— Clément Gavard (@Clem_Gavv) June 23, 2024
Tu avais déjà connu une mésaventure avec la frappe de Mbappé qui t’avait assommé lors de France-Maroc au Mondial 2022. Tu commences à être un vrai poissard, non ?
Je ne suis pas tant que ça poissard dans la vie, pourtant. (Rires.) Pour cette deuxième compétition au sein des IF, il m’arrive une autre mésaventure. Bon, celle avec Mbappé au Qatar était plus ludique et plus marrante à raconter que celle-là. Et les conséquences étaient moindres, à part les quelques minutes du KO, je n’ai pas eu trop de séquelles qui m’ont empêché d’être présent jusqu’à la finale. J’avais juste la pommette enflée et un peu mal au nez, c’est tout.
Plus de 10 000 supporters ont pu se rassembler pour chaque match des Bleus dans cette phase de poules. Comment expliques-tu cette évolution et cet engouement autour de l’équipe de France ?
La première raison, c’est les résultats. Les Français adhèrent plus facilement quand ça va bien. Je pense qu’on est aussi aidé par les belles ambiances développées dans les clubs en Ligue 1, et on arrive à transposer ces ambiances autour des Bleus avec les clubs de supporters comme les IF. Il y a toute une organisation : il faut venir avec une bâche, des tambours, les capos gèrent les chants et l’animation, etc. Aujourd’hui, on sait que sur un match, on va commencer par un clapping, à la 45e ce sera une Marseillaise, donc ça permet d’entraîner le public. Sur ce type d’évènement, c’est aussi le côté festif.
Comment ça se passe avec les supporters adverses ?
C’est très fraternel, en tout cas on n’a pas connaissance de débordements. Ce sont plus des batailles de chants que des batailles à coups de poing, donc c’est une très bonne chose. C’est bien aussi de donner cette image du foot, car il y a suffisamment de détracteurs qui vont attendre que ça déborde pour dire que les supporters sont des bourrins qui viennent se battre. Là, ce n’est pas du tout ça. On a encore des progrès à faire, il ne faut pas se le cacher.
Lesquels ?
On a encore trop de gens qui revendent des billets. Par exemple, vendredi soir, on s’est retrouvé avec plus d’une centaine de supporters néerlandais au cœur de la tribune. Il faut lutter contre ça, ce n’est pas normal.
On entend parfois que les fans français sont un peu ringards, beaufs. Qu’est-ce que tu en penses ?
Je ne trouve pas, on a des clins d’œil, des symboles français : Astérix, Obélix, Napoléon, la baguette, le béret, etc. De l’autre côté, si on va voir les autres nations, j’ai vu des Suisses avec des fromages fondus sur la tête, habillés en vache, ce sont plus des symboles du pays. Ça donne un côté coloré et festif, je ne trouve pas ça beauf et ringard.
Qu’est-ce que tu as prévu comme nouvelle blessure pour la Coupe du monde 2026 ?
Le déplacement est déjà prévu, en tout cas ! (Il se marre.) Quelle blessure ? Je ne sais pas, on dit jamais deux sans trois, il va falloir être inventif.
Propos recueillis par Clément Gavard, à Dortmund