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- Quarts
- Portugal-France (0-0, 3-5 TAB)
La France chasse ses démons face au Portugal
Cette fois, la séance des tirs au but aura tourné du bon côté. Au bout de la nuit, la France a sorti le Portugal (0-0, 3-5 TAB) et sera au rendez-vous dans le dernier carré. Ce sera contre l’Espagne, mardi soir à Munich.
Portugal 0-0 (3-5 TAB) France
Tirs au but réussis : C. Ronaldo, B. Silva, N. Mendes pour le Portugal // O. Dembélé, Y. Fofana, Koundé, Barcola et T. Hernández pour les Bleus
Tir au but manqué : Félix pour le Portugal
Au bout de la nuit, cette fois, l’ivresse est pour l’équipe de France. Enfin, les Bleus de Didier Deschamps ont fait ce qu’ils n’avaient pas réussi à faire contre la Suisse en 2021 et l’Argentine en 2022 : gagner une séance de tirs au but (0-0, 3-5 TAB). Un match décisif contre le Portugal dans un championnat d’Europe ne pouvait se terminer en 90 minutes, celui-ci tout particulièrement, tant le jeu n’aura pas souvent été flamboyant, et cette équipe avait peut-être besoin de l’épreuve de la mort subite pour procurer des émotions à ses supporters, qui n’ont pas perdu leur voix – contrairement à leurs homologues portugais. Aucun tireur n’a tremblé devant Diogo Costa, héroïque quatre jours plus tôt contre la Slovénie, et João Félix est devenu le premier à se louper dans cet exercice contre la France depuis Luigi Di Biagio en 1998, en touchant le poteau. Ce n’est pas un mirage : les Bleus sont en demies après avoir traversé cinq matchs sans jamais parvenir à marquer – du moins d’eux-mêmes – dans le jeu.
En attaque, rien de nouveau
Les deux premières minutes (oui, deux) ont presque laissé penser aux plus naïfs que cette rencontre serait d’un autre genre que les précédentes, avec un énième nouveau système concocté par Didier Deschamps, le fameux 4-4-2 losange. Cela n’a pas permis aux Bleus de retrouver une animation offensive digne de ce nom en première période : Kylian Mbappé et Randal Kolo Muani – préféré à Marcus Thuram – n’ont pas existé, ou si peu. Pour les petits frissons, il a fallu se tourner vers Bruno Fernandes, qui a vu son tir contré par l’impérial William Saliba (16e), puis du côté de Theo Hernandez, dont le pétard a chauffé les gants de Costa (20e). Rien de bien transcendant, entre deux équipes ne prenant pas beaucoup de risques. Le Portugal, qui a rapidement pris le contrôle du ballon, a un peu essayé, mais s’est heurté au bunker tricolore. Dans les airs, aucun corner n’a inquiété Saliba et Dayot Upamecano, quand Jules Koundé a compris que la soirée serait plus difficile que les autres en devant se coltiner Rafael Leão et Nuno Mendes, dont les arabesques ont permis au virage portugais, très bruyant, de s’enflammer au milieu de l’ennui. Comment ne pas piquer du nez ? En s’appelant Pepe, 41 ans au compteur, pour aller chiper un ballon dans les pieds de Kolo Muani, manquant parfois de tranchant, alors que la seule accélération payante de Kyks a débouché sur un centre repoussé par Costa (22e).
Les coups de pied arrêtés n’ont pas été mieux tirés, d’un côté comme de l’autre, même si voir Bruno Fernandes saisir un coup franc aux 30 mètres et l’envoyer au-dessus (42e) envoyait un message sur la leçon retenue par Cristiano Ronaldo, qui a fait son âge durant toute la partie. La pause s’est présentée comme un petit soulagement et les clients des expected goals (moins de 0,1 xG pour les deux équipes à l’entracte) ont pu confirmer leur impression visuelle : pas terrible, ce quart de finale. Des chiffres revus à la hausse, enfin, après la reprise, Mbappé trouvant la niche de Costa à la suite d’un une-deux avec N’Golo Kanté (50e). Il fallait alors picorer : Mendes a fait l’amour à Koundé, puis a opté pour une simulation dans la surface (50e) ; Mbappé a été mis KO par un ballon dans la tronche, manquant à l’appel sur une transition initiée par Antoine Griezmann (55e) ; et Ronaldo a calé un petit pont à Eduardo Camavinga pour faire plaisir au public (52e). Assez joué, les deux équipes ont mis la gomme, à commencer par le Portugal. Un temps fort de cinq minutes, lors duquel on a vu Camavinga rattraper Leão dans la surface, puis Maignan enfiler son costume de sauveur devant Bruno Fernandes (61e) et Vitinha (63e).
Les tirs au but ? Même pas peur !
C’est comme si les Lusitaniens avaient montré aux Bleus comment faire, puisque les réponses sont arrivées. Kolo Muani a revu sa balle de Coupe du monde en 2022 en tombant sur Rúben Dias (66e), Camavinga a loupé une occasion en or en ne cadrant pas son tir croisé à cinq mètres du but (69e) et Ousmane Dembélé, venu remplacé un pâle Griezmann, a cherché la lucarne sans la trouver (74e). On attendait le coup du sort à la sauce tricolore, on a eu le retour héroïque de Pepe face à Marcus Thuram, les tentatives sans danger de Kanté (88e, 89e) et la confirmation que Mbappé, dramatique pendant 90 minutes, avait envie d’une prolongation après ses deux ultimes frappes dans le temps réglementaire. Il n’en aura eu qu’une moitié : un ange est passé dans les tribunes quand on l’a vu rejoindre le banc et laisser sa place à Bradley Barcola. Dembouz, auteur d’une bonne entrée, a fait quelques dégâts, mais ce sont les Portugais qui ont pu se mordre les doigts : Ronaldo n’a pas cadré un ballon cadeau de Francisco Conceição (93e), Upamecano a fait barrage à Leão (102e) et João Felix a envoyé sa tête dans le petit filet (108e). Il fallait attendre les derniers instants pour le chaos, d’un but à l’autre, et les regrets éternels de Mendes, qui a trouvé Maignan sur son passage après une action de grande classe (pendant qu’Olivier Giroud, censé sortir du banc, voyait Michael Oliver siffler la fin des 120 minutes avant son entrée en jeu). Le dernier rempart français aura été un grand bonhomme de la qualification, même sans avoir sorti de tir au but (mais en cherchant à déstabiliser les tireurs, les laissant face au but vide), comme Dembélé, élu homme du match, et Hernández qui s’est chargé d’envoyer cette équipe déconcertante dans le dernier carré. Et de laisser traîner cette question : qui peut les arrêter ? Une nouvelle réponse arrivera mardi soir, à Munich.
Portugal (4-3-3) : D. Costa – Cancelo (Semedo, 74e), R. Dias, Pepe, N. Mendes – Vitinha (M. Nunes, 119e), Palhinha (R. Neves, 90e+2), B. Fernandes (F. Conceição, 74e) – Leão (J. Félix, 106e), C. Ronaldo, B. Silva. Sélectionneur : Roberto Martínez.
France (4-4-2) : Maignan – Koundé, Upamecano, Saliba, T. Hernández – N. Kanté, Tchouaméni, Camavinga (Fofana, 91e), Griezmann (Dembélé, 67e) – Kolo Muani (M. Thuram, 86e), Mbappé (Barcola, 106e). Sélectionneur : Didier Deschamps.
Par Clément Gavard, au Volksparkstadion