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La défense belge appelée à la barre
Déjà au bord du vide après sa surprenante défaite contre la Slovaquie, la Belgique va devoir compter sur une défense en perpétuelle évolution depuis plusieurs mois pour survivre dans cet Euro.
Lorsque la composition de Domenico Tedesco est tombée en amont du match face à la Slovaquie, la plupart des supporters belges n’ont pas dû être surpris de voir un énième coup de poker de la part de leur sélectionneur au poste de latéral gauche. Après y avoir installé Arthur Theate, défenseur central de métier, avoir testé Timothy Castagne et Thomas Meunier, qui jouent habituellement à droite, Dodi Lukebakio, ailier, Olivier Deman, milieu de formation, il a cette fois-ci choisi d’y faire commencer Yannick Carrasco, ailier lui aussi. Des tâtonnements qui ne se limitent pas qu’au poste de latéral gauche, mais qui concerne toute l’arrière-garde, plus gros chantier du sélectionneur germano-italien de la Belgique depuis sa prise de poste en février 2023.
Tedesco le bricolo
Si l’attaque – dont Lukaku – est en berne depuis trois matchs en grande compétition, mais devrait bien finir par se débloquer, la défense pêche donc en matière de régularité. Certes, elle n’a concédé aucun but en préparation, mais cette donnée est à mettre en relief avec la faible opposition rencontrée (Luxembourg et Monténégro). C’est simple, depuis les rencontres de mi-octobre dernier face à l’Autriche et la Suède, Domenico Tedesco n’a plus aligné la même défense deux fois de suite, soit sept rencontres consécutives. Contre la Roumanie, la série devrait continuer, peut-être pour le mieux.
En effet, ce deuxième match pourrait être l’occasion pour Jan Vertonghen et Arthur Theate, titulaires idéaux de Tedesco et remis de leurs pépins physiques respectifs, de retrouver une place dans le onze de départ, respectivement dans l’axe gauche de la défense centrale et au poste de latéral gauche. Présent en conférence de presse jeudi, le Rennais a d’ailleurs tenu à rassurer sur son état de santé : « Je vais bien à présent, j’ai bien récupéré. Le délai normal était plus long, on a réussi à le raccourcir. Je me sens très bien, je suis à 100%. »
Ces changements incessants ne semblent d’ailleurs pas perturber outre mesure les principaux concernés. C’est en tout cas ce qu’a rabâché Wout Faes vendredi. « Que je joue avec Zeno (Debast) ou avec Jan, cela m’importe peu. Bien sûr Jan a plus d’expérience, mais je pense que Zeno a aussi fait du bon travail contre la Slovaquie. » Les solutions ne manqueront pas pour le bricoleur Tedesco, puisqu’en cas de faillite totale de l’arrière-garde belge, la solution Alex Witsel est à envisager. Lui aussi touché physiquement et victime d’une petite rechute, il n’en sera pas contre la Roumanie, et des doutes planent sur la suite de son Euro, mais il pourrait dépanner à un poste qu’il a largement apprivoisé en fin de carrière et qu’il occupe fréquemment dans son club de l’Atlético. Et comme les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules, Thomas Meunier, touché contre le Luxembourg, devrait très prochainement réintégrer le groupe à l’entraînement dans l’optique de rejouer durant la compétition.
Creux générationnel au Plat Pays
En attendant, la Belgique fait avec ses armes et comptera notamment sur le solide Faes, essentiel à Leicester et qui a pris une nouvelle dimension chez les Diables rouges. « Mon statut a changé ici il y a un an et demi. Avant, j’étais plutôt figurant. J’essaie d’aider l’équipe du mieux que je peux. Ce leadership, c’est aussi dans mon jeu », a reconnu l’ancien Rémois. Le problème, et sans l’offenser, c’est qu’il n’incarne pas, comme ses partenaires de la défense, un renouvellement générationnel à la hauteur de ceux qui les ont précédés et dont Jan Vertonghen est le dernier vestige, du haut de ses 154 sélections. Toby Alderweireld, Vincent Kompany, Daniel Van Buyten ou Thomas Vermaelen ont longtemps porté haut les couleurs de la défense belge, tout autant qu’ils y ont régné sans partage.
Certains ont fait les frais de cette hégémonie en ayant une carrière internationale en deçà de ce qu’ils auraient pu viser. Jason Denayer et ses 35 sélections par exemple. À seulement 28 ans, l’ancien Lyonnais s’est exilé à Al-Fateh en Arabie saoudite et semble aujourd’hui bien loin des Diables rouges. Il va donc falloir prendre son mal en patience, car si la relève est bel et bien là, elle ne pourra pas tout renverser d’un claquement de doigts. À 20 ans, Debast incarne l’avenir de la sélection au poste, alors qu’Ameen Al-Dakhil (22 ans), forfait pour l’Euro, commence aussi à se montrer. Avec un Maxim De Cuyper (23 ans) pas encore installé, mais dans les plans larges du sélectionneur, la Belgique doit se construire une défense toute neuve avec ses jeunes pousses. Visiblement, les délais étaient trop courts pour pouvoir l’installer dès cette Euro. Génération dorée ou pas, la défense belge aurait tout de même dû faire mieux contre la Slovaquie et se retrouve aujourd’hui au pied du mur, dans un match capital pour son avenir dans l’Euro. Ça serait même dommage de ne pas profiter des huitièmes de finale pour tester une nouvelle charnière.
Par Julien Faure