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France-Belgique, il était une nouvelle fois
Au lendemain d’avoir vu le pays se rapprocher d’une perspective effrayante, l’équipe de France a rendez-vous avec son voisin préféré, la Belgique, en huitièmes de finale de l’Euro. Les Bleus doivent donner une autre tournure à leur compétition, en montrant qu’ils peuvent écrire une nouvelle belle histoire.
Il est difficile, aujourd’hui, d’imaginer des lendemains qui chantent en France. Les Champs-Élysées noirs de monde le soir du 14 juillet pour une autre raison que la fête nationale, les sourires, la joie et l’unité provoquée par l’ivresse d’un match de foot sont des perspectives lointaines, ce lundi. Après avoir vu le pays basculer dans une inconnue effrayante, qui pourrait le devenir un peu plus dans une semaine, les Bleus vont essayer de lui offrir une respiration impossible, en passant une nouvelle étape sur la route de Berlin et d’un sacre continental attendu depuis 2000. Le chemin repasse par Düsseldorf, là où leur tournoi avait commencé face à l’Autriche le 17 juin ; et sur le passage de l’équipe de France se trouve la Belgique, l’adversaire face auquel tout avait commencé le 1er mai 1904, à Bruxelles. Un huitième de finale peut devenir anecdotique, comme il peut lancer le début de quelque chose et permettre d’écrire une nouvelle petite histoire dans la grande.
Marquer pour mieux gagner
Les récents souvenirs, qui ne sont pas encore vieux, ont ressurgi ces derniers jours : le succès en demi-finales de la Ligue des nations 2021, un peu ; la victoire éternelle en demi-finales de la Coupe du monde 2018, beaucoup. « Quand tu gagnes, tu oublies plus facilement, on ne va pas partir à 1-0 parce qu’on a remporté ces deux matchs », lâchait Kylian Mbappé à la Düsseldorf Arena, après avoir fait le constat qu’ils n’étaient plus nombreux à avoir vécu le combat de Saint-Pétersbourg (6 chez les Bleus, 7 côté Diables rouges). Ce sont deux équipes moins impressionnantes, moins souveraines, qui vont se retrouver en Allemagne après une phase de poules moyenne lors de laquelle elles ont chacune inscrit deux buts (deux contre la Roumanie pour la Belgique ; un but contre son camp et un penalty pour la France). « Aucun joueur ne s’est présenté devant le gardien en disant qu’il allait rater, souriait le capitaine des Bleus. C’est vrai que ça a été problématique sur ce premier tour. Maintenant, c’est la mort subite, il va falloir se créer des occasions et les mettre. »
La solution pourrait venir d’un nouveau système de jeu, le troisième en quatre rencontres, un 4-4-2 losange travaillé cette semaine, selon les informations de L’Équipe, même si Didier Deschamps et Mbappé ont essayé de garder le secret à la veille de la rencontre. « Je peux amener des modifications, souriait la Dèche. L’important, ce sont les deux animations offensives et défensives. Je fais toujours en sorte de mettre une équipe qui me paraît avoir les meilleures dispositions pour mettre l’adversaire en difficulté et être solide. » Pour l’instant, les Bleus défendent mieux qu’ils n’attaquent dans ce tournoi. Même si le match face à la Pologne a laissé traîner des doutes dans à peu près tous les secteurs de jeu, d’un milieu de terrain où N’Golo Kanté ne peut pas tout faire à une arrière-garde parfois mise en difficulté sur les transitions, alors que Jules Koundé va devoir contenir Jérémy Doku. Sans oublier Romelu Lukaku, toujours bloqué à zéro but, mais qui a été présenté comme « l’attaquant le plus costaud » contre lequel a joué Ibrahima Konaté.
La quête du déclic
« C’est une nouvelle compétition qui commence », il n’y en a pas un qui a oublié de sortir de cette formule toute faite en conférence de presse cette semaine. Le poncif ne doit pas faire oublier que ça avait été le cas en 2018, quand France-Argentine avait agi comme un déclic, un peu comme le huitième de finale contre l’Espagne en 2006, dans une compétition encore plus vertigineuse. Cela n’avait rien changé en 2021, lors du précédent Euro, et la Suisse avait vu les Bleus de Deschamps s’effondrer en l’espace de quelques minutes. Tout est fragile, un parcours tient parfois à peu de choses, et le sélectionneur a même soufflé, cette fois, avoir « préparé » les tirs au but, tout en laissant une place à l’incertitude générée par une séance. Chez les journalistes belges, dont la sélection a été chahutée par son public après le 0-0 déprimant contre l’Ukraine, le rapport de force est présenté comme déséquilibré, mais dans un Euro où la Slovaquie a failli faire tomber l’Angleterre, les pronostics peuvent être déjoués. « Dans le groupe, il y a eu une prise de conscience, le fait de ne pas avoir fini premier a réveillé pas mal de personnes, assurait Mbappé. À chaque fois qu’on ne s’est pas réveillés, on est rentré à la maison. Personne n’a envie de ça. On est prêts, on sait dans quoi on s’embarque et on peut relever ce genre de défi. » Pour écrire une belle histoire, et ça ne court pas les rues, en France, ces derniers temps.
Par Clément Gavard, à Düsseldorf