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Konaté, la pause fraîcheur

Par Clément Gavard, à Paderborn

Il n’a pas encore joué une minute dans cet Euro, mais Ibrahima Konaté a offert l’une des conférences de presse les plus marquantes depuis le début du tournoi, une dizaine de jours après celle de Marcus Thuram. Sans cacher sa frustration, le défenseur de Liverpool a été sincère, drôle et même touchant. Les Bleus avaient besoin de ce moment.

Konaté, la pause fraîcheur

Depuis le début de l’Euro, Ibrahima Konaté n’a pas encore eu la possibilité de s’exprimer avec le ballon sur le terrain, puisqu’il fait partie des sept joueurs français à ne pas avoir pu croquer du temps de jeu lors de la phase de poules. Le défenseur de Liverpool a pu le faire d’une autre manière, devant la presse, ce samedi matin à Paderborn. Après deux jours sans aucune activité médiatique cette semaine et dans un moment où une poignée de nuages de doutes entourent l’équipe de France à l’approche du huitième de finale contre la Belgique, le joueur de 25 ans a détendu l’atmosphère. Dans la salle de presse de la Home Deluxe Arena, le très solaire Konaté a parlé pendant un peu plus de 24 minutes de foot, des Bleus, de la France, de sa situation personnelle, avec une forme de sincérité et une bonne dose de fraîcheur. Il y a eu des rires, des échanges avec les journalistes, et des réponses marquantes. Konaté est resté lui-même, cela s’est vu quand il a ouvert la boîte à souvenirs pour évoquer la demi-finale de Coupe du monde 2018. « J’étais à Leipzig chez moi avec mon meilleur pote, a-t-il rembobiné. Franchement, je n’y croyais pas, la Belgique avait une équipe impressionnante, Hazard était relou ! Je me disais : “Putain, on est en finale, on peut vraiment prendre cette coupe”, pardon pour le langage. Quand on a gagné, j’étais dégoûté de ne pas être en France. »

Une frustration assumée

Le défenseur formé à Sochaux avait failli vivre le sacre mondial de l’intérieur, en 2022 au Qatar, où il avait connu trois titularisations, dont une en demi-finales contre le Maroc. Au début du mois, il semblait toujours devant William Saliba dans la hiérarchie des défenseurs centraux, et on l’imaginait associé à Dayot Upamecano pendant l’Euro. Le Gunner lui est passé devant, et le colosse de Liverpool n’a même pas pu ramasser quelques miettes pour l’instant. Comment gérer ce petit déclassement ? Dans une période où les frustrations des uns et des autres ont pris de la place dans le groupe France, Konaté n’a pas versé dans la langue de bois. « Je suis venu avec beaucoup d’espérances de commencer cette compétition, ça fait partie des aléas du foot. […] Il y a cette frustration, mais je suis très heureux d’être en équipe de France, a-t-il déroulé. Je suis un cas particulier, des personnes sont venues avec de l’espoir, mais ils savaient qu’ils allaient être remplaçants. Tout le monde est content d’être là, mais il ne faut pas oublier qu’on est des footballeurs, des compétiteurs. J’ai lu sur les réseaux sociaux qu’il y avait des déceptions, mais le groupe vit très bien. On passe des moments fabuleux qu’on n’oubliera pas. »

Dayot et William ont fait de très bonnes performances, j’estime beaucoup les deux. La concurrence est saine, je ne leur souhaite aucun mal. Quand Ibou va revenir à 100%, ça va être chaud !

Ibrahima Konaté

Les Bleus avaient besoin de ce genre de discours honnête : oui, c’est frustrant de ne pas jouer ; mais oui, ces gars-là savent aussi leur chance d’être ici. Konaté est resté lucide, rappelant qu’il avait passé un mois et demi sans jouer avec Liverpool (dernier match le 24 avril) avant de retrouver les terrains lors des amicaux contre le Luxembourg et le Canada. « Je sais être honnête avec moi-même, a-t-il continué. Si j’ai la tête dans le guidon, ça peut mettre une ambiance pesante ou négative. Mon rôle, c’est de ne pas montrer ce côté frustration, je l’ai accepté. Je suis quelqu’un qui peut apporter beaucoup de positif à l’équipe. » Avant de faire passer un message, toujours avec le sourire, à ses concurrents : « Dayot et William ont fait de très bonnes performances, j’estime beaucoup les deux. La concurrence est saine, je ne leur souhaite aucun mal. Quand Ibou va revenir à 100%, ça va être chaud ! »

Une histoire de puzzle

Ce n’est pas toujours facile de répondre aussi facilement devant un parterre de journalistes, munis de leurs claviers, leurs stylos ou leurs caméras pour immortaliser les meilleurs morceaux de sa prise de parole. Konaté ne s’est jamais démonté, il a su répondre avec une pirouette quand il le fallait. Il ne s’est pas non plus défilé quand il lui a été demandé si la situation en France l’inquiétait, notamment la montée des actes racistes (+32% en 2023 selon le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme). Le défenseur a livré un monologue limpide, clair, humain. « Bien sûr que ça m’inquiète, on ne peut pas laisser le pouvoir à certaines personnes qui sont dans l’optique de diviser les gens. La diversité en France, ça sera toujours notre force et ça l’a toujours été, a-t-il développé. Je suis issu d’une famille de l’immigration, quand j’entends tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux ou dans les chaînes TV, je pense que les médias ont un rôle important et, parfois, ils ne le font pas bien, car ils surfent sur la peur. Il faut arrêter les préjugés, les stéréotypes, il faut qu’on soit tous ensemble en toutes circonstances. »

Konaté a aussi parlé « d’une minorité qui va causer du tort à la majorité », tout en assurant qu’il pouvait comprendre ceux qui ont eu « des expériences privées avec certaines personnes qui les ont marqués à vie. Il faut vraiment aller à la rencontre des personnes, derrière les apparences et les couleurs de peau, il y a des cœurs. » Le sien, par exemple, lui a permis de parler de son histoire familiale : « Quand je vois mes parents qui ont eu des boulots pénibles comme éboueur, femme de ménage, qu’ils ont travaillé à des heures pas possibles, et qu’on ne met pas en avant ce genre de personnes qui ont donné leur santé pour la France, ça m’attriste. […] La France est un pays magnifique. […] Aujourd’hui, on ne peut pas faire un puzzle avec les mêmes pièces, il faut des pièces différentes pour construire des choses solides. Je le vois dans cette salle, il y a une diversification magnifique, tout le monde est heureux, c’est ça le plus important. […] La vie est très courte, elle est belle, il faut profiter tous ensemble et ne pas être dans une vision, car ça ne va apporter que du mal à tout le monde et aux générations futures. » On le confesse : on a eu envie d’arrêter de tapoter sur le clavier et d’applaudir.

Par Clément Gavard, à Paderborn

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