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- Croatie-Italie (1-1)
Une Croatie passée de Modrić
Assommée par l’égalisation de l’Italie dans le temps additionnel ce lundi (1-1), la Croatie ne sera probablement pas au rendez-vous des huitièmes de finale. Un échec qui marque la fin de cette génération presque dorée.
C’est la main gauche devant la bouche, comme s’il réfléchissait à la solution d’une équation impossible, que Luka Modrić a accueilli le coup de poignard asséné par Mattia Zaccagni à sa Croatie chérie ce lundi, à Leipzig (1-1). Une ultime frappe qui a probablement scellé le sort des Vatreni, qui se voyaient sûrement en huitièmes de finale et poursuivre le tour d’honneur de son génial milieu de 38 ans. 43 minutes avant la désillusion, c’est le capitaine lui-même qui dessinait les contours de la qualification en ouvrant le score, quelques secondes à peine après avoir loupé un penalty. Ce 26e but avec le maillot à damier était sans doute l’un des plus importants de sa carrière internationale, au point d’en perdre l’équilibre au moment de le célébrer, et d’apposer ses paumes sur ses mirettes, pour cacher d’éventuelles larmes.
La fin d’une génération à damier
Malheureusement pour Modrić, sa frappe sous la barre n’aura servi à rien, puisqu’avec seulement deux points, la Croatie ne fera sûrement pas partie des meilleurs troisièmes (il faudrait que, dans le groupe C, la Slovénie perde de plus de trois buts contre l’Angleterre, que la Serbie ne gagne contre le Danemark ; et que Géorgie et Tchéquie perdent leur dernier match mercredi dans le groupe F). Sauf alignement incroyable des planètes, c’est donc ainsi que va se terminer son histoire de joueur avec la sélection. « J’aimerais aussi continuer à jouer pour toujours, mais il y aura probablement un moment où je devrai raccrocher les crampons. Je continuerai à jouer. Je vais continuer, mais je ne sais pas quand (je prendrai ma retraite), on verra bien », a-t-il lancé après la défaite. Même s’il ne l’a donc pas encore officialisé, plus occupé à pester contre les huit minutes, fatales, de temps additionnel, le magicien du Real Madrid pourrait se retirer après 176 sélections et laisser la place aux autres. Dans le sillage du meilleur joueur croate de tous les temps, un paquet de ses coéquipiers devraient suivre son initiative. Domagoj Vida (35 ans, 105 capes) et Ivan Perišić (35 ans, 134 capes) ont probablement vécu leur dernière compétition.
La question se posera pour de jeunes trentenaires comme Andrej Kramarić (33 ans), Ante Budimir (32 ans), et même Marcelo Brozović (31 ans), qui est apparu complètement cramé lors de cet Euro. Même Mateo Kovačić (30 ans) pourrait bien être inspiré de tourner la page, lui qui est appelé depuis plus de dix ans maintenant, et qui fait donc partie intégrante de cette Croatie qui a fait trembler les plus grosses nations de la planète. Vice-championne du monde en 2018, troisième du Mondial 2022, cette génération presque dorée arrivait en Allemagne avec la mission d’enfin aller au bout. Mais, comme souvent à l’Euro, les Croates ont déçu. Et notamment les vétérans, à commencer par Modrić, catastrophique lors des deux premiers matchs, face à l’Espagne (3-0), puis l’Albanie (2-2).
🥇🇭🇷 UEFA Player of the Match: Luka Modrić.
Hearthbreaking for the legend. 💔 pic.twitter.com/VYoNlb73gt
— Fabrizio Romano (@FabrizioRomano) June 24, 2024
La compétition de trop peut-être pour ces vieux Vatreni emmenés par Zlatko Dalić, qui s’est trop reposé sur le vécu de ses cadres, plutôt que de compter sur certains de ses jeunes talents. « J’ai aussi l’habitude des critiques. Je dis toujours que c’est ma responsabilité. Je suis conscient que lorsque des médailles sont gagnées, mon rôle ne signifie rien et que je suis là par accident, mais c’est comme ça en Croatie », s’était-il défendu après le nul concédé face aux Albanais. La relève se nomme Luka Sučić, Martin Baturina et Joško Gvardiol, évidemment. Comme la Belgique après 2022, les Croates vont devoir se renouveler pour espérer rester une sélection importante, capable de battre quasiment n’importe qui (en prolongation).
Par Léo Tourbe