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- Turquie-Géorgie (3-1)
C’était la Turkiff !
Bien aidée par une Géorgie joueuse, la Turquie a bien démarré son Euro allemand à Dortmund sous l’œil de dizaines de milliers de ses ressortissants passés par toutes les émotions au coup de sifflet final.
Il ne faut qu’un petit quart d’heure pour rallier le stade de Dortmund depuis la gare, mais dans un métro blindé de supporters turcs, cela passe étonnamment beaucoup plus vite. Malgré l’humidité ambiante, la sueur, il y a ces chants et cette armée de mains qui frappent contre les parois du wagon qui viennent rappeler le bonheur que c’est de se retrouver là. On a bien senti en marge de ce Turquie-Géorgie que près de 6 millions de Turcs vivent en Allemagne, sans compter les binationaux et tous les autres venus supporter la « Lune aux étoiles ». Bilan ? Au coup de sifflet final, certains ont certainement frôlé l’attaque cardiaque, les autres avaient la banane jusqu’aux oreilles comme à la sortie de Space Mountain : leur équipe n’a pas été parfaite, mais elle a été spectaculaire. C’est aussi ça qu’on attend d’une sélection.
Une sélection qui ressemble à ses fans
Si on passe rapidement sur les quelques ombres au tableau (la bagarre entre fans au début du match, les sifflets pour l’hymne géorgien) qu’il faut néanmoins mentionner, la Turquie a envoyé du jeu en tribunes, mais aussi sur la pelouse. En choisissant de titulariser d’entrée ses pépites Arda Güler et Kenan Yildiz, posées devant un Hakan Çalhanoğlu en mode grand frère, Vincenzo Montella avait décidé d’aller à la guerre en misant sur l’atmosphère pesante qui allait entourer l’événement. L’entame de match lui a donné raison, car pour deux orteils de Yildiz, sa Turquie aurait dû mener 2-0 à la demi-heure de jeu dans une entame qu’elle a dominée de la tête aux pieds.
Ensuite, on a vu également ce que l’on savait déjà de cette équipe : ses failles, ces trous béants qui laissent parfois songeurs, et qui ont permis à la Géorgie d’y croire. Des traits qui caractérisent aussi ce football qui nous a tant réconciliés avec ce sport cet après-midi : la Turquie a fait un match à l’envie, avec de l’intensité, des buts magiques, se retrouvant alors en symbiose avec des fans qui en ont largement eu pour leur argent. Un football moins calculateur, sanguin, électrique parfois, passionnel tout le temps, qui fait bien envie, même lorsque l’on suit des sélections huppées qui gagnent à la fin. Parce que quel que soit le destin de cette Turquie qui n’avait pas marqué le moindre point il y a trois ans, ces 90 minutes offertes à son public à Dortmund resteront pour certaines gravées à vie. Ce qui vaut bien tous les trophées.
😱🇹🇷 ARDA GULER, C'EST QUOI CE BUT FOU !??? 🤩 Pour son premier but, la pépite turque marque déjà LE but de l'EURO !!#EURO2024 #TURGEO pic.twitter.com/AI0JSUpA88
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) June 18, 2024
Güler, le joyau turc
Pour qu’il y ait ce déluge d’émotions, il faut évidemment des talents. Si on ne l’a vu que par bribes cette année au Real, Arda Güler a déjà tout d’un joueur amené à devenir le symbole d’une génération. Sur le terrain, malgré ses 19 ans et son corps d’étudiant encore frêle, il commande, réclame les coups francs et les corners, et a su prendre en mains ce satané gouvernail quand son navire réclamait un capitaine. Il fallait être là pour entendre ce « Woooah » à vous faire siffler les acouphènes lorsque le monde a vu sa frappe du gauche déloger l’araignée nichée dans la lucarne droite de Giorgi Mamardachvili, tout comme quelques minutes plus tard pour entendre l’ovation qui lui était réservée lors de sa sortie du terrain.
« Je voulais apporter du bonheur aux gens d’ici. Il y a un amour incroyable pour moi et je travaille dur pour le rendre. J’espère pouvoir le faire », racontait l’homme du match après la rencontre. Nul doute qu’une nouvelle démonstration face au Portugal, que la Turquie n’a jamais battu en match officiel, y aiderait beaucoup. Et perpétuerait le concert de klaxons que l’on entend déjà un peu partout en Allemagne ce mardi soir.
Par Andrea Chazy, au BVB stadion