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- Espagne-Croatie (3-0)
Une Espagne rouge létale
Large vainqueur de la Croatie (3-0), l’Espagne a montré, samedi, à Berlin, combien elle avait évolué tout en laissant apparaître des points à surveiller dès jeudi prochain, face à l’Italie.
Et à la fin du bal, un repère sera donc tombé, samedi, au stade olympique de Berlin. À savoir : pour la première depuis 137 matchs en compétition officielle, soit depuis la finale de l’Euro 2008, l’Espagne a fini une rencontre en perdant la bataille de la possession. Elle l’a même bouclé avec moins de passes tentées et réussies que son adversaire là où elle avait quitté le Qatar sur une défaite face au Maroc avec plus de 1000 passes tentées. Un drame ? Tout sauf ça, au contraire, mais plutôt un constat chiffré qui vient en embrasser un autre, visuel. Oui, l’Espagne que l’on a vue en ouverture d’un groupe B brûlant et qui a découpé la Croatie (3-0) est différente de ses prédécesseurs. Cela tient, bien sûr, aux choix de son guide, Luis de la Fuente, mais aussi et surtout aux profils de certains de ses joueurs, notamment des deux ailiers de cette Roja, des dynamites (Lamine Yamal et Nico Williams) et non des joueurs de contrôle, que l’on a de nouveau vu associées à Pedri, déployé dans un rôle de meneur devant un double pivot Rodri-Fabián Ruiz. Alors, que s’est-il passé dans cet Espagne-Croatie qu’il est possible de découper en plusieurs temps différents ?
Au défi du haut niveau
Il y en a d’abord eu un premier, d’une grosse quinzaine de minutes, très brutal, durant lequel la machine espagnole a étouffé les Croates, imposant un contre-pressing impeccable, mettant en situation d’urgence la relance adverse et appuyant, grâce à Fabián Ruiz, dans le dos d’un Luka Modrić aventureux dans son pressing. Puis il y en a eu un second, qui a fait apparaître un second visage de l’équipe de De la Fuente, plus en réaction (36% de possession sur la dernière demi-heure de la première période). Un visage qui aura duré suffisamment longtemps pour interroger sur la qualité en défense placée d’une Roja régulièrement percée, car en infériorité numérique et pas assez compacte sur plusieurs séquences du premier acte grâce à Budimir fixant l’axe central espagnol, à un duo Brozović-Kovačić aimantant la paire Rodri-Ruiz et à un trio Majer-Modrić-Kramarić venant se balader dans les zones intermédiaires.
Bon point pour elle, c’est aussi de cette animation croate et de bons ajustements pour mieux contrôler l’accès aux couloirs intérieurs qu’est née l’ouverture du score d’Álvaro Morata, qui a su décoller dans un espace géant ouvert par les centraux adverses. S’il faut noter que cette Espagne incisive et verticale a su taper au moment où elle était le plus secouée, marquant trois buts sur trois phases de jeu totalement différentes, il ne faudra pas non plus oublier les quelques failles qu’elle a pu afficher au cours de cette rencontre et tout ce qu’elle a concédé (16 tirs, 3 grosses occasions, 26 ballons touchés par la Croatie dans la surface espagnole).
⚽️+🅰️ = 𝗠𝗩𝗣
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— Selección Española Masculina de Fútbol (@SEFutbol) June 15, 2024
Reste ce fait : cette première période brutale, durant laquelle elle a plié le match, a montré que l’Espagne possédait désormais plusieurs armes dans son arsenal et qu’elle savait davantage s’adapter aux différents moments d’une rencontre. Luis de la Fuente s’en est d’ailleurs félicité après la rencontre : « On doit garder les pieds sur terre, mais oui, je suis heureux de notre versatilité, de notre capacité à avoir beaucoup d’options différentes. On a envoyé ce message, aujourd’hui : on peut, grâce à la vitesse de Lamine, de Nico, mais aussi de Ferran (Torres) et Ayoze (Pérez) attaquer nos adversaires de plusieurs manières, que ce soit via des transitions ou via des attaques placées. C’est toute la transformation de cette équipe. » Le match face à l’Italie, jeudi, devrait permettre d’en apprendre encore plus sur une sélection encore en développement, mais qui aura su, pour son premier saut, réussir le seul défi qui compte au très haut niveau : être létal dans les deux surfaces. Rendez-vous au prochain virage.
Par Maxime Brigand, à Berlin