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Espagne-France, le chaud et le froid

Par Clément Gavard, à Munich

C’est la rencontre entre deux mondes, deux styles, ce mardi soir à Munich (21h), entre une Espagne joueuse et séduisante et une équipe de France peu spectaculaire, mais tellement solide. En jeu, une place en finale de l’Euro, à Berlin dimanche.

Espagne-France, le chaud et le froid

Au moment où l’espoir est revenu dans un pays fracturé en trois, l’équipe de France se pose là, aux portes d’une nouvelle finale, avec un appétit d’ogre et l’envie de poursuivre sa drôle d’aventure allemande. Dix-huit ans après le penalty de Zinédine Zidane contre le Portugal, les Bleus vont retrouver le bonheur de jouer une demie à Munich, au cœur de l’impressionnante Arena de Munich, où ils n’ont jamais perdu (2 victoires, 1 nul) ni encaissé de but, décidément le thème de cet été français. « Défensivement, c’est quand on est trop sereins que ça casse, prévenait Youssouf Fofana ce week-end. Le danger peut venir de partout. » Enfin un peu de prudence, un tout petit peu, dans une séquence où les vice-champions du monde semblent quasiment intouchables. Sur le terrain comme en dehors, où les critiques sur le jeu et l’ennui glissent sur les uns et les autres. Un journaliste suédois a tenté sa chance, ce lundi, en conférence de presse. Réponse de Didier Deschamps, détendu et taquin : « Si vous vous ennuyez, regardez autre chose, ce n’est pas grave. […] Si les Suédois s’ennuient, ça n’a pas trop d’importance pour moi quand même. »

On sait que lorsqu’on joue l’équipe de France, les équipes ont tendance à dénaturer leur jeu.

Adrien Rabiot

L’équipe de France s’est souvent construit des grandes histoires dans l’adversité, et c’est peut-être pour cette raison que basculer dans la partie de tableau la plus difficile était finalement une bonne nouvelle. Après la Belgique et le Portugal, c’est au tour de l’Espagne de se présenter sur le chemin des Bleus. La sélection tricolore sait ce qui la sépare d’une deuxième finale à Berlin, après le Mondial 2006, à une époque où la Roja avait voulu envoyer Zidane à la retraite. Dans les matchs qui comptent, la France perd rarement contre son voisin pyrénéen, qui compte un succès en tournoi majeur (le 2-0 en quarts de l’Euro 2012) contre trois revers marquants (la finale de 1984, le quart de l’édition 2000 et donc le 3-1 de l’été 2006). Au présent, on a vu un rapport de force s’installer ces derniers jours et une opposition de styles se dessiner depuis le début de la compétition.

Les méchants contre les gentils

Le bien contre le mal, en quelque sorte. Les gentils contre les méchants. Le beau contre le moche. En l’absence de Kylian Mbappé, qui avait assuré la tâche médiatique avant le huitième et le quart, Adrien Rabiot s’y est collé. Le milieu de terrain de retour de suspension a dit des choses et il a posé le cadre de la rencontre à venir : « On est tous unanimes pour dire que c’est l’équipe qui joue le mieux sur ce tournoi. […] Elle est complète, elle a ses forces, peut-être ses faiblesses aussi. On est confiants, on sait ce qu’il faut faire. C’est une équipe qu’il faut bouger, ceux qui les ont affrontés ont beaucoup laissé jouer. Puis, on sait que lorsqu’on joue l’équipe de France, les équipes ont tendance à dénaturer leur jeu. » En résumé, la Roja va tomber sur un os et une sélection qui fait déjouer les autres plus qu’elle ne joue. Le profil idoine pour enquiquiner les techniciens espagnols. Comme Lamine Yamal, meilleur passeur de l’Euro (3 offrandes) du haut de ses 16 ans et qui a reçu un message du même Rabiot. « C’est toujours compliqué de gérer une demi-finale, a glissé le Bianconero. C’est à nous de lui mettre la pression, ne pas le laisser dans le confort. Pour pouvoir jouer une finale d’Euro, il faudra qu’il fasse bien plus. »

Il faudra aussi que cette équipe de France retrouve la sensation d’un but dans le jeu, un jour, sauf si elle compte sur une défense de fer et un Mike Maignan infranchissable pour que la pièce tombe encore du bon côté. Les méformes de Kylian Mbappé et Antoine Griezmann, qui pourrait débuter sur le banc, n’inquiètent pas outre mesure un groupe qui avance avec quelques certitudes, même si Deschamps a pris goût au bluff et à révéler ses plans à ses soldats au dernier moment. « On a un collectif de très haut niveau », répétait Rabiot. Encore plus quand le groupe est au complet, un autre point positif dans la balance, quand celui de l’Espagne compte les absents, entre Dani Carvajal, Robin Le Normand (suspendus) et Pedri (blessé au genou gauche), et doit composer avec une polémique déclenchée par Álvaro Morata. Les Espagnols se cherchent une nouvelle génération de winners, plus de dix ans après leur hégémonie, et se retrouvent face à l’épouvantail européen, une France qui n’a peur de rien, même plus d’une séance de tirs au but. Berlin, c’est tout droit.

Par Clément Gavard, à Munich

Tous propos recueillis par CG

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