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Theo Hernandez, un passeport pour la sérénité
Alors qu’il aurait très bien pu évoluer dans les rangs espagnols ce mardi soir, Theo Hernandez sera titulaire de l’autre côté, pour cette demi-finale de l’Euro. Alors qu’il brillait surtout par ses percées côté gauche dans le passé, le Milanais impressionne pour son implication défensive et son leadership, en Allemagne.
À l’heure d’affronter une Espagne emballante en demi-finales de l’Euro, l’équipe de France s’appuie sur une arrière-garde exemplaire, principale cause de ce parcours déroutant. Si les performances de la charnière Saliba–Upamecano transpirent la sérénité, que Mike Maignan se montre infranchissable, et que Jules Koundé est métamorphosé, l’Euro de Theo Hernandez est aussi à mettre en lumière. Parce qu’il a su s’adapter aux besoins des Bleus, mais aussi parce qu’il s’attelle à ses nouvelles tâches avec brio. Opposée à la Roja ce soir, l’équipe de France peut savourer le choix du natif de Marseille de représenter la FFF plutôt que la RFEF, lui qui aurait très bien pu jouer pour le pays de son enfance.
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— beIN SPORTS (@beinsports_FR) July 5, 2024
Vilain petit canard de l’équipe de France Espoirs il y a sept ans – lorsqu’il séchait un rassemblement des Bleuets pour profiter de ses vacances à Marbella –, il avait d’ailleurs sérieusement ouvert la porte à une naturalisation espagnole, lui qui a grandi en territoire ibérique dès ses trois ans. Qu’il semble loin, ce temps où, inévitablement mis de côté, il affichait sa frustration et faisait du pied à l’Espagne. En 2019, dans les colonnes de L’Équipe, il entamait sa repentance, invoquant une « erreur de jeunesse » et lançant même : « Si la France me rappelle, je serai enchanté d’y aller ! » Ce qui ne l’avait pas empêché de tirer, de façon à peine cachée, sur les choix de Didier Deschamps de se passer de lui un an plus tard. Une rage qui a pourtant fini par payer, puisque moins d’un an plus tard, il obtenait sa première cape chez les Bleus.
Devenu titulaire indiscutable avec la blessure de son frère Lucas lors de la Coupe du monde au Qatar, il s’est depuis largement imprégné de l’ADN tricolore en grande compétition. En délicatesse avec son genou avant le tournoi, il n’a finalement jamais quitté la pelouse, figurant dans le onze lors de chacune des sorties tricolores en Allemagne. Outre-Rhin, Theo affiche ses standards habituels : il est le troisième Français avec le plus de bornes au compteur (53 kilomètres parcourus), et même le cinquième joueur le plus rapide de la compétition avec une pointe à 35,7 km/h. Joueur offensif, un registre dans lequel il n’a que peu d’égal à son poste, il s’est souvent illustré loin de son but, avec le maillot frappé du coq. Mais malgré ses 2 buts et 8 passes dé en 32 sélections – dont 2 offrandes et une réalisation au Qatar –, il n’a toujours pas été impliqué sur un seul but depuis le début de l’Euro… et l’équipe de France n’en a pas vraiment marqué, d’ailleurs.
La meilleure attaque, c’est la défense
Car si la France pêche énormément offensivement, c’est aussi parce que Theo Hernandez a perdu en influence – et difficile de dissocier ça du gros coup de mou de son partenaire à gauche, Kylian Mbappé –, même s’il reste le deuxième Bleu avec le plus haut total de passes réalisées (320, à 91,8% de réussite), derrière Aurélien Tchouaméni. Mais là où le Milanais se plaît à briller depuis désormais trois semaines, c’est sur le plan défensif. Avec quatre ballons récupérés par match, il soulage même régulièrement le bloc. D’une propreté extrême avec une seule faute concédée en cinq matchs, il s’évertue à sauver la patrie. Son retour héroïque sur Yannick Carrasco contre la Belgique a eu valeur d’un but, et au tour suivant contre le Portugal, il s’est aussi arraché pour revenir sur Cristiano Ronaldo – finalement hors jeu – au prix d’une immense course après 110 minutes de jeu. Tout n’est pas parfait, en témoigne la marée prise par Francisco Conceição sur la plus grosse occasion portugaise de la prolongation, mais Hernández semble finalement revenir à ses racines : celles du Cholismo.
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— Equipe de France ⭐⭐ (@equipedefrance) July 7, 2024
Et si devant, il cherche encore ses relais avec son capitaine, il a développé une vraie relation avec le gaucher du milieu bleu : Adrien Rabiot. De ses propres mots, Hernández a beaucoup progressé au contact du Juventino, comme il l’a expliqué en début d’Euro. « J’aime bien jouer avec lui, quand je monte, il peut être derrière et me couvrir dans le dos. Il m’aide aussi en me disant parfois ce que je dois faire. » Leader par l’exemple et par la grinta, il a aussi assumé ses nouvelles responsabilités en prenant et transformant le tir au but de la qualification en quarts, malgré un stress qu’il a bien caché. Parfois caractériel, sanguin, expressif plus que de raison, même dans les rencontres à enjeu, le cadet de la fratrie semble pourtant avoir trouvé un juste équilibre, une forme de sagesse nouvelle aussi. Ce soir à Munich, Theo pourrait faire parler de lui, comme il en a pris l’habitude en demi-finales de chaque compétition internationale qu’il dispute : les Belges n’ont pas oublié son but de la remontada, à Turin lors du Final Four de Ligue des nations il y a trois ans ; les Marocains n’ont pas oublié sa reprise dès la 5e minute pour lancer les Bleus vers la finale du Mondial.
Par Julien Faure