- Euro 2024
- Gr. D
- France-Pologne
Deschamps-Griezmann : de la friture sur la ligne ?
Antoine Griezmann devrait commencer la rencontre face à la Pologne sur le banc, ce mardi soir. Une première dans une rencontre qui n’est pas totalement pour du beurre dans une grande compétition depuis l’Euro 2016. Il semble cependant difficilement imaginable de voir Didier Deschamps se passer de son soldat préféré en huitièmes.
Une petite musique commence à monter, ces dernières heures, à l’approche du dernier match de la phase de poules de la France dans cet Euro 2024. Selon les informations de L’Équipe, Antoine Griezmann devrait commencer la rencontre sur le banc contre la Pologne. C’est peut-être un détail de l’histoire de ce tournoi, on le saura dans quelques jours ou semaines, mais ce n’était plus arrivé dans un match « décisif » (pour la première place, la qualification étant déjà en poche) depuis l’Euro 2016 et la partie face à l’Albanie dans une grande compétition. À l’époque, il était entré en jeu, il avait marqué et lancé son Euro lors duquel il allait s’imposer comme le meilleur buteur. C’était un autre temps, un autre Griezmann, plus buteur que créateur. Il y a tout de même cette question en suspens : pourrait-il y avoir de la friture sur la ligne entre Deschamps et son plus fidèle soldat ? Rien ne l’indique pour l’instant, même si des petits éléments ont pu mettre en évidence des incompréhensions ou des désaccords entre les deux hommes.
Une simple mise au repos ?
« Le chouchou du coach », selon les mots de Kylian Mbappé dans Ouest-France avait commencé la préparation en développant son idée du style de jeu des Bleus qui peut être « chiant », mais qui permet de « gagner ». Une sortie qui avait semble-t-il surpris le double D : « Antoine a dit ça ? Je ne contrôle pas ce que disent les joueurs. Non, sincèrement je n’étais pas au courant. » Il avait ensuite défendu son approche et invité les plus critiques à aller voir comment cela se passait ailleurs. Ce début de débat n’avait pas empêché Grizou de conserver sa place dans le onze pour les deux premières rencontres face à l’Autriche et aux Pays-Bas, dans des rôles un peu différents à chaque fois. Deschamps avait jugé que le premier n’avait pas été « son meilleur match en bleu », ce qui peut vouloir dire beaucoup venant d’un homme qui n’aime pas trop en donner à la presse. Il l’a tout de même défendu à la veille de boucler la phase de poules : « Il était mieux sur le deuxième match, il a eu des occasions. Le fait d’en marquer au moins une, ça aurait changé la vision de sa prestation. Sur le plan athlétique, je le connais bien, il a eu une saison chargée, dans des matchs avec une grosse intensité. »
Une manière de préparer le terrain à une mise au repos ce mardi ? Griezmann serait seulement ménagé après deux matchs qui auront été intenses ? « Je suis très bien physiquement, les deux matchs amicaux, j’étais un peu fatigué avec la préparation qui a été dure, se défendait le Colchonero la semaine dernière. À 33 ans, on récupère moins vite, mais je suis à 100%, je me sens bien. » Un autre point de désaccord, peut-être, avec son sélectionneur, alors que L’Équipe précise qu’il serait déçu et frustré de ne pas faire partie des titulaires contre la Pologne. Il est question de lui trouver le bon rôle, la bonne place, Deschamps étant a priori sceptique quant à sa capacité à répéter les efforts comme relayeur dans un 4-3-3, un an et demi après avoir été brillant au Qatar. Le technicien l’a souvent répété ces dernières semaines, le numéro 7 doit « avoir une plus grande influence » sur le jeu tricolore.
Les aléas d’un tournoi
Il est bien placé pour savoir que l’équipe de France ne peut aller loin qu’avec un Griezmann essentiel et en forme. Les deux restent intimement liés, le joueur ayant encore vanté les mérites de son coach à Leipzig : « C’est un entraîneur qui gagne, il a ça en lui. Il a toujours une petite touche tactique qui va faire la différence, il se trompe très rarement. » Cette touche tactique ne sera sans doute pas sa préférée, mais on imagine mal Deschamps se passer de son porte-bonheur en huitièmes de finale, après avoir eu six jours pour se reposer, se préparer, voire s’expliquer. En attendant, il n’a pas perdu son sourire à l’entraînement, ni sa bonne humeur, même s’il faudra observer ses faits et gestes ce mardi soir au BvB Stadion Dortmund. Après tout, cela peut ressembler à une tempête dans un verre d’eau, en tout cas pour l’instant. Ce sont les aléas d’un tournoi, la vérité de la phase de poules n’est pas celle de la compétition. Griezmann a encore (un peu) le temps de prendre la dimension qu’on lui connaît et de reprendre sa bonne habitude : faire gagner l’équipe de France de Deschamps.
Par Clément Gavard, à Dortmund