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Belgique : tu lui parles pas de cage
En l’absence de Thibaut Courtois pour cet Euro 2024, la Belgique, qui démarre son Euro ce lundi à 18 heures contre la Slovaquie, doit se trouver un gardien de but d’envergure, sans perdre de temps. Pas une mince affaire.
Pour la première fois depuis le début du XXIe siècle, la Belgique devra faire sans Thibaut Courtois. En effet, pour leur premier tournoi depuis la Coupe du monde 2002, les Belges ne verront pas la Girafe garder leurs buts – après les Coupes du monde 2014, 2018, 2022, et les Championnats d’Europe 2016, 2020. Courtois a ainsi décidé de se mettre en retrait de la sélection, au terme d’une longue blessure au ligament croisé du genou gauche, puis d’un conflit à distance l’ayant opposé à son coach, Domenico Tedesco. De quoi laisser la voie libre à ceux qui étaient jusque-là ses seconds et ouvrir la course au renouveau entre les poteaux des Diables, qui démarrent leur Euro ce lundi face à la Slovaquie.
La génération 1992
Ils sont donc trois à prendre part à cette lourde mais excitante succession : Koen Casteels, Matz Sels et Thomas Kaminski. Cet ordre d’énumération devrait d’ailleurs être celui que respectera Tedesco durant l’Euro allemand, avec Casteels en numéro un, suivi de Sels et Kaminski. Il faut dire que pour Domenico Tedesco, les choses n’ont pas été simples. Là où bon nombre d’entraîneurs décident de leur hiérarchie en plaçant le plus « vieux » comme titulaire, le Germano-Italien a dû composer avec une particularité propre à ce trio : l’âge. Les trois élus sont effectivement nés en 1992 (au même titre que Courtois, ironiquement) et se situent à un niveau d’expérience égal.
Afin de trancher, le sélectionneur a décidé de donner la priorité à l’ancienneté. Un jeu remporté par Casteels, convoqué depuis 2013. « Il s’est évité un nouveau conflit en faisant cela, car il aurait très bien pu mettre Sels, qui sort lui aussi d’une saison intéressante », analyse Georges Leekens, ancien sélectionneur de la Belgique (1997-1999, puis 2010-2012). Évidemment, Casteels peut aussi compter sur son rendement individuel avec Wolfsburg (avant son transfert à Al-Qadsiah, en Arabie saoudite, début juin), dont il aura régulièrement sauvé les miches cette saison – seulement douzième de Bundesliga. « Nous connaissons tous la valeur de ces gardiens, là n’est pas le problème, pose Leekens. Non, le souci, c’est qu’ils évoluent dans des clubs où les exigences ne sont pas forcément élevées, à l’inverse de Thibaut Courtois qui sait se mettre en mode “international”. Dans une compétition aussi dense et intense que l’Euro, cet aspect d’exigence risque d’être primordial, et j’ai peur que la Belgique le paie. »
Un choix explosif
En grand chantier défensif, la Belgique doit donc faire sans le meilleur gardien du monde, tout simplement. Surtout, les Belges n’ont jamais appris à vivre sans Courtois, ni à préparer cette transition en douceur. Il suffit de regarder les onze matchs disputés depuis la blessure du gardien du Real Madrid : cinq ont été joués par Koen Casteels, six par Matz Sels (Thomas Kaminski ne compte qu’une seule cape). Autant dire que l’indécision a longtemps régné et que Georges Leekens y voit un problème : « Ce dont j’ai peur pour Domenico, c’est que s’il y a élimination rapide, on lui mette l’absence de Thibaut sur le dos. Tout le monde dira : “S’il avait fait la paix avec Thibaut Courtois, nous aurions eu un gardien de top niveau pour aller loin à l’Euro, mais il a refusé.” Donc il y a une petite pression à gérer de ce côté-là. » Cette pression, Casteels l’a d’ailleurs légèrement expérimentée en conférence de presse. Assailli de questions liées à Courtois, le gardien a dû solliciter l’aide de Stefan Van Loock, responsable presse des Diables, pour y mettre fin.
Retraité depuis quatre ans, Leekens conclut ainsi en se remémorant un boxon similaire géré à l’été 2011, avec Eden Hazard. Le fameux « Hamburger gate ». « Avec Eden, nous avons eu une brouille, où je l’avais remplacé contre la Turquie. Il avait quitté le stade et était parti déguster un hamburger. Nous nous sommes alors boudés quelques jours, puis j’ai fini par l’appeler pour crever l’abcès. Nous avons fait la paix autour d’un autre hamburger, et ça a complètement relancé sa carrière en sélection. Domenico aurait peut-être dû en faire de même avec Thibaut. » Le contexte étant ce qu’il est, la Belgique devra donc rester soudée et n’offrir aucun motif de critiques valables à ses détracteurs. Début de réponse ce lundi face aux Slovaques, avec une génération 1992 en conquête.
Par Adel Bentaha
Propos de Georges Leekens recueillis par AB.