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Dani Olmo, le rouge lui va si bien
Relativement peu utilisé depuis le début de l’Euro, Dani Olmo est sorti de sa boîte pour porter l’Espagne en quarts de finale et pousser l’Allemagne hors de son tournoi. Avant de recommencer avec les Bleus ?
De Madrid à Stuttgart, tous les supporters de l’Espagne ont cru à un énorme coup dur en voyant Pedri sortir tête basse après seulement huit petites minutes lors du quart de finale contre l’Allemagne. Victime d’un coup de Toni Kroos et touché au genou, le milieu de poche du Barça ne rejouera plus cet été outre-Rhin. Pas de quoi condamner la Roja pour autant. Buteur puis passeur au bout de la prolongation d’un centre millimétré pour Mikel Merino, son suppléant Dani Olmo a dirigé le jeu ibérique d’une main de maître pour guider les siens vers la victoire. Seul petit hic ? Pour une fois, l’habitué des buts qui font le tour du monde n’a pas forcément mis les formes au moment de faire trembler les filets.
Viva la gloria
Sur le banc pour commencer le tournoi, le gamin de Terrassa, ville de naissance d’un certain Xavi, a pleinement lancé son Euro depuis trois rencontres. Passeur pour Ferran Torres dans le match des « coiffeurs » contre l’Albanie d’abord, buteur pour clore le score en huitièmes face à la Géorgie ensuite et les deux face à la Mannschaft, donc. « C’est une source de fierté, quelle belle équipe nous avons ! La manière dont nous nous sommes battus jusqu’au bout… C’est incroyable, il y a beaucoup de joie, s’exclamait-il à la télévision espagnole à peine la qualification pour le dernier carré acquise. Dans ces derniers matchs de la saison où le corps ne peut pas courir, nous y allons avec le cœur. »
Le cœur, mais aussi le talent et la détermination pour le garçon, qui a plané sur les débats pour écarter son deuxième pays d’adoption (après la Croatie), lui qui évolue au RB Leipzig depuis janvier 2020. Trois frappes tentées, autant de passes clés, quatre dribbles réussis sur cinq (record du match), huit duels remportés sur treize (deuxième meilleur total derrière Rodri)… Pour le coup, le plan statistique suit à la lettre l’impression visuelle. « Mon père m’a toujours dit de jouer au foot pour m’amuser. Pour lui, avoir le sourire sur le terrain et être performant, ça n’est pas incompatible, assurait ce fils d’un coach réputé en Catalogne, le mois dernier dans le So Foot n°217. Si tu ne prends pas de plaisir, comment peux-tu bien faire les choses ? Sur le terrain, le plus important c’est de kiffer. » Un adage appliqué à la lettre sur les pelouses germaniques.
Le profil parfait ?
Au sein d’une sélection espagnole en pleine mue tactique et générationnelle, portée notamment par de tout jeunes ailiers en feu depuis l’entame de la compétition, l’expatrié s’imbrique parfaitement tout en apportant son profil de joueur formé loin du moule espagnol. « Si je devais me définir, je dirais que je suis un joueur de rue, posait-il dans nos colonnes. Dans une académie tu apprends énormément, mais jouer dans la rue, dans les parcs ou à la plage, c’est aussi très formateur. Ça t’aide à peaufiner la technique, à avoir d’autres automatismes… Ce que tu apprends dans la rue, ça reste pour toujours. »
4 – Dani Olmo 🇪🇸 has been involved in four goals as substitute at the European Championship (2 goals, 2 assists). Only Cesc Fàbregas 🇪🇸 (5 – 2 goals, 3 assists) has a better tally among all the players in the competition ever. Revulsive. pic.twitter.com/W7f388n5ci
— OptaJose (@OptaJose) July 5, 2024
Parti achever sa formation au Dinamo Zagreb sans avoir jamais porté les couleurs du Barça en professionnel, l’ancien attaquant aux cheveux longs et fan de Diego Forlán y a gagné le surnom de « Dani Olmic » en même temps qu’il apprenait le rôle de meneur de jeu. Avant de s’épanouir sous la coupe de Luis de la Fuente, qui avait eu le flair d’en faire l’un de ses cadres chez les Espoirs lors de la saison 2018-2019, à une époque où la fédération croate lui faisait les yeux doux. Une belle année achevée par la conquête de l’Euro de la catégorie grâce notamment à des buts du garçon en demie puis en finale. Deux ans plus tard, c’est toujours sous les ordres du même tacticien qu’Olmo s’envole pour le Japon, dont il reviendra avec une médaille d’argent olympique.
Désormais sélectionneur des A, ce même De la Fuente s’appuie aujourd’hui pleinement sur le talent du bonhomme pour bâtir son Espagne. « La philosophie de jeu reste la même, mais chaque entraîneur apporte son petit grain de sel, détaillait encore l’intéressé à l’approche de cet Euro à propos de la nouvelle identité de la Roja. Luis de la Fuente nous demande d’être plus directs, d’attaquer encore plus les espaces. Avec lui, il y a aussi plus de phases de contre-attaques. Même son système est différent de celui de Luis Enrique. Au milieu par exemple, on joue avec un double pivot et un mediapunta (meneur de jeu, NDLR) : en l’occurrence, moi. C’est là où je me sens bien. Il me connaît à la perfection, il sait où je peux être efficace. » Ce mardi, ce sont les Bleus qui pourraient bien en faire les frais. Avec un but qui fera le tour du monde ?
Par Tom Binet