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Salut Olivier, on t’aimait bien
Peu utilisé tout au long de l’Euro, Olivier Giroud a fait ses adieux à l’équipe de France mardi soir, lors de l’élimination en demi-finales contre l’Espagne. Une triste entrée en jeu qui ne fait pas honneur au parcours en Bleu du meilleur buteur de l’histoire de la sélection.
Onze minutes, trois petits ballons touchés, aucun frisson dans la surface et l’arcade d’Aymeric Laporte ouverte en prime. Voici le triste bilan de la dernière d’Olivier Giroud en équipe de France. Lancé pour tenter de sauver la mise de Bleus baladés par l’Espagne en demi-finales de l’Euro, le meilleur buteur de l’histoire de la sélection n’aura ni sauvé les Bleus ni sa compétition de la déception. Un triste clap de fin pour celui qui avait annoncé avant de traverser le Rhin qu’il s’agirait de sa dernière campagne internationale. Son but face au Chili après un exploit de Randal Kolo Muani en mars dernier restera – a priori – son 57e et dernier pion avec le maillot frappé du coq.
Un dernier chapitre raté
Trois ans après la frustration de l’Euro 2021, où il n’avait joué qu’une quarantaine de minutes réparties sur deux entrées en jeu, Giroud a donc vécu à nouveau la même histoire en Allemagne. 56 minutes passées sur le terrain en tout et pour tout. Son moment le plus marquant restera d’ailleurs hors du pré, avec cette non-entrée dans les dernières secondes de la prolongation face au Portugal pour aller tenter un tir au but. « Olivier n’a pas été plus efficace que les autres sur ses entrées. Tout dépend des situations de match par rapport à l’adversaire, se justifiait Didier Deschamps, interrogé sur la gestion du futur Angelino avant la demie contre la Roja. Ce n’est pas en ayant plus d’attaquants qu’on sera forcément plus efficaces. Les occasions, on les a, mais jusqu’ici, on n’a pas été efficaces. Sur un match comme demain (mardi) ce sera important. »
Il n’en aura finalement rien été, et ce n’est pas que la faute du buteur de 37 ans, dans une fin de partie où ses petits copains avaient toutes les peines du monde à acheminer le ballon jusque dans le camp adverse. Après avoir éprouvé de grandes difficultés à peser face aux défenses néerlandaise ou polonaise, Giroud n’a pas non plus trouvé la solution contre Laporte et Dani Vivian. « Olivier était là depuis le départ, c’est le dernier qui reste. Il était là au premier match contre l’Uruguay au Havre, ne pouvait que lui rendre hommage DD au coup de sifflet final, rappelant que son soldat avait été de toutes les conquêtes depuis son arrivée sur le banc tricolore. Il a eu des périodes difficiles aussi, où lui aussi n’a pas eu l’efficacité, ce qui ne nous a pas empêchés d’être champions du monde. Et au fil du temps, il est devenu meilleur buteur. C’est un exemple de longévité, de sérieux, de professionnalisme. Même s’il a eu moins de temps de jeu sur cet Euro. Ça aurait été mieux de finir dimanche. J’ai envie de lui dire bravo et merci pour tout ce qu’il a fait. »
Dans nos veines
Douze ans, 7 mois et 28 jours après sa première entrée en jeu à la place de Kevin Gameiro lors d’un match amical face aux États-Unis, Olivier Giroud tire sa révérence du haut de ses 137 capes internationales. Autant d’années passées à défendre le maillot bleu et conquérir le cœur du peuple français, malgré un désamour longtemps ancré. Il n’empêche, cet Euro restera comme son septième tournoi majeur consécutif (dont trois seulement dans la peau d’un titulaire). « Il y a un peu de nostalgie de toutes ces années passées. Évidemment qu’il y aura beaucoup d’émotions, beaucoup de détails, des souvenirs qui refont surface, mais il faut mettre ça de côté et profiter encore une fois de chaque instant, espérait-il dans les colonnes de L’Équipe avant le début des hostilités. Il faut être honnête. Quand tu fais un choix comme ça, c’est aussi pour pouvoir profiter un peu plus de la famille. On vit à 200 à l’heure, on n’a pas beaucoup de temps pour la famille. Il y a cinq rassemblements dans la saison et ça me paraît compliqué. En étant honnête, il faut se dire que ce sera ma dernière compétition avec les Bleus. Évidemment, ça va beaucoup me manquer. Mais je pense que l’équipe de France, ce sera terminé après l’Euro. »
🇫🇷 Olivier Giroud devient le seul joueur de l'histoire à avoir disputé la phase à élimination directe avec les Bleus lors de 7 tournois majeurs (EURO 2012, CDM 2014, EURO 2016, CDM 2018, EURO 2020, CDM 2022, EURO 2024). #FRAESP #EURO2024
— Stats Foot (@Statsdufoot) July 9, 2024
Ultime soldat de l’ère Didier Deschamps, l’ancien Gunner fut de toutes les conquêtes et de toutes les galères. Avec en point d’orgue ce sacre de 2018, à l’issue d’une compétition paradoxale sur le plan personnel. « Il faut aussi savoir ne pas faire la saison de trop, glissait-il encore en mai dernier. Je ressens aussi une fatigue physique et mentale. Raphaël Varane l’a dit après la Coupe du monde, et il a raison. J’ai toujours dit que j’allais arrêter au moment où mon corps me le demandait. Je pense avoir encore deux bonnes années. Mais pour l’équipe de France, à mon avis, ce sera fini. » S’il ne devrait pas tarder à refaire parler de lui dans l’Hexagone dès lors que Kylian Mbappé aura comblé les neuf petits buts qui le séparent de son désormais ex-coéquipier, Giroud a amplement mérité de profiter du temps passé au sommet après tous les efforts fournis pour le gravir. Pour ce qui est des cœurs français en revanche, ils sont conquis à jamais.
Par Tom Binet