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Euro 2020 : à quoi bon faire un tirage au sort ?
Alors que les qualifications à l'Euro 2020 sont terminées, les équipes se tournent déjà vers Bucarest où aura lieu le 30 novembre prochain le tirage au sort du tournoi principal. Un évènement qui n'intéresse pas vraiment la Belgique, qui connaît déjà deux de ses trois adversaires en raison du fonctionnement de cet Euro à 12 villes hôtes. Bien nul.
Durant sa carrière de dirigeant, Michel Platini n’a pas eu que des bonnes idées. Et cet Euro 2020 réparti dans 12 villes européennes et 12 pays différents n’en est clairement pas une. Pourtant, sur le papier, ce projet voté en 2012, lorsque l’ancien numéro 10 des Bleus était encore président de l’UEFA, avait tout pour plaire. Moins d’infrastructures à créer et par conséquent moins de dépenses à engager. Et surtout un bon moyen de célébrer le 60e anniversaire de la première édition du tournoi en offrant à plusieurs pays le droit d’assister à un match, comme il l’avait confié dans un communiqué : « En ouvrant l’Euro à tout le continent, nous permettrons à davantage de supporters de davantage de pays de partager l’enthousiasme d’organiser un événement si magique. » Sauf que le papier a peu à peu laissé place à la réalité. Et celle-ci est bien moins reluisante. Surtout du point de vue du tirage au sort, qui se retrouve totalement biaisé par ce système éphémère.
La Belgique connaît déjà son groupe
L’exemple le plus flagrant de cette mascarade qu’est le tirage au sort de l’Euro 2020 à venir le 30 novembre prochain est celui de la Belgique. Placés dans le chapeau 1, les Diables rouges sont, en effet, sûrs à 100% d’être dans le groupe B en compagnie de la Russie et du Danemark. Pourquoi donc ? La raison est assez simple (enfin, il faut s’accrocher un peu quand même) : l’UEFA a réparti les 12 villes sélectionnés en paire de deux (Amsterdam et Bucarest ou encore Saint-Pétersbourg et Copenhague par exemple) et chaque pays hôte qualifié a la garantie de jouer deux matchs de poule à domicile. Et parmi les membres du chapeau 1 – calculés en fonction des points accumulés durant les qualifications -, seules la Belgique et l’Ukraine n’ont pas de ville hôte.
Or, pour des raisons politiques évidentes, les Ukrainiens ne peuvent pas se retrouver dans la poule de la Russie et laissent par conséquent cette place… à la Belgique. La délégation belge se déplacera donc à Bucarest, lieu du tirage au sort, dans l’unique but de connaître l’équipe du chapeau 4 qui complétera sa poule. Sachant qu’il y a de grandes chances que celle-ci ne soit pas encore dévoilée puisque le tirage au sort a lieu avant les barrages de Ligue des nations qui auront lieu en mars prochain. Et dire que jusqu’en décembre 2017, la Belgique était censée accueillir des matchs de l’Euro avant de laisser sa place à Londres en raison des retards pris dans la construction de l’Eurostadium, projet qui sera finalement annulé.
Les Bleus forcément avec un gros poisson
Si la Belgique profite donc de ce système pour éviter d’affronter des équipes qui sont, sur le papier, plus fortes, la France, elle, n’a pas la même chance. Placée officiellement dans le chapeau 2 depuis ce mardi soir, l’équipe de France ne jouera donc pas la Belgique, mais n’a aucune chance non plus d’affronter l’Ukraine, équipe supposée la plus faible. Les Ukrainiens se retrouvant obligatoirement dans le groupe des Pays-Bas qui possèdent une ville hôte et qui ne peut donc pas se retrouver avec les autres membres du chapeau 1 qui accueillent aussi des matchs.
Par conséquent, suite logique, les hommes de Didier Deschamps devront faire face soit à l’Angleterre, soit à l’Italie, soit à l’Espagne, soit à l’Allemagne. Obligatoirement. Et la petite cerise sur le gâteau ? La poule pourrait être complétée par un possible Portugal dans le chapeau 3. Ça valait le coup d’arriver en tête de sa poule, dis donc.
Un tirage au sort, vraiment ?
L’Euro 2020 n’est pas la seule compétition à voir son tirage au sort biaisé pour des raisons politiques, de pays hôtes ou pour une question de droits TV. Ce sont d’ailleurs les télévisions qui ont perturbé les derniers tirages au sort de la Ligue des champions en obligeant les deux grosses équipes de chaque pays (Barcelone et Real Madrid, PSG et Lyon, Bayern Munich et Borussia Dortmund, etc.) à ne pas jouer le même jour. Et donc à ne pas être dans la même partie des poules (de A à D et de E à H).
Autant de paramètres qui font que, désormais, les tirages au sort ne laissent plus rien au hasard et peuvent quasiment être trouvés à l’avance. À plusieurs reprises d’ailleurs, la simulation faite quelques heures avant le vrai tirage au sort s’est retrouvée être à quelques détails près exacte. Alors tant pis pour les amoureux du hasard et des boules qui tournent. Désormais, il va falloir se faire à l’idée que le tirage au sort ne sert plus à grand-chose. Un coup dur pour la France qui se voyait déjà profiter de la fameuse « chatte à DD » pour récupérer l’Ukraine dans le chapeau 1.
Par Steven Oliveira