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Euro 2012 : Les enjeux du groupe C
Le groupe C, c’est celui de l’Espagne, championne en titre, mais aussi de l’Italie. Une poule qui sera sans nul doute disputée, et dans laquelle la Croatie et l’Irlande du Trap ont bien l’intention de venir jouer les trublions.
Champion du monde 2010 vs champion du monde 2006
Tous les groupes de cet Euro ne peuvent pas se vanter de compter dans leurs rangs les deux derniers champions du monde. La poule C, oui. D’une part, le champion du monde 2010, qui est en plus détenteur de la compétition : l’Espagne. La Roja fait figure d’ogre dans cet Euro, forte de ses deux sacres consécutifs. L’équipe de Del Bosque connaît son football, et, même si David Villa va certainement manquer aux siens (le buteur du Barça a inscrit près de 65% des buts de son équipe lors du Mondial 2010), elle n’en demeure pas moins une putain de machine à gagner. Néanmoins, les Espagnols ont montré quelques petites faiblesses lors de certains matches amicaux, s’inclinant, entre autres, face à l’Argentine, au Portugal, à l’Italie et à l’Angleterre. Des défaites lors de matches amicaux, certes, mais des défaites tout de même. Et la défaite, l’Italie connaît bien. La Squadra Azzurra vient de se faire fesser par la Russie (0-3). Pas rassurant ? Non, « pas grave » , répond-on de l’autre côté des Alpes. Tout le monde est en réalité focalisé sur le match d’ouverture face aux Espagnols. Car personne n’a oublié que, lors de l’Euro 2008, la Roja avait éliminé l’Italie en quarts de finale aux tirs au but, marquant ainsi le passage de pouvoir entre les deux formations. L’Italie aimerait bien réécrire le scénario inverse. Or, si l’Espagne semble encore largement supérieure à l’équipe de Prandelli, bien malin est celui qui peut déjà affirmer que la Squadra va prendre une rouste lors de ce match d’ouverture. Car, sur 90 minutes, les Italiens sont capables de tout.
Les Croates, au bon souvenir de 1998 ?
Depuis 1998, et l’épopée de la fabuleuse équipe emmenée par Davor Šuker, stoppée aux portes de la finale par le doublé de Lilian Thuram, la Croatie n’a plus fait grand-chose lors d’une compétition majeure. Ça tombe bien, son sélectionneur, Slaven Bilić (le meilleur pote de Laurent Blanc) était justement là en 1998. Depuis, le plus grand fait d’arme de l’équipe nationale croate reste, finalement, d’avoir empêché l’Angleterre de participer à l’Euro 2008, avec cette victoire 3-2 en terre britannique lors du dernier match de qualification. Mais sinon ? Le désert, ou presque. Un quart de finale lors du dernier Euro, avec une cruelle élimination face à la Turquie (égalisation turque à la dernière minute, puis défaite aux tirs au but), et c’est bien tout. La Croatie a toutefois pris sa revanche il y a quelques mois, en battant les Turcs lors des barrages de l’Euro 2012. Alors, cette équipe au maillot à damier, c’est quoi ? Ce sont, d’abord, de nombreux joueurs qui évoluent en Bundesliga et en Ukraine. C’est aussi un joueur clef, Luka Modrić, qui, par ses récentes expériences positives avec Tottenham, pourrait venir enquiquiner les deux favoris du groupe. Les bookmakers voient les Croates terminer troisièmes, ce qui respecterait la logique footballistique. Mais bon, logique et football ne font pas franchement bon ménage. Demandez donc à la Grèce…
Le Trap en a vu d’autres
Dans ce groupe C, l’Italie va retrouver un coach qu’elle connaît bien. Giovanni Trapattoni. Le sélectionneur irlandais, qui a tout gagné en Italie sur les bancs de la Juventus et de l’Inter, va défier son pays. Et qu’on se le dise : le bonhomme n’est pas le genre à faire dans les états d’âme. D’ailleurs, en juin dernier, les deux nations se sont affrontées, lors d’un match amical organisé à Liège. Sans trembler, le Trap a imposé son style de jeu, et l’Irlande s’est imposée 2-0, grâce à des buts d’Andrews et Cox. Confirmation que cette équipe-là, depuis le scandale de la main de Thierry Henry, a bossé, s’est soudée encore plus et a désormais l’intention de franchir un palier. De fait, l’Irlande ne s’était plus qualifiée pour l’Euro depuis 1988, et n’a surtout jamais franchi le premier tour de cette compétition. Avec le Trap, elle a retrouvé une identité, ce qui est d’autant plus remarquable qu’elle ne compte pas dans ses rangs des « top players ». Les stars de l’équipe se nomment Damien Duff, Stephen Hunt, Kevin Doyle ou Robbie Keane (l’immortel) et jouent presque toutes en Angleterre, la plupart dans des équipes de second plan, style West Bromwich ou Wolverhampton. Et pourtant, l’expérimenté technicien est parvenu à inculquer des valeurs qui lui sont propres, comme cette défense de fer. La stat est impressionnante : non seulement l’Irlande n’a plus perdu depuis 13 matches, mais surtout, lors de ces 13 rencontres, elle n’a encaissé que 3 misérables buts. Espagnols, Italiens et Croates sont prévenus : les Irish ne sont pas venus pour faire de la figuration, ni pour repartir sur leur île en bons derniers de leur poule. Parole de Trap.
Mieux vaut être deuxième que premier ?
Dans cette poule, le discours est clair : on voit mal l’Espagne finir ailleurs qu’à la première place. Pourtant, le tirage au sort a été fait de telle façon qu’arriver en tête du groupe n’est pas forcément plus avantageux qu’arriver deuxième. En effet, le premier de la poule C rencontrera le deuxième de celle de la France. Arriver premier, c’est donc s’exposer à un choc contre les Bleus ou contre l’Angleterre. Tout comme en arrivant deuxième, en fait. Contrairement à ce qui se peut passer lors d’une Coupe du monde, où terminer premier vous assure, dans la majeure partie des cas, un huitième de finale « tranquille » , la première place n’a ici qu’un enjeu secondaire. Se farcir l’Angleterre, c’est aussi coton que de se farcir la France. Évidemment, si l’un des deux favoris du groupe D fait n’importe quoi, et que c’est la Suède qui se qualifie, là, oui, il vaudra mieux terminer en tête. Mais bon, c’est un discours qui demeure secondaire. La preuve : si on demande aujourd’hui à l’Italie, la Croatie et l’Irlande de signer pour la deuxième place, personne ne snoberait la proposition.
Eric Maggiori