Euro 08 : la Croatie en mal de buteurs !

En 1998, la Croatie, qui vient d’obtenir son indépendance à peine huit ans auparavant, arrive en demi-finale du mondial contre la France. Si Thuram n’avait pas littéralement pris feu ce soir-là, la Croatie aurait certainement affronté le Brésil lors de la finale de Saint-Denis. 10 ans après, tout un pays maudit encore les déboulés des vieux Bleus et s’exaspère depuis de la malédiction qui a frappé son secteur offensif.

Depuis la fin de la génération dorée composée des Stanic, Boban, Asanovic, Prosinecki, Jarni, Boksic et Suker, la Croatie peine ainsi à retrouver le chemin des buts. Et ce n’est pas le pion sur penalty de Modric contre une sélection autrichienne ridicule, qui changera la donne.

Depuis qu’il est devenu secrétaire d’état au Tourisme pour le pays, Davor Suker n’a donc jamais pu être remplacé sur le front de l’attaque croate. En 2004, Dado Prso, l’ancien joueur de Monaco, essaie tant bien que mal de combler le vide laissé par l’ancien Madrilène. Il fait illusion quelque temps, avant finalement de se péter la jambe avec les Glasgow Rangers. En 2003, l’ancien barman des boites de nuit normandes s’était déjà fait ca(re)sser le tibia avec à propos après qu’une malformation lui eut été détectée par le docteur Jaeger. Aujourd’hui, Dado n’a plus le tibia courbé, mais il pèse plus de 100 kilos, et profite pleinement de sa retraite à Rouen.

Heureusement pour Zlatko Krancjar, le prédécesseur de Bilic, il reste toujours Klasnic. A 26 ans, l’ancien remplaçant de Prso se voit enfin confier des responsabilités par le père de Niko. Lui qui ne s’adaptait pas au “système de jeu” de son entraîneur en sélection ne va pourtant jamais goûter aux joies patriotiques avec le maillot rouge et blanc. La faute à une insuffisance rénale qui aura failli mettre fin à sa carrière. La première transplantation échoue ; sa mère, qui lui a gentiment offert son rein, sombre ensuite dans le coma pendant quelques semaines avant finalement de retrouver ses esprits…mauvais karma.

Aujourd’hui Ivan Klasnic est contre toute attente revenu à la compétition après deux ans d’absence. Son nouveau rein s’est parfaitement adapté à son organisme, mais visiblement Bilic n’a pas eu l’air convaincu par le revenant, puisqu’il l’a sagement préservé sur le banc de touche contre les Autrichiens. Une simple question de système de jeu sans doute.

Par ailleurs, la Croatie a cru s’être jouée une “nouvelle fois” de la malédiction du 9, en puisant directement à la source, autrement dit en naturalisant le Brésilien Eduardo. Comble de malchance, transféré pour 25 millions d’euros à Arsenal, le remplaçant de Thierry Henry se fait bousiller le tibia-péroné par le défenseur de Birmingham Martin Taylor, à quelques semaines de l’Euro. Ses compatriotes, Eduardo les regardera par conséquent devant sa télé, mais avec ses deux jambes. Un miracle selon l’éclopé : « Quand je me suis réveillé à l’hôpital, mon médecin m’a avoué qu’ils avaient pensé un temps m’amputer la jambe. Dieu merci, ils ont sauvé ma carrière » .

Séduisante face à des Anglais qu’ils avaient éliminés de l’Euro avant même qu’il n’eut commencé, la Croatie a pourtant déçu lors de son premier match. Les avants centres Olic et Petric n’ont quasiment rien montré (même si Olic a certes provoqué le penalty), si ce n’est un manque de confiance criant qui les a contraints à laisser Modric, nouveau joueur de Tottehnham, tirer le penalty victorieux. Après tout, il ne faut pas appâter le chat noir…

Par Javier Prieto Santos