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Eto’o à Chelsea, coup de génie ou escroquerie ?
Arrivé dans les dernières heures du mercato à Chelsea, Samuel Eto’o (32 printemps au CV) retrouve l’un de ses mentors - José Mourinho. Pour autant, le recrutement de l’homme qui parle de lui à la première personne est-il un bon achat ? En tout cas, ça fait du bien de voir sa ganache de retour dans un club plus conforme à son standing après deux ans d’hibernation au fin fond de la Russie.
Oui, parce qu’Eto’o est une pointure
Qui es-tu, Samuel Eto’o ? Trois Ligues des champions, un championnat d’Espagne, un championnat d’Italie et des caramels à la pelle, le Camerounais est sans doute ce qui s’est fait de mieux sur le marché du numéro 9 moderne depuis vingt ans. Véloce, puissant, technique, adroit, intelligent, égocentrique, Eto’o a longtemps été le joueur offensif parfait. Mais ça, c’était avant sa maladie qui l’a tenu éloigné des terrains sportifs pendant deux ans. Ça, et les 20 millions qu’il touchait annuellement à l’Anji Makhachkala, son mouroir. Bref, revoilà la publicité vivante pour Puma dans un championnat de premier rang. Surtout, le Camerounais retrouve une équipe de premier plan et un entraîneur aussi fou que lui en la personne de José Mourinho. Pour les Blues, c’est tout bénef. L’an dernier, les Londoniens ont passé la saison sans un vrai buteur. Depuis le départ de Didier Drogba, Stamford Birdge est en manque de poids offensif. Fernando Torres, le jouet de Roman Abramovitch, n’avance plus et Demba Ba, débarqué au cœur du dernier mercato hivernal, n’est rien d’autre qu’une doublure. Au final, pour être crédible en Premier League et en Europe, les Blues avaient besoin d’un gros 9. Ils ont essayé Wayne Rooney pendant très longtemps avant de se rabattre sur Eto’o, plus vieux, mais beaucoup moins cher (2,3 millions, uniquement en commissions, mais le deal incluait le transfert de Willian, estimé à 35 bâtons). Sam est donc arrivé. Lui et ses 44 pions en Europe. Le Alain Delon de Nkon peut de nouveau égratigner la planète football. Dorénavant, les télévisions sont là pour admirer l’animal.
Oui, parce le couple Mourinho-Eto’o est fait pour durer
« L’histoire de José et moi, c’était la haine, et c’est devenu l’amour, avec beaucoup de respect. Je me souviens encore de ce match où on s’est vraiment bagarrés. En fin de match, on s’est dit des choses qu’on a regrettées après. Mais ça a toujours été quelqu’un qui a été très franc avec moi, qui a toujours eu le langage que je pense que nous devons tous avoir. Être un homme, être vrai. J’ai toujours apprécié ça. Il est plus qu’un manager. C’est un homme, un vrai homme. C’est vrai que beaucoup de gens ne l’apprécient pas parce qu’il dit beaucoup de vérités, et nous savons tous que dans notre industrie, il y a des choses qu’il faut taire. Mais je parle pratiquement le même langage que José. » Quand le nouvel avant-centre de Chelsea sort sa langue de velours pour lécher José, c’est fait avec classe et brio. Entre les deux hommes, qui n’ont collaboré qu’une seule saison ensemble à l’Inter Milan, le courant est toujours passé. Pour le Portugais, Eto’o a joué latéral droit au Nou Camp en demi-finale de la Ligue des champions. Seul José est capable de gérer une personnalité aussi loufoque que le Camerounais. Un mec barré complet, mais capable de saigner n’importe quel gardien sur un coup de griffe. Sur le papier, ce duo est ultra séduisant. On en salive d’avance.
Non, parce que Samuel a 32 piges et vient d’hiberner pendant deux ans
Quand on joue en 4-2-3-1, il faut une pointe qui envoie du jeu physique, notamment dos au but. Didier Drogba était parfait dans ce rôle. Eto’o, lui, n’est pas forcément à l’aise quand il doit évoluer seul devant avec des stoppeurs britanniques remplis de bière sur le dos. Surtout, Samuel a 32 ans et le poids des années commence à se faire sentir, notamment dans un championnat anglais ultra physique. À l’Anji, Eto’o était au frigo. Il s’ennuyait et nous aussi. Même s’il revient avec une feuille de stats honorable (une trentaine de buts en moins de 80 matchs), sportivement, le Camerounais a régressé. Il n’a plus joué la C1 depuis plus de deux ans et s’est fait oublier dans sa maison de pré-retraite. La remise à niveau risque d’être violente. Et puis Mourinho ne compte pas le ménager. Peu convaincu par ses avants-centres actuels, Eto’o arrive dans la peau du numéro 1. Pas question de se rater.
Non, parce que le type est cinglé
Un mec qui dit tout et son contraire durant sa carrière, qui possède un ego supérieur à celui de Thierry Henry, ce mec-là, on a envie de le voir partir en sucette. Samuel Eto’o, c’est surtout un personnage hors norme. Avec la presse anglaise et la folie du vestiaire dans lequel il a atterri (Cole, Lampard, Mourinho, etc.), Eto’o peut facilement se barrer en sucette. On a très envie d’assister à une conférence de presse OVNI-esque entre l’attaquant et José Mourinho. Un duo capable de dézinguer toute la presse dans la salle et de repartir en free-style, des insultes à la bouche et le sourire aux lèvres. Eto’o, c’est Vinnie Jones dans un corps de footballeur. Ça peut dégoupiller à tout moment. Après tout, José a fondu en larmes dans les bras de Materazzi un soir de mai 2010. Au pire, si la greffe ne prend pas sur le terrain, Eto’o peut très bien se recycler en adjoint cinglé. Putain de doublette !
Par Mathieu Faure