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Éthiopie vert
Non les Éthiopiens ne sont pas bons qu'à mettre des tours d'avance à leurs adversaires sur les pistes d'athlétisme, ils jouent aussi au football. Plus de trente ans après sa dernière participation, l'Éthiopie débarque en Afrique du Sud sans pression. En pleine métamorphose, les Antilopes Walya comptent sur cette CAN pour franchir un palier.
CV Express
14 octobre dernier. L’Addis Abeba Stadium est en feu, les rues de la capitale sont en liesse. À la surprise générale, l’Éthiopie vient d’arracher le scalp du voisin soudanais (5-3 à l’aller ; 2-0 au retour), juste après avoir chopé celui du Bénin, et se qualifie pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations, 31 ans après sa dernière participation. Il aura donc fallu attendre trois longues décennies pour voir les Antilopes Walya oser repointer le bout de leur museau dans la plus grande joute continentale. Pourtant, l’Éthiopie était là dès le commencement. Deuxièmes lors de la première édition en 1957, puis troisièmes deux ans plus tard, les Éthiopiens décrochent leur seul et unique sacre chez eux en 1962, sous les yeux de l’empereur Haïlé Sélassié Ier. Puis à partir de 1982, date de leur dernière participation à la CAN, c’est le black-out. Silence radio. Plus de signal jusqu’en 2011 et le retour de Sewnet Bishaw à la tête de la sélection. Dès lors, l’équipe franchit les étapes une par une pour en arriver là, au beau milieu de ce groupe C, bien au chaud entre la Zambie, le Nigeria et le Burkina Faso. Destinés à se faire croquer par leurs adversaires, les Walya comptent sur cette CAN pour engranger de l’expérience avant de s’attaquer à un autre défi de taille : une première qualification en Coupe du monde.
Pourquoi ils seront la révélation de cette CAN
À chaque édition son lot de surprises. Il y a eu l’Ouganda en 1978, la Zambie en 1994, puis en 2012, cette année ce sera l’Éthiopie. Bien que jeune et surtout inexpérimentée, la sélection de Sewnet Bishaw est en pleine mutation. Les Walya sont actuellement premiers de leur groupe de qualification pour le Mondial brésilien devant la République centrafricaine, l’Afrique du Sud et le Botswana. Bien décidés à continuer leur périple, les Éthiopiens débarquent sur la terre de Mandela sans aucun complexe. Poussée par sa diaspora, l’Éthiopie va réaliser l’impensable : sortir des poules, laissant sur le carreau la Zambie et le Burkina Faso. Le buzz prend petit à petit et les caméras de Téléfoot se rendent même à Addis Abeba « sur les traces de cette nation du football encore inconnue hier, mais tellement sympathique » . En quarts, les Walya se feront finalement piétiner par les Éléphants ivoiriens. « Fin de l’épopée pour les géniales Antilopes éthiopiennes » , conclura Christian Jeanpierre.
Le onze type
Zerihun – Elias, Girma Mekonnen, Hallu Reda, Yared – Bogale, Assefa, Saleh, Girma – Saïd, Ibrahim
Un type à suivre : Adane Girma
C’est l’histoire d’un mec qui jouait d’abord défenseur central ou milieu défensif selon son humeur, qui s’est ensuite reconverti en avant-centre avant de devenir l’un des meilleurs buteurs du championnat éthiopien (23 buts lors du dernier exercice) et de la sélection (7 pions en 32 capes). Et rien que ça, ça vaut bien un petit coup d’œil.
La banane : Saladin Saïd
Auteur du but de la qualification face au Soudan, Saladin Saïd est la star du football éthiopien. Des preuves ? Il est l’un des seuls Walya – ils sont trois au total – à évoluer à l’étranger et surtout, il est le joueur éthiopien le plus cher de l’histoire depuis que le Wadi Degla SC (D1 égyptienne) a osé mettre 240 000 dollars sur la table pour se payer ses services en 2011. Malheureusement pour lui, notre homme n’aura pas vraiment l’occasion de se montrer, le drame de Port-Saïd obligeant les instances égyptiennes à suspendre le championnat. En manque de ballons, le buteur (9 pions en 12 sélections) espérait retrouver la forme grâce aux matchs amicaux. À voir.
Portrait robot
5 % de Lucy. L’Éthiopie ou le point de départ de l’humanité.
5 % des Revenants. La saison 2 a donc lieu en Afrique du Sud.
15 % de Haïlé Sélassié Ier. Dernier empereur du pays de 1931 à 1974 et prophète pour certains végétariens, porteurs de dreadlocks et fans de reggae.
15 % de Haïlé Gebreselassié. L’autre Haïlé, l’autre légende éthiopienne. Un mec qui n’a jamais eu de points de côté de sa vie.
40 % de Saint George SA. 25 fois champion d’Éthiopie et 9 joueurs dans le groupe pour la CAN. La colonne vertébrale de l’équipe.
5 % de Bob Marley.
10 % de café. La base de la culture culinaire éthiopienne.
5 % de reine de Saba. Le gâteau et la légende.
Dicton local
« Un seul morceau de bois donne de la fumée, mais pas de feu. »
La minute zoologie : pourquoi les Antilopes Walya ?
En fait, il semblerait qu’on aurait plutôt affaire aux bouquetins d’Abyssinie (les fameux capra walie de leur nom véritable), cousins du bouquetin des Alpes. Un animal de plus en plus rare, en voie d’extinction même, car il est l’une des cibles préférées des braconniers. Mais que fait Brigitte Bardot ?
La banderole du supporter
« Saladynamite »
L’hymne officieux
Chanteurs sans Frontière – SOS Éthiopie. Quelques années avant l’invention des écouteurs et des casques Beats by Dre.
Bonus : ce superbe gif animé, court mais intense.
Par Thomas Porlon.